EL JULI
Je me souviens du temps où guère plus haut que trois pommes, on le voyait passer sa tête de côté du burladero afin de suivre la course. Puis de sa carrière de novillero qui attirait la grande foule avant de fréquenter la cour des grands pour surfer pendant un quart de siècle sur la plus haute vague de l’escalafón. Avant que son incommensurable aficion le pousse à créer par aficion sa « Fundación El Juli » près de chez lui, à Arganda del Rey, devenue une authentique pépinière de jeunes talents. Compte tenu de l’opacité de sa carrière, on peut aisément imaginer le nombre de vitrines nécessaires pour exposer tous ses trophées…
Actuellement, El Juli va terminer sa saison avec des corridas d’adieux à Nîmes pour la France, aux côtés de Morante et Solalito pour son alternative, puis à Madrid et enfin Séville.
Au-delà du ressenti de chacun au sujet de son toreo, il reste évident qu’El Juli a marqué son époque et l’histoire de la tauromachie contemporaine. Ci-dessous, la traduction de l’intégralité de sa déclaration…
« Bonjour à tous chers amis et aficionados.
Après 25 ans d’alternative, je veux vous annoncer ma décision d’arrêter de toréer quand cette temporada s’achèvera.
C’est une décision prise depuis longtemps, mais que je ne voulais pas annoncer tant que ne seraient pas passées les premières grandes ferias.
Cette nouvelle n’est pas une retirada, c’est la fin d’une étape qui d’ailleurs a été merveilleuse. Concernant le futur, seul le temps le dira…
Le toreo a été et sera l’inspiration et le moteur de ma vie et je franchis ce pas avec le bonheur absolu d’avoir réalisé tous mes rêves, y compris davantage que ce que je pouvais imaginer. Pouvoir transmettre mes sentiments et émouvoir le public est quelque chose de magique et d’inégalable que seul un torero peut ressentir avec cette vérité et cette profondeur.
Au cours de cette étape longue et intense, il y a eu de tout, succès, erreurs, triomphes, échecs, cornadas… mais après avoir vécu tout ça, il me reste la satisfaction et la reconnaissance à la vie pour me sentir grand dans une profession aussi difficile. Bonheur et plénitude définissent mon état d’esprit par rapport à ma décision qui est toujours difficile.
Je veux remercier tous ceux qui d’une manière ou une autre ont fait partie de ma vie au cours de ces 25 ans. Depuis ma famille, qui a été capitale par son appui inconditionnel, en passant par tous les professionnels qui m’ont accompagné au long de ce merveilleux chemin, cuadrilla, apoderados, ganaderos, journalistes et énormément de personnes.
Aux médecins taurins qui ont eu mon corps entre leurs mains à dix-huit reprises et qui ont été des anges dans les moments difficiles et douloureux.
À mes compagnons, avec lesquels j’ai vécu dans l’amitié et la rivalité et qui m’ont rendu meilleur chaque jour.
Mais mes meilleurs remerciements vont sans aucune hésitation au public qui a su m’attendre, me soutenir et se montrer exigeant pour me faire progresser dans les moments délicats, tirant encore plus de moi.
Et au toro qui m’a permis de m’exprimer, de sentir et de m’émouvoir véritablement au fond de moi. Cet animal que j’aime de toutes mes forces, que j’admire et qui a été le plus honnête et vrai que j’ai croisé sur mon chemin.
Une étape se termine et une autre commence pour laquelle je dois vivre d’autres choses que je n’ai guère pu apprécier à cause des contraintes de ma profession, comme passer plus de temps avec ma famille, profiter de ce que j’aime faire et voir la vie sous un autre angle, sans la pression de ma situation, de mon nom ou de ma responsabilité.
Encore une fois merci. Hasta siempre…
Julián López « El Juli »