PATRICE
Du haut de l’Everest.
Je les ai vus.
En file indienne sur la neige de Tintin
Une camada de yétis avançait.
Des hommes
Redevenus singes.
Des animaux.
Qui n’en sont pas.
Une interrogation.
Sur une origine.
Qui
Remonte aux fossiles du gigantopithèque.
Leurs bouches
Respiraient un air raréfié.
Haletaient.
De la glace.
Et buvaient l’eau.
De l’Indus et du Brahmapoutre.
Leurs bras.
Défiaient le Makalu.
Leurs mentons.
Le Lhotse.
Leurs yeux
Regardaient le Tibet.
Et leurs jambes.
Marchaient dans les pas d’Edmund Hillary.
Immenses.
Ils étaient.
Leur pelage roux.
Presque de la couleur de Vishnu.
Disait.
La race des indomptables.
Et je savais que leur bravoure.
Ne connaissait pas de limite.
Ils avaient effrayé.
Les vautours et les perdrix choukar.
Nargué.
Les rhinocéros laineux.
Et tué.
Des millions de panthères des neiges.
Metoh-Kangmi.
Les nommaient avec effroi les sherpas.
Ils marchaient le jour.
Et hurlaient la nuit.
Quand pour se nourrir ils excavaient.
Des carcasses d’aurochs.
Ils aimaient la liberté.
Des sommets.
Les reflets bleus.
Du Nanga Parbat.
Et l’odeur.
De la balsamine de l’Himalaya.
On raconte que seul Gengis Khan.
Les avait affrontés.
Et que le détail de sa faena.
Est conservé dans les archives secrètes du monastère de La Rabida.
Du haut de l’Everest.
Je les ai vus.
Et Immenses.
Ils étaient.
Mais leur destinée.
N’est pas encore totalement accomplie.
Car même s’ils n’entreront jamais.
Dans les camions de Porrita.
Ils rêvent.
De cornes à leurs fronts.
Et de tête.
Baissée
Dans un souffle.
Terrible.
Pour braver.
Un adversaire à leur mesure.
Et le combattre.
Dans des élans brutaux.
Sur le ruedo.
Des névés.
On raconte.
Qu’ils s’y préparent en secret.
Dans les cavernes du Kailash.
La montagne de cristal.
Et s’essayent à la chose.
Les soirs de pleine lune.
Sur les conseils
De Bhaïrab le dieu terrifiant.
Et de Ganesh.
A la tête d’éléphant.
On raconte aussi
Que José Antonio Morante Camacho.
Caresse le projet.
D’en estoquer six.
Sur le coup.
Des six heures.
Un día.
De alumbrao.
Patrice Quiot