PATRICE
Tabac blond.
Entre les doigts de Marlène Dietrich.
Lola-Lola de «L’ange bleu».
Celui d’Anne.
De Cécile et d’Elsa.
Du «Bonjour tristesse» de Sagan.
Tabac blond.
Des capelines et des voilettes.
Du Derby d’Ascot.
Celui.
Des femmes au sillon des seins parfumé.
De la primera fila des barreras.
Tabac blond.
Aux feuilles roses de Virginie
Celui au goût de miel.
Celui de la Duchesse d’Albe.
En cheveux comme un mouton de fête.
Dans le palco real de la Maestranza.
Celui de la «Marlboro».
Sixième doigt.
D’Antonio Chenel Albaladejo.
Tabac de volupté.
En volutes.
De fumée bleue.
Celui des coupes.
Et du cristal.
Des vernissages.
Tabac blond des américaines.
Inlassablement fumées sur la route de Linares.
Dans la Buick de Manuel Laureano Rodríguez.
Celui de Nick, Jay.
Daisy et Tom.
Des fêtes luxueuses de Scott Fitzgerald.
Tabac des plaisirs volages.
Des cabarets.
Du «Paris est une fête» d’Hemingway.
Tabac blond.
De l’avant et de l’après.
Des callejones étroits.
Celui emprunté là.
A un inconnu.
Qu’on sait être du même monde.
Tabac.
A l’élégance des vestes en cachemire des señoritos.
Et à l’odeur des lèvres maquillées des señoritas.
Celui.
Des hauts de l’affiche.
Des salons de l’«Ercilla », du «Welligton» et du Colón».
Et celui.
De l’ami.
Amor Antúnez.
Fumant.
Après avoir salué.
Quitandose la montera.
Tabac blond du toreo.
De cortijo.
Des días de triunfo.
Celui.
Odorant et éternel.
De José Tomás Román Martín.
Terrible tabac noir.
Splendide tabac blond.
Qui un jour, ensemble, me tueront.
Patrice Quiot