En éclairs stroboscopiques rappelant ceux des DJ du Victor, de la rue St Antoine, du « Palace » et d’ailleurs, quelques flashes des J2, 3 et 4…
 
 
 
Superbe lot de Raphael Chaubet le samedi matin de ciel bleu ; jeune, intelligent, inventif, Raphael a tout pour devenir un grand.
 
Ses erales parlent couramment leur langue d’origine, celle de Parladé, de Jandilla, de Victoriano del Río et de Núñez del Cuvillo. Ils courent, ils volent, ils embistent la tête basse ; un luxe de classe et le premier, une petite merveille de race pure, était à coller dans l’herbier.
 
 
 
Marco Polope, en rose, lui fit la faena de la matinée, en coupa une et remporta le trophée Nimeño II ; Alejandro González resta inedito ; je découvris Victor ; Valentin en vert va a más de jour en jour et les deux compères français coupèrent une oreille.
 
Je crois que les deux mille sept cent spectateurs sortirent ravis.
 
 
 
A quatorze heures, la taquilla affichait le «No hay billetes», «Plus de cartes» comme on disait en nîmois ancien.
 
Magnifique l’arène, blanche et rouge les couleurs des Garcigrande ; le un, le trois et le quatre à coller dans l’herbier ; en blanc Sébastien, en rouge Andrés et en parme Rafi.
 
 
 
Verticalité, aguante, luminosité, la rage d’un uhlan et un toucher en délicatesse de Vermeer, un arc en ciel de torería, énormissime commandeur du don de soi fut le Biterrois dans un des grands moments de sa vie et une Porte des Consuls qui valait celles des Princes.
 
La casa Matilla peut dormir tranquille sur les 115 oreilles de 2023 et les 19 de 2024.
 
 
 
L’inca en rouge vécut très mal l’ombre portée de Sébastien ; il toréa en colère, il toréa méchant, ne se comporta pas très bien avec Rafi, essaya de faire et fit un peu ; il coupa une oreille. Le conclave quelquefois le siffla.
 
Le soir, Roberto Dominguez a dû penser au « Juli ».
 
 
 
En sérénité de largas ou de puerta gayola, impeccable fut le Rafi en parme. 
 
Une évolution évidente dans le capoteo et à la muleta ; toreo posé, doux et élégant, les séries sur les deux rives du Vidourle dit au premier et une détermination en crue du Gardon dite au Fernay, sobrero ter pour lequel l’oreille eut été justifiée, les banderilles n’apportant rien.
 
Vueta et vuelta, Rafi sortit la tête haute.
 
Et Patrick Varin peut légitimement espérer remplir d’encre le stylo des contrats.
 
 
 
Bleu, blanc rouge les couleurs de « Dos Hermanas » le dimanche matin de Pentecôte ; un lot d’enchantement à mettre dans l’herbier avec le quatrième en portada.
 
 
 
En chef de lidia, Lalo de María connaît parfaitement son taf ; au premier, un poil faible, qu’il brinda au ganadero, directif mais souple, Lalo alla tranquille, léger, comme aérien et mit son adversaire presque à la hauteur de ses qualités
 
Une oreille plaisante de sourire.
 
Avec le quatrième, un diamant, Lalo ne fit pas d’erreur, trouva le bon sitio, la bonne cadence ; il montra des choses au centre du ruedo, ça roula, ça fonctionna, c’était agréablement agréable, rien à jeter, la musique joua, et on passa un bon moment même s’il échoua aux aciers.
 
En conjunto, une charmante prestation avec cependant, je ne sais pas pourquoi un petit mais, comme une réserve…
 
José Antonio Campuzano le lui aura peut-être dit.
 
 
 
Manuel Román a, on le savait, une planta torera, une gestuelle parfaite et des courbes pures ; son premier n’allait pas à droite, mais servait bien à gauche où Manuel fit plus dans le beau plus que dans l’utile et l’audace ; il fracassa à l’épée.
 
Avec son second, il bafouilla un peu au début, s’embrouilla dans les terrains avant de retrouver un peu de suavité en fin de faena ; il en coupa une, même si j’imagine que José Cutiño n’a pas dû lui parler joli.
 
 
 
Samuel Navalón a du fond, un registre et comprend bien les tendidos ; son premier un peu distrait transmettait, mais se cassa l’antérieur droit, contraignant Samuel à abréger une faena qui allait a más; il coupa une oreille.
 
Avec son second complexe par faiblesse, il convenait de faire dans la nuance et l’engagement sans pourtant être simpliste ; vertical et intelligent sans rompre et précis dans ses décisions, la muleta fut profonde et souple et le coup d’épée d’anthologie.
 
Vuelta au novillo deux oreilles, la 63e Cape d’Or de la Peña Antonio Ordóñez pour le torero de Requena ; ça plus une importante vuelta al ruedo le 14 mai à Madrid devant un novillo de Montealto, Nemesio Matias a de quoi être confiant en l’avenir.
 
 
 
Noir et jaune : Trois grands Victoriano d’engagement, de classe, de noblesse, de fond et transmission ; azul purísima : Un Castella en rythme et temple devant le fade premier et un Castella immense devant le quatrième qu’il eut du mal à tuer ; violet azabache : Un De Justo en difficulté avant d’un peu se récupérer ; en bleu pâle et en un toreo quelque peu pâlichon un Rufo en porte des Consuls ; quatre oreilles, le troisième toro, digne de l’herbier, honoré d’une vuelta.
 
C’était le dimanche après-midi devant près de 12000 personnes.
 
 
 
Et puis vint le lundi, le dernier jour de cette Pentecôte.
 
Le matin, Diego Ventura sur « Nomada » et « Bronce » fit exploser les arènes pleines coupant trois oreilles et la queue, quand Léa sur « Diluvio », « Bético » et « Jazmín» confirma ce qu’elle était en coupant deux oreilles qui auraient pu être doublées et quand Rui Fernandes un peu en retrait par rapport aux deux monstres qui le précédaient en coupa une.
 
 
 
L’après-midi pour la corrida de clôture, Jean-Marie Raymond, le ganadero de « Virgen María » sortit, à l’exception du premier, un lot de catégorie, le quatrième supérieur ayant pu revendiquer autant l’herbier que la vuelta al ruedo.
 
 
 
Fernando Adrián a confirmé son alternative avec un bison cherchant le torero sur chaque passe. Le Madrilène abrégea et conclut d’une épée habile.
 
Son second avait de la noblesse et de la charge. Accrochées, les séries sur la droite restèrent inabouties et les séries de naturelles ne resteront pas en mémoire pour leur caractère ciselé. Engagé mais brouillon fut le final, l’épée offrant à Fernando deux oreilles philanthropiques.
 
 
 
Juan Leal profita de la noblesse de son premier un peu faiblard pour tirer des passes, les moins pires sur la corne gauche. Une épée engagée mais décentrée fit tomber les deux oreilles
 
Son second était noble et prompt ; faena essentiellement droitière dans un toreo presque indécent de proximité conclue d’une épée efficace, mais sans réel sens. Deux pavillons de plus.
 
Si ses toros avaient eu trois oreilles il en aurait coupé six…
 
 
 
Solal faisait son deuxième paseo comme matador de toros dans ses arènes ; varié avec la cape et léger lors des deux bons tercios de banderilles il fut. Doux et élégant, ses naturelles m’ont beaucoup plu et une épée engagée lui offrit un premier trophée.
 
Le sixième, le réserve de Fernay, était violent et fatal sur la corne gauche. L’engagement du torero et sa patience lui permirent d’en tirer trois séries droitières en fin de la faena avant de se jouer la vie pour l’occire.
 
Deux oreilles de poids et sortie par la Porte des Consuls
 
 
 
Sept à huit mille entrées et neuf oreilles pour ce final dans lequel j’ai aimé les toros de Jean-Marie et la maturité intelligente de Solal.
 
 
 
Le soir, ma fille et moi dinâmes d’un repas exotique. J’avais passé une très belle Pentecôte nîmoise et colorée ; le lendemain, je retournai dans mon trou et retrouvai la pluie du ciel et le gris du reste…
 
Patrice Quiot