MÉJANES – REJÓN D’OR
En cette 51ème édition du Rejon d’Or, le domaine Paul Ricard de Mejanes brillait de mille feux.
C’est un lieu commun que de dire qu’il faut de bons toros pour qu’une course soit réussie.
Ce fut le cas, les San Pelayo avaient les qualités requises : belle présentation, noblesse, caste, sérieux, bravoure… homogénéité du lot avec beaucoup de transmission. Les meilleurs furent les 4 et 5.
De quoi faire honneur à la devise de l’épouse du Niño de la Capea, propriétaire du fer.
Tenue en haleine durant toute la course, l’émotion était palpable… Les trois cavaliers furent à la hauteur à des degrés divers.
Le célèbre trophée a été octroyé au jeune Mendoza qui coupa deux oreilles de son premier opposant.
Le chef de lidia, en la personne de Pablo, nous fit démonstration d’une belle leçon de tauromachie et d’équitation. Il toréa avec Maestria et Dominio. Les recortes de salida qu’il imposa à ses deux adversaires en furent la preuve. La fluidité des déplacements, la rectitude de ses monture et l’élégance de la posture, ne trompent pas l’œil des gradins connaisseurs. Face au N°3, c’est avec Alquimista qu’il châtia. Des changements de pieds aux temps d’une fluidité parfaite étaient surprenants dans ce contexte guerrier. Il les précéda et les termina par de très belles pirouettes dont la cadence du galop était adéquate à l’exercice demandé. Talento et Indico permirent chacun deux banderilles d’une grande pureté. 2 courtes avec Galván puis une entière un peu basse et 4 descabellos lui firent perdre les trophées.
Son second, le N°6, fut reçu par Regaliz pour 2 castigos jumeaux cloués avec précision. Basajuan fut l’auteur de 4 banderilles de face de qualité. Suivi de Galván, un beau gris pommelé rouané avec lequel il cloua 3 courtes au caracoleo avant une lame trasera : 1 oreille et vuelta posthume au bon toro.
Léa Vicens se montra d’entrée de jeu déterminée et prête à en découdre. Elle nous sembla cependant quelque peu préoccupée. Néanmoins, elle ne lésina pas sur la prise de risques. Son premier adversaire ne fut pas le plus facile. Elle aurait certainement coupé un appendice si elle avait utilisé Espontaneo pour la suerte suprême. Elle a commis quelques maladresses avec les banderilles courtes. Elle débuta la faena avec Diamante pour un quiebro très engagé et spectaculaire avant de laisser la place à Diluvio dont l’aisance à se déplacer latéralement n’a d’égale que l’aguante avec lequel il va à la tête. Deux bonnes banderilles sont à mettre à son actif.
Alors que la Nîmoise avait reçu son premier (N° 9) avec Guitarra, c’est avec Cleopatra qu’elle châtia son second, portant le N°38, après une belle course poursuite. Bético nous sembla un peu gêné dans sa bouche (réglage de la gourmette ?…), 2 bons bâtons précédés de pas espagnol. Diluvio toujours aussi habile pour deux bâtons également sortant aux changements de pieds aux temps avant de laisser la place à Deseado pour les courtes citées au Mézair. Espontaneo vint pour en finir d’une entière précédée d’un pinchazo. 1 descabello fut toutefois nécessaire : 1 oreille.
Guillermo, c’est la fougue de la jeunesse qui profite de l’expérience de son mentor de père. Lors de son second combat, le choix de garder pour l’entrée à matar « Cisco », ce très beau et très jeune Isabelle n’était pas forcément judicieux. Cela lui coûta les récompenses que la faena méritait. Faena marquée de l’empreinte de Berlin à qui on doit notamment deux banderilles de face et de belles hermosinas. Ce N° 32 avait été reçu avec Jibaro pour un bon castigo. Pour revenir sur Cisco, le bayo fut brillant pour 3 courtes et 1 rose, alors que deux lames et 5 pinchazos furent nécessaires pour expédier le bicho…
Le jeune Navarrais marqua l’assistance à son premier par le bon castigo cloué au quiebro avec Martincho, ainsi que respectivement 2 et 2 banderilles avec Ecuador et Malbec suivies de deux courtes et d’une paire à deux mains avec Esencial, un beau bai qu’il garda pour 1 entière hémorragique qui lui valut 2 oreilles.
Le 51e Rejón d’Or lui fut remis en piste avant de sortir à hombros par la porte des cuadrillas.
La soirée allait se poursuivre dans la liesse habituelle à la Bergerie de Méjanes.
Madame Michèle Ricard de son côté recevait sa famille et ses amis au Mas avec sa générosité habituelle. Sa prise de parole toujours aussi respectueuse de son ascendance et empreinte de nostalgie est toujours aussi émouvante, tout comme l’est le discours de sa petite fille Agnès qui du haut de ses 21 printemps affiche un réalisme, une maturité et une volonté hors du commun. Qu’elles en soient félicitées et remerciées.
Freddy Porte – 17 juillet 2023.
(Photos : Michel Naval)