BAYONNE
Samedi 2 septembre, après-midi, temps couvert et frais, quelques rares gouttes de pluie, une petite entrée, deux heures trente de spectacle. Sept toros de Pedraza de Yeltes, le quatrième, changé pour boiterie par un remplaçant du même fer. Un lot de 605 à 564 kilos, tous deux piques prises avec une belle bravoure, bien présentés et armés sans excès pour des Pedraza, parfois compliqués à la muleta.
Morenito de Aranda (gris plomb et azabache) : six pinchazos, un avis, salut.
Joaquín Galdós (noir et or) : un pinchazo et une entière, une oreille.
David de Miranda (marron et or) : une entière, salut.
Rafael Serna (vanille et or) : une entière, vuelta.
Jorge Isiegas (bleu marine et or) : une demi-lame, six descabellos, deux avis, silence.
El Rafi (gris et or) : deux pinchazos, une entière, un descabello, silence.
Président : Georges Lecloux (peña taurine Côte Basque), assesseurs, Dominique Perrin (peña Campera) et Stéphanie Bonnein Cañada (Peña taurine bayonnaise).
Six toreros, six toros de Pedraza de Yeltes, voilà une équation qui au résultat a donné un excellent moment de tauromachie pour la deuxième course de la feria de l’Atlantique à Bayonne, sur une piste miraculeusement refaite entre le début d’après-midi où elle avait été transformée en rizière et le paseo en tout début de soirée.
Cette corrida s’est ouverte sur un air connu, Morenito de Aranda, recevant son premier toro à « porta gayola », mais cette fois sans aucun problème… comme il y a quelques semaines à Vic-Fezensac. Pour la suite, le Castillan poursuivait par quelques chicuelinas et deux jolies véroniques au centre de la piste. Après un brindis au conseiller municipal taurin Yves Ugalde, Morenito regagnait le centre pour se mettre à genoux et commencer sa faena. Un moment complet avec quelques apports artistiques, malheureusement face à un toro manquant de force.
Joaquín Galdós, l’autre Péruvien, parfait à la cape, entamait un combat épique à la muleta. De longues séries où l’adversaire humiliait et un final rehaussé d’un pecho à genoux. Du grand art par moments avec un toro très mobile et agressif. Cela valait bien une oreille !
David de Miranda, le chanceux du sorteo ! Avec un des plus âgés, ayant doublé six ans, et le plus lourd, eut fort à faire. L’assassin jetait les pieds dans la cape, tentait de bousculer l’homme. David de Miranda a tout essayé, changer les terrains, trouver un sitio, arracher des passes… Mais rien à faire, le toro n’en faisait qu’à sa tête et refusa les dernières passes.
Rafael Serna avec beaucoup de poésie dans le costume resta brouillon à la cape. Il était face à un excellent adversaire, mais jamais il ne se confia. Certes, il tira de nombreuses passes, sans véritablement construire. Pourtant, il pouvait compter sur l’aide de l’animal qui ne demandait qu’à poursuivre la muleta. On pouvait espérer mieux.
Jorge Isiegas ne manque pas de qualités. Bon capeador, il est très vite agréable et séduisant sur la main gauche. Il n’a pas tardé à comprendre qu’il était face à un adversaire loyal. Très rapidement, il va s’imposer, n’hésitant pas à transformer certaines séries en jeu de la vie et de la mort. Par malchances ses efforts disparaîtront dans la multiplication de l’usage de l’acier.
Avec El Rafi, Rafael Raucoule, on espérait un final illuminé à la hauteur des deux oreilles du triomphe dacquois devant les Victoriano del Río. Mais à Lachepaillet, il fallut vite déchanter. Encore un toro de près de six ans qui transforma rapidement ses années en bloc de marbre. Aucune charge, refus systématique de la muleta. Sans avoir abordé la moindre faena, le Français ira chercher l’épée. Un final un peu triste…
Mais la confirmation de ce que l’on savait déjà, les immenses qualités de Morenito de Aranda en tant que chef de lidia, sauvant des banderilleros à plusieurs reprises, reprenant le toro à la sortie de la pique. Enfin, toutes les qualités d’un grand torero récitant les moindres détails de son métier.
Jean-Michel Dussol – Photos : Bruno Lasnier.
Matin : Novillada piquée suspendue après trois novillos.
Temps couvert, pluie au premier toro, toute petite entrée, une heure quinze de spectacle. Trois novillos de Los Maños, le premier renverse le cheval, les deux autres très typés Santa Coloma, tous deux piques prises avec une sérieuse bravoure. Course arrêtée après le troisième novillo en raison de la pluie.
Solal Calmet, Solalito (bleu marine et or) : au premier, trois-quart de lame, vuelta.
Lalo de María (rioja et or) : au deuxième, une entière longue d’effet, vuelta.
Mario Navas, (bleu marine et or) : au troisième, une entière et cinq descabellos, silence.
Le temps était bas, les nuages d’un noir à faire peur… mais il ne pleuvait pas encore lorsque le paseo s’élança, avec Solalito, chef de lidia, venu en remplacement de Tristán Barroso, malade. Les novillos de Los Maños attendaient. Puis Solalito accueillit le premier, dans un tercio de cape très sage, sans la moindre faute, comme récitant une leçon de bon toreo. L’animal fit impression en renversant le cheval lors de la première pique. Muleta en main, après quelques passes de châtiment, Solalito ouvrait une première série très classique sur la droite, changeant de main pour terminer. Ce fut ensuite une belle série de naturelles, lentes et interminables, sous la pluie qui se mit à tomber. Immobile au centre de la piste, le garçon ne tarda pas à évoluer dans la boue… Même si ses passes étaient très épurées, il ne fit pas durer la séquence et tua d’une bonne lame… Vuelta un peu obligée par sa cuadrilla.
Lalo de María, après une belle demie pour conclure son tercio de cape… continua la course sous une pluie qui se renforçait. Il sauta très vite sur la gauche avant de revenir signer une belle série à droite. Il était face à un bon novillo qui répétait naturellement avec la volonté d’attaquer et de jouer de la corne. Mais Lalo demeura chaque fois très ferme, illustrant sa faena de quelques changements de mains, de haute école.
La pluie redoublait de violence lorsque Mario Navas après un bon tercio de cape, ouvrait sa faena sur quelques passes de châtiment, l’animal n’était pas facile, et enchaînait sur une série classique de la droite. Un pecho pour terminer avant de gagner le centre pour une belle série de naturelles. Comme ses compagnons, Mario Navas après deux ou trois minutes fut contraint de changer sa muleta alourdie par la pluie…
A l’issue de la mise à mort, d’un commun accord, acteurs et organisateurs décidèrent de suspendre la novillada. Dommage, les novillos de Los Maños paraissaient très intéressants.
Jean-Michel Dussol