Courir devant les toros qui vont être combattus l’après-midi comporte un risque.
 
Depuis 1924, date de la première victime documentée de l’histoire, 15 coureurs sont morts, treize de coups de corne et les deux autres, suite aux coups reçus ou piétinés.
 
Les statistiques montrent que les morts se produisent sur tous les tronçons du parcours :
 
2 à Santo Domingo, 2 Plaza del Ayuntamiento, 1 à Mercaderes, 1 rue Estafeta, 5 dans la zone de Telefónica-callejón et 4 dans l’arène.
 
Il faut cependant admettre que l’on est paradoxalement plus «sûr» en pleine course qu’à l’arrêt sur les côtés, puisque onze des tués étaient arrêtés ou tombés.
 
Outre les décès, l’encierro provoque également de nombreux blessés. On estime qu’un coureur sur 70 s’en sort avec des blessures légères, qui n’exigent pas d’hospitalisation – contusions, érosions, entorses, etc. ; 1 sur 800 reçoit des coups et est atteint de traumatismes sérieux à la tête principalement qui impliquent son évacuation à l’hôpital ; 1 coureur sur 2.500 est encorné et 1 sur 100.000 meurt.
 
Autrement dit, et pour démystifier la sombre légende qui entoure l’encierro, il faut signaler que 95% des blessures sont légères et que 90% de ces blessures sont causées par les coureurs eux-mêmes, sans l’intervention des toros ou des cabestros.
 
Inutile de dire que se laisser poursuivre par six toros de combat et huit bœufs dans une rue étroite bondée de gens est certes très dangereux. On ne peut cependant que constater que le nombre de morts et de blessés est bien inférieur à ce que l’on pourrait imaginer en toute logique.
 
Ces 100 dernières années, 5.000 taureaux ont couru durant 50 heures dans les rues de Pampelune, soit une distance totale de 650 kilomètres, entourés d’un million de personnes. Or, le bilan de morts et de blessés est objectivement peu élevé.
 
Le parcours de l’encierro de Pampelune, de 850 mètres de long, suit le tortueux tracé médiéval du Vieux Quartier de la ville. L’urbanisme complexe de cette zone de Pampelune, fruit de plusieurs siècles de constructions diverses, fait que le trajet de la course arpente des rues escarpées, comporte des virages à angle droit, emprunte d’étroites et sombres ruelles, descende des pentes et pénètre dans un tunnel sous les gradins des arènes. Un parcours varié et spectaculaire, qui semble avoir été tout spécialement conçu pour la course, mais qui, loin de là, est tout simplement dû à l’emplacement des anciens remparts, des portes médiévales de la ville et des arènes.
 
Santo Domingo
 
280 mètres. Pente abrupte de jusqu’à 10% de dénivellement, en partie coincée entre de hauts murs de pierre et premier tronçon de l’encierro. Les toros sortent de l’enclos situé dans l’un des anciens bastions de la citadelle. C’est l’endroit où ils courent le plus vite.
 
Plaza del Ayuntamiento-Mercaderes
 
Deuxième tronçon, sur terrain plat et plus lumineux que le précédent, de 100 mètres de long et 9 mètres de large. Les toros et bœufs, encore très rapides, doivent tourner légèrement à gauche, au début de la rue Mercaderes.
 
Estafeta
 
La rue la plus célèbre de l’encierro, longue de 300 mètres, sombre et légèrement ascendante (2% de dénivellement). Le début est spectaculaire, avec un virage à droite de 90º, ce qui provoque le dérapage des toros qui, emportés par la force centrifuge, heurtent la palissade, tombent et se dispersent.
 
Telefónica-callejón-Plaza de toros
 
Dernier tronçon le plus lumineux et le seul en légère pente descendante. Les toros, fatigués, ralentissent leur course. Ce tronçon, de 120 mètres de long et 9 mètres de large au début, se termine en entonnoir pour s’engouffrer dans les 3,5 mètres du callejón de 25 mètres de long, qui s’étend sous les gradins et débouche sur les 50 derniers mètres du sable de l’arène.
 
Certaines courses de Sanfermines se sont toutefois distinguées de ce que l’on pourrait appeler l’encierro standard.
 
Deux encierros se partagent le même record de personnes encornées : Le 12 juillet 2004 et le 12 juillet 2007, où les toros des élevages de Jandilla et Marqués de Domecq, respectivement, ont blessé huit coureurs dans chaque cas.
 
Par ailleurs, le dimanche 9 juillet 1994, est le jour où la Croix Rouge a dû s’occuper du plus grand nombre de coureurs, poursuivis par les toros de l’élevage de Miura : 107 au total, mais aucun blessé grave.
 
Par contre, le 19 septembre 1992 – en plein « Sanfermín txiki » -, à peine 3 personnes ont dû faire l’objet de soins médicaux et pour des blessures très légères.
 
Il faut mentionner également l’encierro des toros de Miura de 1959, le plus long de l’histoire, qui s’est prolongé durant une demi-heure, à cause d’un toro qui, une fois dans l’arène, refusait de rejoindre son chiquero. Il fallut faire appel à un chien de berger, qui fut acclamé par le public et porté en triomphe.
 
Quant au toro le plus rapide qui a couru à Pampelune, il s’appelait « Huraño », il pesait 600 kilos et il appartenait à l’élevage de Jandilla. Le 11 juillet 1997, devançant largement le reste du troupeau, il lui fallut à peine 1’45’’ pour couvrir les 850 mètres du parcours.
 
Deux autres encierros sont tristement célèbres : Celui du 13 juillet 1980 et celui du 10 juillet 1947, qui ont enregistré, dans chaque cas, deux décès le même jour, provoqués par un même toro. Le premier, appelé «Antioquio», de l’élevage de Guardiola, provoqua la mort d’un jeune sur la Place de l’Hôtel de Ville et d’un autre dans l’arène. Le deuxième, qui s’appelait «Semillero», de l’élevage de Murube, causa la mort d’un coureur dans la rue Estafeta et d’un autre dans l’arène.
 
Parmi les curiosités et anecdotes, on peut citer l’incident provoqué le 8 juillet 1995, lorsqu’un Miura, une fois l’encierro achevé, s’échappa des arènes et dévala la rue en sens inverse.
 
Et un autre toro, de Cebada Gago, fit de même le 12 juillet 1988 et se mit à courir en sens inverse toute la Cuesta de Santo Domingo jusqu’aux corrales d’où il était sorti.
 
D’autres encierros singuliers sont notamment celui de 2003, où un toro encorna sur une distance de moins de 20 mètres, un père et un fils, comme conséquence d’un entassement de coureurs tombés au sol, obstruant complètement la rue Estafeta.
 
Ou encore celui de 1940, où un toro ouvrit une brèche dans la palissade de Telefónica et s’échappa, après avoir encorné une spectatrice.
 
D’autres toros se sont également échappés et sont tombés dans le fleuve, durant les encierrillos de 1915, 1922 et 1957.
 
Et plus curieux encore, entre 1904 et 1932, il fallut procéder, à huit reprises, à un double encierro – une deuxième course – une demi-heure après l’encierro normal, car, les huit fois, les toros refusèrent de quitter les corrales de Santo Domingo à l’heure prévue par la tradition.
 
Sources : sanfermines.net/
 
Datos 
 
L’encierro a lieu tous les matins du 7 juillet au 14 juillet à 8 heures.
 
Il s’agit du trajet effectué depuis les corrales jusqu’aux arènes par les toros qui seront combattus l’après-midi. Le parcours est immuable, et mesure un peu plus de 800 mètres dans les rues du centre.
 
La veille, les toros auront déjà été transférés depuis les Corrales del Gas  vers ceux de Santo Domingo, légèrement en contrebas de la ville haute. Cet encierrillo a lieu à 23 heures, sans coureurs, uniquement en présence des vaqueros.
 
L’encierro est toujours précédé de la prière à San Fermín, récitée au début du parcours, dans la Cuesta de Santo Domingo, devant une statue du saint entourée des foulards des seize peñas de la ville :
 
« A San Fermín pedimos, por ser nuestro patrón, 
Nos guíe en el encierro, dándonos su bendición…
Viva ! Gora ! »
 
Depuis 2009, à la demande des coureurs, la même bénédiction est chantée en basque :
 
« Entzun arren San Fermín, zu zaitugu patroi, zuzendu gure oinarrak, entzierru hontan otoi.  »
 
Cette prière est chantée à 7 heures 55, 7 heures 57 et 7 heures 59.
 
À 8 heures, au coup de pétard, les portes des corrales s’ouvrent, permettant aux toros et aux cabestros de sortir et de se lancer dans une course à travers la Côte de Santo Domingo, la Plaza del Ayuntamiento, la Calle Mercaderes, la Calle Estafeta, Telefónica et enfin les arènes.
 
L’auteur américain Ernest Hemingway, a souvent évoqué ces courses dans son œuvre. Dans un article publié dans le magazine Parole(s), le reporter William Buzy parle d’une « course avec la mort », et évoque Daniel Jimeno Romero, tué dans un encierro en 2009.
 
Patrice Quiot