PATRICE
Alors, ensemble Jean-Louis et Michel.
Allèrent.
De villages.
En pueblos.
De Vic
A Soto El Real.
De Mirande.
A Sahagún.
Por aquí.
Por allá.
Errance.
Torera.
De presque rien.
A presque beaucoup.
L’aventure.
Dans chaque souffle de vent.
L’aventure.
Dans chaque paire de cornes.
Ils connurent.
Tout.
De l’arène.
Dans la cour d’un château fort.
A l’habillage.
Dans une infirmerie.
Et à la salle de classe.
Pour y dormir.
Des banderilleros trouvés à Madrid.
Le matin.
Pour toréer à trois cents bornes de là.
L’après-midi.
Ils.
Découvrirent
Les routes.
Et les chemins.
Eclairés la nuit.
Par les phares qui tournaient.
De la vieille DS Citroën.
Du papa.
Jean-Louis conduisait.
2500 km en trente heures.
De la ferme à la placita.
Ida y vuelta.
Pour être là.
Et faire son taf.
No
Importaba.
Leurs rêves.
Etaient ailleurs.
Ils connurent le beau.
Des émotions fortes et véritables.
Et le laid.
Du compañero au poumon perforé.
Et près d’Ávila.
D’un toro égorgé à la puntilla par défaut de boucher.
N’ayant pas été payé la veille
Le louchébem avait refusé de faire l’office.
Ils croisèrent des figuras.
Et des damnificados.
Des monstres.
Et des anges.
Souvent Jean-Louis habillait Michel.
Sous un arbre.
Ainsi.
Ils allaient.
Jeunes.
Fiers et libres.
Comme des croisés.
De la torería tricolore.
Comme des Blaise Cendrars.
Sans képi blanc.
Miguel Oropesa.
Était l’apoderado.
Ils n’étaient pas déclarés.
Et rarement payés
Près d’Ávila, Michel toréa.
Assis sur la margelle d’un puits.
A Mora de Toledo.
Un toro sauta dans les gradins.
Dans un pueblo.
Près d’Albacete.
A l’occasion d’un festival.
Où Michel toréait avec Juan Antonio Esplá.
Jean-Louis se trompa.
De bouteille d’eau.
Il servit à Michel.
Celle destinée à nettoyer les épées.
Elle avait été tirée d’un puits souillé.
Michel dut être hospitalisé d’urgence.
Un jour.
Dans un village qui aurait pu être.
Un de ceux.
Traversés par le Quijote.
Jean-Louis faillit mourir quand.
Le toro ayant explosé le burladero.
Se retrouva.
A quarante centimètres de son cœur.
Vies de toreros
Vies véritables.
Pleines.
Et jamais satisfaites.
Après plus de cinquante.
Novilladas et corridas.
Toréées avec Jean-Louis.
Michel s’arrêta.
Le gamin du Gers qui, pour la première fois.
Avait tenu une muleta à Seissan, en septembre 1975.
Partit.
Pour le Mexique.
Et Jean-Louis retrouva.
Sa ferme.
Mais, loin l’un de l’autre.
Et pour chacun d’entre eux.
Une nouvelle vie torera.
Allait commencer.
A suivre…
Patrice Quiot