PATRICE
Fenêtre.
Sur rue Notre-Dame.
Café.
Ciel bleu.
Un peu de gris.
Aussi.
J’y lis
Une fin.
Duchon.
Y perfume.
A Ste Perpétue.
A 1450 km d’Almonte.
Calèches, caballos y bailadoras.
Pour la messe nîmoise du Rocío.
Un peu mimée.
Je n’y retrouve pas l’inaccessibilité de la Divina Pastora.
Que dit.
Le tiento.
«Que tenga rejas de bronce.
Te voy a meter en un convento.
Pa que la gente no te vea.
Ni la carita te roce».
Et le « Salve rociera » chanté.
Dans le bruit des valises à roulette camino de la gare.
A cheval, Léa descend.
Le Victor Hugo.
Et à l’Atria, les filles de la réception.
Encaissent les premières factures.
Un parfum.
M’entoure.
Gary nous parle.
D’une sonate de Bach qu’il aimerait jouer.
Sur son Niccolò Amati de 1662.
Quand torée Morante.
Il aime aussi.
La verticalité d’Alejandro.
Il est.
La délicatesse même.
Il est.
Comme il joue.
Demain, il sera à Tokyo.
A Ankara ou à Philadelphie.
On se reverra.
En septembre.
Au «Latino », Jeannot.
Me parle du Bhoutan.
Mais aussi de ses parents, de ses sœurs.
Et du Bd Talabot de Patrick Mitjana.
Il me montre des photos des sommets de l’Himalaya.
Qui me font penser aux toros de Robert.
Le voisin mange une rouille de seiches.
Et Carole me sert un blanc limé.
3289 pas.
Dit le podomètre.
Cajero automático.
Y metálico.
Je marche.
Au rythme lent de mon cœur.
Je pense à ma fille.
Qui est encore mieux que tout le bon que pour elle je pouvais imaginer.
« Chez Nicolas ».
Alain nous traite avec le menu «Saveurs».
Le ciel
Devint gris
Et d’un coup.
Vint la pluie.
La pluie de Dámaso Gómez à Nîmes en 1969.
La pluie d’Antonio José Galán le 14 juillet 1973 à Pamplona, face à un toro de Miura.
La pluie de la puerta gayola de Padilla avec le toro de Partido de Resina à Arles en 2000.
La pluie des deux oreilles et de la queue du Juli à Nîmes devant le Torrealta le 25 mai 2001.
Mon petit frère nous rejoignit.
En gentillesse et tee-shirt trempé.
Le parfum.
Était vêtu de cuir.
Et il pleut.
A fond.
La corrida.
Est suspendida.
Simon ainsi.
En a décidé.
Sur le Bd de la Libération.
Les marchands de brimborions.
Plient.
Leurs étals métalliques.
Et, tout à côté, le 24 de la rue Fénelon.
Avec au fond du jardin un figuier qui poussait dans le vieux mur.
Pour l’éternité.
La fin d’après-midi.
Confine à l’inutile.
Ce lundi soir quand le soleil pâle descendait vers St Césaire et Caveirac.
Je savais que tout était fini.
A la nuit tombée.
Nous dînâmes d’huîtres.
Et chez Pablo Romero, derniers moments volés au temps et à la fatigue.
Je leur dis au revoir.
Quatre jours entiers.
Des morceaux de nuit, des déchirures.
Des lambeaux d’affection grappillée au hasard de la tendresse.
Belleza du toro et splendeur du toreo.
Et puis les amis, le bruit, la fatigue.
Le volume léger des formes de ma ville.
Et la vie qui passe.
Vite, comme un train d’arrastre.
7865 pas.
Dit le podomètre.
Je dormis.
Dans le clap de fin.
De ma cinquante cinquième Feria de Nîmes traduite.
En mots éponge.
Patrice Quiot