PATRICE
Ils s’appellent
Christian, Manuel, Solal.
Marco, Diego, Tristan ou Lalo.
Beaucoup n’ont pas vingt ans.
Les autres guère plus.
L’âge de tous les possibles.
L’âge.
Où Rimbaud
Publiait «Saison en enfer».
Comme lui.
Ils.
Ont choisi leur destin.
Celui
De la passion.
En suspens.
Qui leur fait.
Oublier.
La mise en péril de leurs corps lisses.
Pour aller.
Mus par une émotion.
Si difficile à dire.
Et transportés comme « le train de l’écrit.
Qui passe par votre corps.
Et le traverse ».
Vers des horizons.
De triomphe.
De fin d’après-midi.
Le toreo.
Illumine.
Leurs vies.
Le toro.
Hante.
Leurs rêves.
Ils boivent.
Le plaisir de leur jeunesse
A sa source.
Dans des timbales d’argent.
Qu’on leur présente.
Avec déférence.
Tous ont déjà connu.
L’échec.
Et la gloire.
Et en tirent.
Des leçons.
Qui ne sont pas celles de la maternelle.
Leurs visages sont graves.
Leurs yeux en lumière.
Et leurs gestes splendides.
Altière.
Leur prestance.
Respecte à la lettre les codes.
Vestidos.
De calle.
Ils sont encore en luces.
Leurs noms.
Commencent.
A sonner.
Et s’affichent.
En majuscules.
Sur les murs de chaux.
Mais ils veulent.
Aller plus loin.
Encore.
N’ayant cure.
De.
L’insignifiance.
Ils ont.
L’ambition.
Des princes.
Et celle.
De
Changer le monde.
Peu celui des hommes.
Beaucoup.
Celui des toros.
En leur donnant des passes.
Avant.
De les tuer.
« Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal »
Ecrivait Arthur.
Beaucoup.
N’ont pas vingt ans.
Les autres guère plus.
Ils s’appellent
Christian, Manuel, Solal.
Marco, Diego, Tristan ou Lalo.
Et pour eux jeunes gens.
Cueillant.
Des bleuets dans les blés.
L’été sera.
Plein de soleil.
Et de fleurs.
Patrice Quiot