PATRICE
Gratter l’écriture.
Jusqu’à l’os.
La dépouiller.
De sa graisse, de ses viscères.
De ses muscles.
De ses tendons.
De tout ce qui pèse.
Et l’alourdit de déchets inutiles.
Gratter.
Pour faire apparaître son squelette.
La structure.
De sa réalité.
La splendeur.
De son dépouillement.
Blanc.
Et sec.
L’écriture.
Comme une ascèse de l’écorché.
« Il nous faut peu de mots.
Pour exprimer l’essentiel » disait Eluard.
Le toreo.
Se devrait de faire de même.
Se débarrasser.
De l’inutile.
En gardant.
L’essentiel.
Qui est.
Sa charpente.
Véroniques.
Et sa demie.
Cinq des premières en allant au centre.
Et la seconde quand on y est.
Dans une odeur.
De camphre.
Derechazos.
Naturelles.
Vingt.
En tout.
De face.
Et une passe de poitrine.
Dans la règle.
D’un égarement.
Rien de plus.
Nada más.
Le Viti.
En plus mortifié.
Camino.
Dans le longiligne.
Dámaso.
Dans la terre des sépulcres.
José Mari one.
Avec l’épure qu’il a transmise au two.
Ojeda.
Sans le labyrinthe cyclonique.
Alejandro.
Comme synthèse.
Et un espadazo.
Orteguista.
Pour simplement.
Tuer.
Squelette.
Essentiel du toreo véritable.
Qui montre.
Au toro qui est le maître.
Et lui dit.
Qu’il l’est.
Dans une odeur.
D’éther.
Adornos.
Peut-être.
Mais six.
Ou sept.
Deux de Morante.
Comme des vertèbres de mica.
Un sombre de Rafael.
Un autre presque fébrile de Curro.
Deux du desgarro.
D’Emilio.
Et l’ultime.
Qui débute avec Joselito et se termine avec son frère.
En autant.
D’émaciations cristallines.
Squelette.
De la vraie élégance.
Qui apprend au noir.
Ce qu’est la grâce.
Et le renvoie.
A son statut d’animal.
Dans l’odeur.
De grésil qui lui convient.
Le reste.
Des broderies sur le vide.
Peu.
Ou pas grand-chose.
Un corps.
Exempt du sentiment.
Un toreo.
De catafalque et de tentures.
De goupillon.
De chasuble et de mitre.
Un empilage.
Boursouflé de faux sacré.
A l’odeur.
Fade de l’encens.
Un excès de forme.
Habillé d’or.
Une absence de sens.
Exposée dans une chasse.
Loin de la vérité osseuse.
Du crâne de Yorick.
Patrice Quiot