VIC
Une des plus belles entrées de la feria. Soleil et chaleur une partie de la course. Deux heures trente de spectacle pour ce mano a mano. Sept toros de Rehuelga, le sixième changé par un sobrero du même fer. Tous excellemment présentés, en gabarit et armure. Tous deux piques prises avec une grande bravoure. Parfois difficiles à la muleta.
Nouvelle : Blessé hier, le torero Morenito de Aranda opéré à Toulouse a pu regagner l’Espagne après une grande frayeur.
Président, Philippe Lalanne, assesseurs, Jean-Michel Lattes et Guy Bournac.
Domingo López Chaves (bleu marine et or), au premier, une entière, salut ; au troisième, trois pinchazos, une demi-lame, deux descabellos, avis, silence ; au cinquième, une demie-lame, salut au centre et grande ovation.
Daniel Luque (rioja et or), au deuxième, une entière, une oreille ; au quatrième, un pinchazo, une entière, avis, vuelta ; au dernier deux pinchazos, une entière, avis, silence.
Saluts : Tous les banderilleros de la cuadrilla de Daniel Luque ont salué.
Le dernier acte de la feria de Vic a été un agréable mélange de toros et de technique tauromachique. Un mano a mano très attendu avec de grands moments d’émotions pour la dernière corrida à Vic de Domingo López Chaves qui quitte l’arène après vingt-cinq ans de présence. Il faisait hier son quatorzième et dernier paseo en Gascogne. Très applaudi à son entrée en piste, encore plus ovationné en quittant la piste, Domingo aurait pu espérer un meilleur résultat. Mais les toros de Rehuelga, admirablement présenté manquaient un peu de moral pour lui permettre un succès.
Toutefois, on a vu un grand torero avec son premier adversaire. Après quelques passes de châtiment, il parvenait dans un répertoire où ses longues et harmonieuses séries lui permettaient d’obtenir une domination parfaite. Il s’était exprimé sur les deux mains. Son épée atteignit le toro comme un éclair. Ce fut un premier salut qui malheureusement n’allait appeler aucune suite dans le domaine des trophées. Par la suite, on retiendra de belles naturelles mais qui ne lui permirent pas d’asseoir sa domination. Il termina avec un adversaire « andarin ». Avec lui, il ne trouva jamais le bon sitio, essayant encore la main gauche qui s’avéra impuissante. Il recueillit une immense ovation à l’occasion de son salut au centre de la piste. Domingo aurait mérité mieux, toutefois le public lui réserva un grand adieu à la fin de la course.
Daniel Luque fut aussi immense par moment. Notamment lors de sa première sortie. Il faisait progressivement monter la pression, toujours plus présent face aux cornes de l’adversaire. C’est le Luque virevoltant, véritable lutin qui trompe le toro par se pechos, met fin à une situation compliquée par une immense trinchera… Un prince de la tauromachie qui cloue une épée fulgurante. Lui a-t-on volé une deuxième oreille, la discussion pourrait s’éterniser, mais nous sommes face à un très grand.
Il rencontrera ensuite Barquero qui a de la bravoure à revendre. Il s’est élancé deux fois, traversant toute la piste contre la cavalerie. Mais maintenant, il refuse la noblesse… Progressivement, Luque va le contraindre, l’inventer pour lui servir une faena dans un minuscule terrain… La mise à mort le prive d’un grand succès. Au cours de sa vuelta, il saluera le mayoral Javier Vallero Sánchez. A la fin, on retrouvera Luque l’élégant qui brindera son toro à Domingo López Chaves. Mais la faena ne sera pas à la hauteur de ses espérances.
Une belle journée pour terminer la feria, avec des toros et deux grands techniciens de la tauromachie.
Jean-Michel Dussol