« En été 2004, les associations de défense des animaux réclament l’abolition des courses de taureaux à la portugaise car durant la première partie du spectacle, des cavaliers plantent régulièrement des banderilles (farpas) dans l’encolure de l’animal dont le dos se couvre peu à peu de sang. A l’inverse de l’Espagne où le taureau est mis à mort par un matador à la pointe de l’épée, au Portugal la tourada s’achève sur la charge d’un groupe de forcados qui se ruent sur l’animal pour l’immobiliser à mains nues. Le taureau est alors entraîné par un groupe de vaches en dehors de l’arène où il est ensuite tué hors de la vue des aficionados. Selon les sondages, la majorité des Portugais ne se considèrent pas comme des amateurs de tauromachie : les aficionados se recrutent surtout parmi les plus de 60 ans et les jeunes étudiants sont les plus hostiles aux spectacles de tauromachie.
 
L’article 521-1 du Code Pénal (version en vigueur au 6 octobre 2006) stipule :
« Le fait, publiquement ou non, d’exercer des sévices graves, ou de nature sexuelle, ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30.000 euros d’amende [.]
Les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée. Elles ne sont pas non plus applicables aux combats de coqs dans les localités où une tradition ininterrompue peut être établie.
Est punie des peines prévues au premier alinéa toute création d’un nouveau gallodrome. »
 
Le 28 juillet 2010, les députés du parlement régional de Catalogne (Espagne) votent, par 68 voix pour et 55 contre, l’interdiction des corridas, à partir du 1er janvier 2012.
Le 20 octobre 2016, la Cour constitutionnelle espagnole annule l’interdiction des corridas en vigueur depuis quatre ans en Catalogne ; elle estime qu’il s’agit d’une mesure prohibitive que les régions n’ont pas le droit de prendre. Mais dans les faits, les corridas ne sont plus organisées dans cette région ni aux Baléares et aux Canaries.
 
Le 22 avril 2011, la tauromachie est inscrite sur la liste du Patrimoine culturel immatériel français : la France devient le premier pays taurin au monde à effectuer cette démarche. Le ministère de la Culture souligne que sa décision n’implique aucune forme de protection, de promotion particulière ou de cautionnement moral et ne vise pas à proposer la tauromachie à l’inscription au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.
 
La loi du 16 février 2015 (art. 2) consacre désormais, dans le Code civil, une disposition à part entière concernant l’animal, en son nouvel article 515-14 : « Les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité. Sous réserve des lois qui les protègent, les animaux sont soumis au régime des biens. »
Le 1er juin 2015, la Cour administrative d’appel de Paris arrête : la décision d’inscrire la corrida à l’inventaire du patrimoine immatériel de la France doit être regardée comme ayant été abrogée par le ministère de la Culture.
 
Le 27 juillet 2016, le Conseil d’État a clos l’affaire en rejetant le pourvoi formé par deux associations pro-corrida.
 
Le 21 septembre 2012 (Décision n° 2012-271 QPC), le Conseil constitutionnel, saisi d’une question prioritaire de constitutionnalité posée par l’association Comité radicalement anti-corrida Europe et l’association Droits des animaux, décide que la première phrase du septième alinéa de l’article 521-1 du code pénal (« Les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée », ndlr) est conforme à la Constitution.
 
En juin 2015, à Majorque aux Baléares, la municipalité de Palma s’est déclarée anti-taurine et opposée à la perpétuation de corridas.
 
Le 24 juillet 2017, le Parlement régional de l’archipel des Baléares (Espagne) vote un texte permettant aux toreros de toréer trois bêtes pour une durée maximum de dix minutes par animal, seulement munis de leur cape, et sans aucun instrument pointu susceptible de produire des blessures et/ou la mort du taureau ; il oblige également les toreros et les bêtes à se soumettre à des contrôles antidopage avant et après le spectacle, et relève à 18 ans l’âge minimum pour y assister.
 
Dans l’est de la Chine, des professionnels des arts martiaux pratiquent une forme originale de tauromachie sans mise à mort, un sport traditionnel de l’ethnie musulmane Hui : ils mettent à terre des taureaux musculeux uniquement à l’aide de leurs mains.
 
Dans la petite ville de Turlock, au cœur de la Californie rurale, des dizaines de milliers d’Américains d’origine portugaise sont établis depuis des décennies et continuent à faire vivre leurs traditions, au premier rang desquelles la corrida, sans aucune effusion de sang, loi californienne oblige. La banderille équipée d’un velcro vient juste s’accrocher sur un coussin fixé au dos du taureau. Les “forcados”, qui vont toujours par équipe de huit hommes, tous amateurs, sont chargés d’immobiliser à mains nues le taureau, lui administrant ainsi symboliquement la mort, car, contrairement à la corrida espagnole, l’animal n’est jamais tué dans l’arène.
 
Le 29 octobre 2022, à Lima, des centaines de Péruviens font leur retour aux arènes d’Acho, les plus anciennes d’Amérique latine, pour assister à la corrida du “Seigneur des Miracles”, qui rouvre ses portes deux ans après le début de la pandémie de Covid-19. »
 
Sources : compilhistoire/Petite histoire de la tauromachie
 
Patrice Quiot