Mardi. Villeneuve de Marsan, corrida des fêtes. Lleno.
 
6 toros de Dominique Cuillé
 
Thomas Dufau: palmas et deux oreilles
 
Dorian Canton: silence et une oreille
 
Yon Lamothe: Salut après avis et salut après avis.
 
Salut aux banderilles de El Monteño” au quatrième toro.
 
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Baptiste Bordes a magnifiquement écarté le premier toro.
 
Un cadeau a été remis en piste par la présidente du club taurin de Villeneuve, Colette lacome, à l’occasion du départ de Thomas Dufau.
 
Thomas Dufau a effectué une vuelta après avoir coupé les deux oreilles de son second accompagné de ses deux enfants.
 
Les adieux de Thomas Dufau à sa petite ville et au sud-ouest auquel il s’est tellement identifié ont été réussis et c’est bien là l’essentiel ; même si par ailleurs, la soirée ne fut pas toujours positive. Thomas est sorti par la grande porte de la placita landaise où ont défilé les plus grands, ne les oublions pas, et en premier lieu Manolo Vásquez qui fut à l’origine de sa vocation, mais aussi Curro Romero, Rafael de Paula, Espartaco, Juan Bautista et j’en oublie. Il est sorti en beauté en coupant deux oreilles qui auraient pu en être trois avec plus de réussite à l’épée à son premier passage. Il peut donc se féliciter de cette sortie avec le sentiment du devoir accompli. C’est, pour lui, le scénario rêvé.
 
Le lot de Dominique Cuillé avait de la prestance et des têtes agréables pour les coletudos, il convenait ainsi à l’arène et au spectacle projeté. Noble dans l’ensemble, il a néanmoins manqué de force et de transmission. Le sixième a été le plus brave au cheval. Le quatrième a été le plus complet. Le premier avait de la classe.
 
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Thomas Dufau a fait hier, pour son départ, une démonstration de la qualité de son toreo. Il a su sortir ce qu’il y avait de mieux de ses deux adversaires, les toréant avec douceur à mi-hauteur, en posant après chaque série un temps de repos pour que l’animal puisse récupérer des forces souvent réduites. C’est ce rythme, cette science acquise par expérience qui ont fait la différence. Tout cela fut construit avec une sobre élégance, hélas ! mal conclu à l’épée face au premier (deux essais, un descabello) mais bien terminé face au quatrième d’une entière tendida. Mission accomplie et tour d’honneur en famille sous une pluie d’hortensias.
 
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La vérité nous oblige à dire que la relève, enfin ce qui prétend à ce rôle et c’est là une revendication légitime, a encore beaucoup de chemin à faire. Certes elle débute, mais on a vu hier la différence et le brindis déférent de Dorian Canton à Thomas Dufau, en signe d’admiration, était bien venu. Dorian qui est tombé sur le lot le plus faible et qui transmettait le moins a fait preuve d’entrega dans ses lances de capote autoritaires pour commencer. Il a mieux compris son second que son premier opposant, le citant de loin et en tentant de le mener à mi-hauteur, ce qui était la solution. Il y parvint par moment et gagna ainsi la sympathie des tendidos. Il coupa l’oreille de l’animal tué d’une entière tombée.
 
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Pour Yon Lamothe, c’était hier le second paseo après l’alternative. Paris ne s’est pas fait en un jour : évitons les jugements définitifs ou hâtifs, d’autant que Yon s’est montré digne et volontaire, sans maladresses excessives. Même s’il eut de bons passages (ce début par aidée au 1er toro, par exemple), il ne sut masquer la faiblesse et le manque de transmission de ses opposants car ce qui paraît aisé demande en réalité un métier énorme qu’il ne possède pas encore. Sans doute faut-il le voir maintenant face à des oppositions plus rudes. Lui aussi tua médiocrement son premier opposant et il aurait pu couper l’oreille du dernier avec plus de réussite à l’épée.
 
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Mais l’essentiel fut la longue ovation finale du public villeneuvois pour la sortie du Maestro qui recueillait ainsi les fruits de son abnégation, de sa détermination et surtout de son talent. Et comme me le dit ma voisine lors de ce moment émouvant (je cite) :
 
–J’espère qu’il va revenir bientôt.
 
Sic !
 
(Pierre Vidal – Corridasi – Photos N. Couffignal)