BÉZIERS
Ciel changeant, température agréable, deux tiers d’arène environ. Six toros de Margé bien présentés, variés de pintas, avec des cornes et de la charpente, la plupart donnant du jeu, avec la mention au lot d’Olsina, le troisième, « Revilla », étant indulté, alors que le sixième, « Pays d’Oc », a été crédité de la vuelta posthume.
Sur le plateau de Valras, on peut dire que les jours se suivent… et se ressemblent !!! En effet, les aficionados ont assisté à un nouvel indulto… Deux en deux jours, voilà de quoi alimenter les conversations durant tout le prochain hiver, et même avant ! Mais faut-il réellement se plaindre que la mariée soit trop belle ?
En tout cas, ce que l’on peut dire avec certitude, c’est que Robert Margé, Olivier et les autres, ne se sont pas moqués du monde en présentant un lot comprenant plusieurs éléments qui ont forcé l’admiration. Ce soir, aux Monteilles, champagne à gogo !
Adriano : silence et oreille.
El Rafi : oreille et silence.
Carlos Olsina : deux oreilles et rabo symboliques et saluts.
Après les différentes interventions musicales devenues habituelles, Adriano ouvrit la séance en combattant un premier adversaire qui prit deux piques dont la seconde protestée avant de brinder à des amis puis de s’engager dans un affrontement délicat, par passes données la plupart du temps une par une.
Forcément, l’ensemble pêcha par manque de ligazón et Adrien n’insista pas trop avant de plonger une entière. Ce fut mieux au quatrième, le Nîmois se distinguant au capote avant deux bonnes piques puis un tercio de banderilles pas moins applaudi. Brindis à l’assistance d’un trasteo appliqué qui a transmis sur les gradins. Et comme l’épée a été efficace, « Adriano » a connu le bonheur de promener un trophée autour du ruedo.
El Rafi débuta par un toro qui alla blesser Gabin suite à un violent deuxième assaut qui l’envoya au tapis, le piquero étant coincé sous le cheval. Vexé, Gabin a tenu à reprendre la puya pour un troisième affrontement sous l’ovation. On apprit plus tard qu’il a par la suite été transporté à l’hôpital où des examens ont révélé quelques dégâts au niveau des côtes et d’un genou. Bonne récupération, Gabin… Brindis au public avec plusieurs séquences méritoires face à un toro qui ne lui donna rien. Rafi étala ses ganas et ses bonnes manières, subit une voltereta sans conséquences apparentes, obtenant une oreille après entière. Face au magnifique sardo sorti en cinquième position, on a vécu un tercio de piques en quatre épisodes pour le moins médiocre, Rafi construisant par la suite une faena de peu d’écho au cours de laquelle son opposant ne l’aida guère. Entière au second envoi.
Le vainqueur de l’étape a été en définitive le jeune maestro local Carlos Olsina qui n’hésita pas une seconde à profiter de l’aubaine d’un sorteo favorable pour nous gratifier d’un numéro de haute école. En effet, il s’employa au cheval en deux rencontres de brave et après un brindis à l’assemblée, nous allions vivre un moment exceptionnel, surtout avec un diestro qui n’a pas l’habitude de toréer tous les jours.
Mais Charles a été grand, se jetant à fond dans la bataille avec une gestuelle remarquable, depuis un début arrodillado jusqu’aux derniers muletazos, avant qu’un mouchoir orange ne tombe du ciel, lisez du palco, évidemment. Ce soir, après les émotions vécues en fin d’après-midi, il ne sera pas question pour moi de me lancer dans des considérations sur le bien-fondé de ces grâces présidentielles car après de tels moments, avec une telle ambiance, je ne veux savourer que le bonheur que dégage l’émotion ressentie. Après tout, ce n’est pas tous les jours fête, non ?
Alors le détail, que vous dire ? Une faena allant a más, soutenue à fond par le conclave, Carlos qui continuait à toréer et un toro à embestir, bouche fermée, puis le coup de tonnerre libérant l’alegría générale provoquée par un bout de tissu orange. Des instants qui resteront inoubliables, des applaudissements, des congratulations, des yeux embués, de la chair de poule et en définitive, la satisfaction d’éprouver que la corrida, ça peut être aussi ça !
Avec l’ultime, un autre très bon toro, Carlos instrumenta une faena valeureuse qui aurait bien mérité une récompense si la conclusion était venue couronner l’ensemble. Mais il y avait belle lurette que la messe était dite et le Biterrois pouvait enfin sortir a hombros, accompagné par un Robert Margé au comble de l’émotion. Qu’on a volontiers partagée, bien sûr…
Voir le résumé vidéo de Feria TV :
Et celui, la veille, de l’indulto de Lobito :
En matinée, face à quatre erales de Margé, le vainqueur de la novillada non piquée a été Luis Torres, de l’école taurine de Béziers. Nous y reviendrons en détails avec celle de la veille…