PATRICE
AIGNAN
Gers de routes serpentines.
Landes de lignes droites.
Maïs et Folle Blanche pour l’un.
Pins maritimes et canards gras pour l’autre.
Vent coulis sur clochers en girouette.
Et soleil de troisième mi-temps.
Villages.
Tranquilles d’un sommeil paysan.
Douceur.
Et naturaleza d’un vieux pays.
Paseo pascal.
Dans un Sud-ouest de fine bouche.
Et pour un début.
D’agapes taurines.
Aignan.
Pays de Rivière Basse dans la moyenne vallée de l’Adour.
Dans les arènes André Lagoues.
Basses, rouges et blanches.
Sur un piso.
A la souplesse de nerf de bœuf.
Le dimanche matin.
Quatre novillos du Lartet.
Parfaits de comportement.
Pleins de gourmandise.
Mais exigeants.
Comme la confection d’un salmis de palombes.
Pour César Fernández «El Quitos».
Dans une faena comme une «ranchera» au rythme saccadé.
Voracement droitière et frugalement gauchère.
A son premier.
Tué d’une entière.
Donnée comme un coup de fourchette dans un gâteau.
Pour une oreille.
Sans relief d’ortolan.
Et jouée en altibajos à deux mains dans une liesse de banquet sous la halle.
A son second, manso con casta.
Que César occit d’une demi-lame.
En pousse rapière d’oreille de convivialité.
Avec sortie de table.
Sur les épaules des commensaux.
On gardera d’Andoni Verdejo
Son classicisme capoteril au premier.
Quelques tapitas de buen sabor de boca.
Sur la main droite au même.
Un engagement de jeune homme encore enfant.
Pour tuer.
Et une vuelta
De presque Bib Michelin.
En oubliant une impétuosité.
D’excès d’appétence.
A son second.
Qui lui reprocha un défaut d’autorité qui doit prévaloir chez un maître queux.
Et qu’il tua.
En pinceladas de pinchazos et descabellos.
Pour une oreille en floc.
D’entrega et d’application.
Accompagnant parfaitement.
Un exito ganadero.
Aignan, première capitale de l’Armagnac.
Maisons comme en tuffeau.
Dans les arènes André Lagoues.
Basses, rouges et blanches.
Le dimanche après-midi.
Six toros de Pagès-Mailhan.
Le premier de force juste.
Suelto et un peu tardo remplit cependant l’assiette.
De sa noblesse par moments violente à droite.
Et épicée de poivre noir à gauche.
Comme une mise en bouche.
Pour attendre la suite.
David le dégusta restant sur le voyage.
Avec la délicatesse détachée d’un señorito devant un buffet de communion.
Et le tua.
De la même façon.
Beau le second, la tête dans le capote comme un dimanche à la campagne.
Sa justesse de force à l’équidé n’exempt pas la race.
Noble, il sert à droite en un recorrido à la suavité piquante.
Et à gauche ne demande qu’à rompre.
Dorian essaya de l’accommoder.
A la façon d’un élève de première année de l’école Ferrandi.
Se fit accrocher.
Comme un brochet à jeun.
Et le tua.
Comme l’aurait fait un commis de cuisine.
Le troisième est un pois chiche noir.
Un abanto qui se déplace mal.
Peu piqué.
Il vient molesto et court de charge.
Un rôti à la DLC périmée.
Qu’Isaac laissa trop longtemps au four.
Et qu’il tua
En un service de cantine.
Le quatrième va à la cape.
Comme un Bas Armagnac qui mépriserait le châtiment des lanciers.
Sa tendance à chercher les planches.
N’enlève rien à son onctuosité.
David le but classiquement en naturelles de face.
Avec une finesse presque maniérée sans un accroc dans sa muleta.
Et le tua comme il se doit.
D’une entière.
Le cinquième, fort de tête, un peu à la maille.
Se défend comme un sanglier au cheval.
Sa noblesse répétitive à droite.
Se fâche lorsqu’elle accroche le leurre.
A gauche c’est par le bas
Que s’exhalent les saveurs.
Là où Dorian le comprit
Le mieux.
Pour en servir quelques-unes.
Qui permettent d’espérer.
Et le tua.
D’une épée mitonnée comme un civet.
Le dernier est un morceau de choix en trapío, armure et race.
Rien à jeter, même pas les parures.
Un monument.
De caste et de noblesse.
Un toro de bandera.
Un toro con un cortijo en cada pitón.
Faisant honneur.
A la rama Fuente Ymbro de l’origine.
Isaac l’apprêta.
Comme un birria de bœuf servi un jour de fête à Morelia.
Le toréa.
Comme un mort de faim.
Et le tua.
Comme un guérillero d’Emiliano Zapata.
Sa jeunesse gloutonne lui faisant oublier l’élégance.
D’associer le ganadero au festin.
Pour le remercier de la qualité de sa livraison.
De ce beau dimanche de Pâques à Aignan.
Datos
Aignan : Dimanche de Pâques.
Matinal :
Quatre erales du Lartet bien présentés, intéressants et exigeants pour le torero.
César Fernández « El Quitos »: une oreille, une oreille.
Andoni Verdejo : vuelta, une oreille.
Le prix des Organisateurs du Sud-ouest a été partagé entre les deux novilleros.
L’Union des Clubs Taurins de France a remis une muleta à « El Quitos », triomphateur de la matinale.
Salut du ganadero.
Vespertina :
Six toros de Pagès-Mailhan, excellente présentation, lourds, avec de la tête, encastés, et maniables à l’exception du troisième ; réservé le premier, excellent le deuxième, compliqué le troisième, bons les quatrième et cinquième, supérieur le sixième.
David Galván : salut, une oreille (un avis)
Dorian Canton : silence (deux avis), une oreille.
Isaac Fonseca : silence, deux oreilles.
Patrice Quiot