MADRID
Corrida imposante, dure, bien souvent âpre de Robert Margé qui se présentait à Madrid, ce qui est un événement pour la tauromachie française. Mais au-delà de l’éphéméride, il y eut la prestation des trois toreros : trois jeunes matadors avec peu de contrats et qui ont surpris l’aficion madrilène. Il n’y eut pas d’oreilles, mais tous les trois ont marqué les esprits.
Personnellement, j’ai été subjugué par le toreo de Borja Jiménez, son énorme classe et son classicisme. Que ce soit à la cape ou à la muleta. Ses chicuelinas à savourer longuement, ses demies à n’en plus finir. Et à la muleta ses passes avaient de la profondeur, de la rondeur, du corps, aussi bien de la main droite que de la gauche. Devant son premier, un Margé réticent à charger et qui est allé « a menos », il a prouvé sa capacité, son « dominio », intercalant parfois des passes dignes d’une affiche, comme de fabuleuses trincheras. Mais il ne l’a pas tué. Au quatrième, un toro avec du moteur, il a su en profiter avec un début génuflexe d’une torería enivrante, avant de lui endosser deux séries de passes de la main droite exaltantes et sans discontinuité. On pressentait un triomphe majeur. Mais le toro n’a pas suivi, la faena a un peu décliné malgré des manoletinas finales très engagées. L’épée tomba un peu basse, il prit le descabello et malgré un avis Borja Jiménez fit un tour de piste. Il avait déjà interpellé à Pampelune, il a confirmé à Madrid, il faudra le suivre de très près et surtout qu’on nous permette de le voir.
Francisco José Espada avait fait une belle impression à la San Isidro où on lui avait même demandé l’oreille qui n’avait pas été accordée. Le torero de Fuenlabrada a de nouveau fait preuve de courage, d’entrega», de sitio et d’un bon concept. Son premier, distrait, donnait des coups de tête inopinés et il ne s’est jamais démonté. Même quand le toro a voulu s’en aller, il l’a gardé dans sa muleta jusqu’à la fin. Il ne l’a pas tué, sinon il aurait peut-être coupé. Le cinquième fut sans doute le toro de cette corrida de Margé. Imposant de présentation, un « tio » à faire frémir avec ses cornes acérées, même s’il ne fut pas très piqué, comme l’ensemble de la course, il chargeait avec fierté et hargne. Surtout quand on l’appelait de loin. Faena vibrante, en particulier lors des premières séries, bien enchaînées, mais dont l’intensité diminua dans le toreo de proximité, qui ne lui convenait peut-être pas. Le jeune matador voulut conclure avec des bernadinas, mais le toro l’attrapa à la première d’entre elles puis le souleva dans les airs de façon effrayante. Ce fut Borja Jiménez qui l’acheva d’une estocade efficace.
José Francisco Molina confirmait à Madrid, c’est un matador qui a très peu toréé mais qui affiche beaucoup de qualités. En le voyant, et ce malgré les difficultés, on oublia son manque d’expérience : il a un courage indéniable, il rectifie rarement et surtout il dessine les passes avec un tracé de toreo de haut vol. Devant son premier, plus incertain et face au dernier, plus fade. Il avait une lésion à la main gauche, mais cela ne s’est pas vu dans l’arène. Il faut dire que les trois toreros d’aujourd’hui ont tout donné. La « Verdad », mot parfois si galvaudé, n’a pas quitté l’arène et Francisco José Espada en a payé le tribut du sang.
Madrid. 16 juillet 2023. Un quart d’arènes. 6 toros de Robert Margé, très bien présentés, très armés, au comportement divers, les plus notables étant le quatrième et surtout le cinquième, « Picasso » de nom.
Borja Jiménez : ovation et tour de piste.
Francisco José Espada ; tour de piste après pétition et blessé.
José Fernando Molina : silence après deux avis et silence.
Robert Margé a acquis l’ancienneté à Madrid à la date de ce 16 juillet 2023, son premier toro s’appelait « Lelée ». José Fernando Molina confirmait son alternative.
Francisco José Espada a été gravement blessé au cinquième, souffrant d’un coup de corne avec deux trajectoires de 15 et 20 cm.
Photo du haut : Picasso, toro encasté de Margé.
(Corridasi – Antonio Arévalo)
Résumé vidéo :
https://www.las-ventas.com/actualidad/en-video-el-resumen-de-la-corrida-de-toros-de-el-domingo
CÉRET
Avec Feria TV, résumé de la corrida de Saltillo avec l’unique oreille pour Damián Castaño.
https://feria.tv/video/4296/ceret-corrida-serieuse-de-saltillo-et-une-oreille-pour-damian-castano/
Résumé de la novillada de Saltillo :
https://feria.tv/video/4297/ceret-novillada-de-los-manos/
Pour la clôture, corrida accidentée de José Escolar, avec cornada pour Álvaro de la Calle et un Gómez del Pilar affichant sa bonne condition…
https://feria.tv/video/4298/ceret-gomez-del-pilar-simpose-cornada-dalvaro-de-la-calle/
(Reportages : Agnès Peronnet)
LUNEL
Avec le ganadero…
Avec Feria TV, le résumé vidéo de la corrida de Lunel qui a connu son apothéose avec le faenón d’Alejandro Talavante et l’indulto de Malagueño, toro de Garcigrande…
https://feria.tv/video/4299/lunel-puerta-grande-generale-avec-indulto/
TYROSSE
Corrida des fêtes. ¾ d’arène. Toros de Pagés Mailhan.
Morenito de Aranda : ovation et saluts et ovation après deux avis.
Juan Leal : silence après avis et vuelta al ruedo après avis.
Isaac Fonseca : oreille et oreille.
C’était un jour sans épée hélas pour les toreros comme pour le public car le spectacle de ces mises à mort ratées a douché les enthousiasmes et on est resté sur un goût d’inachevé, frustrant. Le bilan aurait pu, avec de la réussite à l’acier, être plus flatteur.
Disparate dans sa présentation allant de menos à más, les trois premiers acceptables, les suivants spectaculaires d’allure, la course de Pagés Mailhan eut un comportement varié. Le premier fut le meilleur, le plus complet : allant deux fois au cheval puis noble avec de la classe dans la muleta. Il fut applaudi à l’arrastre. Le second et le sixième, nobles. Les quatrièmes et cinquièmes mansos, en querencia dès le début de faena.
Elégant, classieux à la cape comme à la muleta face à un bon toro de Pagès-Mailhan, Morenito de Aranda a pu développer, lors de son premier passage, son concept très classique et élégant du toreo. Malheureusement, malgré ces qualités, cela n’eut que peu d’effet sur le public qui resta de marbre à l’issue de sa faena et les mouchoirs restèrent dans les poches. Il est vrai qu’il avait tué d’un pinchazo hondo. Morenito déçu salua, mais ne put prendre sa revanche face au quatrième manso qu’il ne sut sortir de sa querencia et tua mal.
Juan Leal fit preuve de la volonté et de la décision qu’on lui connaît lors de ses deux passages. Très puesto, il eut de bons moments au cinquième surtout, gardant l’animal fuyard dans les plis de sa muleta et construisant un travail plus technique que spectaculaire qui suscita néanmoins l’intérêt du respectable, valorisant ainsi son engagement. Hélas dans les deux cas, Juan eut beaucoup de mal avec l’épée puis avec le descabello, ce qui lui interdira toute récompense. Il récoltera malgré tout un chaleureux succès d’estime qui ne satisfera pas ses ambitions… Sans doute sa blessure à la main lors de sa récente confrontation avec les Miura explique-t-elle pour une part ces échecs avec l’acier.
Une fois encore, c’est Fonseca qui gagna la timbale, le meilleur lot lui ayant échu. Le jeune mexicain débuta ses deux adversaires à genoux par largas puis par des chicuelinas ajustées. A la muleta, il montra beaucoup d’enthousiasme et sut capter l’intérêt des tendidos, bien qu’il ait perdu les papiers par moments. A son crédit, deux belles séries finales en naturelles lors de son premier passage. L’ultime le prit violemment en fin de faena, l’envoyant bouler sur une dizaine de mètres. Comme si de rien n’était, le natif de Morelia se releva dans l’émotion générale. Malgré des épées pitoyables, il eut la chance que ses adversaires soient tombés rapidement. Il sortit donc en triomphe ; le public ayant primé son enthousiasme juvénile.
(Pierre Vidal – Corridasi – Photos Bertrand Caritey)
SAINTES
Présentation réussie pour Victor dans les arènes de son village des Saintes Maries de la Mer. Les 1000 aficionados présents ont pu assister au triomphe important du régional de l’étape qui est sorti en triomphe après avoir coupé un total de 4 oreilles à de bons novillos de Jalabert frères, Blohorn et Gallon frères.
Toute la matinée, Victor a laissé entrevoir ses excellentes manières lors de faenas réfléchies et allurées, se payant même le luxe de recevoir son dernier adversaire à Porta Gayola.
Pari réussi pour Victor qui fut fêté lors d’une sortie triomphale.
Dimanche 16 juillet, 11h, arènes des Saintes Maries de la Mer
Entrée: 1 000 personnes
Erales de Jalabert frères, Blohorn et Gallon frères pour:
Victor: Oreille, oreille et deux oreilles.
(Communiqué)