PATRICE
Forme : Romance, tona, carcelera, martinete, siguiriya, cabale, serrana, caña, polo, petenera, solea…
Mi madre me metió a monja
Por reservarse mi dote.
Me cogieron entre cuatro,
Me metieron en un coche,
Me pasearon por pueblos
Y a una y a dos
Me iba yo despidiendo
De las amigas que tengo.
Me apararon en una puerta,
Me metieron para adentro,
Me quitaron gargantilla,
Las alhajas de mi cuerpo,
Pero yo no sentí más
Que me cortaran el pelo
Y en una fuente de oro
A mi padre se lo dieron.
Me vistieron de picote
Y en alta voz gritan todas:
¡Pobre inocente!
Ma mère m’envoya au couvent/Pour se réserver ma dot/Quatre ils me prirent/Me mirent dans une voiture/Me promenèrent dans le village/Et de une et de deux/J’allais abandonnant/Les amies que j’avais/Ils m’arrêtèrent à une porte/Me poussèrent à l’intérieur/ M’enlevèrent mon collier/Les bijoux de mon corps/Mais je ne le sentais plus/ Ils me coupèrent les cheveux/ Et dans une source d’or /Ils les donnèrent à mon père/Ils me vêtirent de peau de chèvre/Et à haute voix ils criaient tous/Pauvre innocente !
(Romance)
Los gitanitos del Puerto
Fueron los más desgraciaos,
Que a las minas del azogue
Se los llevan sentenciaos.
Y al otro día siguiente
Les pusieron una gorra
Y unas babuchas de esparto
Que el sentimiento me ahoga.
Y pa darle más martirio,
Les pusieron un maestro
Que a to er que no andaba listo
A palito lo dejaban muerto.
Los gitanitos del Puerto
Fueron los más desgraciao
Que se pueden comparar
Con los que están enterraos.
Les petits gitans du Puerto/Furent les plus malheureux/Dans les mines de mercure/On les amène prisonniers./Et le jour suivant /On leur met une casquette/Et des espadrilles de corde/Que le sentiment m’étouffe/Et pour accroître le martyre/On les soumet à un maître/Et celui qui ne lui était pas dévoué/A coups de bâton on le laissait mort/Les petits gitans du Puerto/Furent les plus malheureux/On peut bien les comparer/A ceux qui sont enterrés.
(Tona)
Veinticinco calabozos
Tiene la cárcel de Utrera;
Veinticuatro llevo andaos,
El más oscuro me queda.
Il y a vingt-cinq cachots/A la prison d’Utrera /Vingt-quatre déjà j’ai essayés/Le plus obscur il me reste.
(Carcelera)
A mí me llaman el loco
Porque siempre voy callao,
Llamarme poquito a poco
Que soy un loco de cuidao.
On me traite de fou/Parce que toujours je vais silencieux/Traitez moi sans brusquerie/Je ne suis pas n’importe quel fou.
(Martinete)
Qué voces serán esas
Que a mí me están dando;
Si será la madre de mi alma
¿Que me está buscando?
Quelles sont ces voix/Qui sonnent à mes oreilles/Et si c’était la mère de mon âme/Qui était à ma recherche ?
(Siguiriya)
Los moritos iban a caballo
Y los cristianos a pie,
Cómo ganaron la casita santa
De Jerusalén.
Les Maures allaient à cheval /Et les chrétiens à pied/Comment atteindre la maison sainte/De Jérusalem.
(Cabale)
Por la Sierra Morena
Va una partida,
Y al capitán le llaman
José María,
Que no va preso
Mientras su jaca torda
Tenga pescuezo.
Par la Sierra Morena/Marche une bande/Le capitaine on l’appelle José Marí/Il ne sera pas capturé/Tant que sa jument grise/aura la peau dure.
(Serrana)
A mí me pueden mandar
A servir a Dios y al Rey,
Pero dejar a tu persona,
Eso no lo manda la ley.
On peut me demander/De servir Dieu et le roi/Mais te laisser/La loi ne l’impose pas.
(Çaña)
Toítos le piden a Dios
La salú y la libertá
Y yo le pido la muerte
Y no me la quiere da.
Tous demandent à Dieu/La santé et la liberté/Moi je lui demande la mort/Et il ne veut me l’accorder.
(Polo)
Dónde vas, bella judía
¿Tan compuesta y a deshora?
Voy en busca de Rebeca
Que estará en la sinagoga.
Al pie de un árbol sin fruto
Me pus a considerar:
¡Qué pocos amigos tiene
El que no tiene qué dar!
Où vas-tu belle juive/Si bien habillée à cette heure tardive ?/Je cherche Rebeca /Qui doit être à la synagogue.
Au pied d’un arbre sans fruit/Je me mis à penser/Qu’il compte peu d’amis/Celui qui n’a rien à offrir !
(Petenera)
Redoblaron las campanas
Se creían que era la reina,
Y la reina no era
Que era una pobre gitana.
Les cloches redoublèrent /On croyait que c’était la reine /Mais ce n’était pas elle /C’était une pauvre gitane.
(Soleá)
Patrice Quiot