PATRICE
Manuel Calderón Díaz
Picador de Rafael Molina « Lagartijo » et frère des picadors Antonio, Francisco et José qui constituent l’une des plus illustres dynasties de varilargueros dans l’histoire de la tauromachie, Manuel Calderón Díaz était originaire d’Alcalá de Guadaira où il était né le 2 octobre 1840.
Enfant, il apprit à monter à cheval tout en livrant les commandes de la boulangerie où il travaillait dans sa ville natale.
Il se présenta à Madrid le 11 septembre 1870 en y prenant l’alternative
Cossío écrivit :
« Desde su presentación en Madrid figuró en las cuadrillas de los matadores más célebres de su tiempo, y el último que le llevó en la suya fue el gran Salvador Sánchez «Frascuelo ».
Le 30 mai 1891, il fut pris dans les arènes d’Aranjuez, lors des célébrations de San Fernando, par “Lumbrero”, un retinto albardao du duc de Veragua, « de mucho peso, pero no muy voluntario, puesto que solamente aguantó cinco puyazos, pero de gran poder. Recargó en uno dellos Manuel Calderón, derribando á éste de latiguillo, y echándole encima todo el peso de la cabalgadura ».
Manuel Calderón Díaz mourut le lendemain.
Son frère, Antonio Calderón Díaz fut le fondateur d’une dynastie ; ses deux fils José, « El Mudo » et Antonio furent picadores et Antonio eut un fils, José María Calderón Moreno qui perpétua la tradition familiale.
Manuel Martínez «Agujetas»
Né à Madrid en 1855, il apprend le métier de serrurier, essaie de devenir torero, travaille comme mozo de cuadra de « Frascuelo » (1842-1898) et comme monosabio de la plaza de Madrid avant de devenir varilarguero.
Ses premières prestations eurent lieu à la plaza madrilène de los Campos Elíseos en 1873 et 1874. Il se produisit dans l’arène de la Carretera de Aragón à Madrid lors de la corrida du 27 mai 1875 et fut applaudi pour les sept piques qu’il donna au quatrième toro, son jefe de cuadrillas étant ce jour-là Remigio Frutos «Ojitos» (1849- ?).
Le 21 octobre 1877, dans cette même plaza, il prit l’alternative de picador de toros – une cérémonie courante à l’époque et disparue au milieu du XXe siècle – des mains de Francisco Gutiérrez «Chuchi» au cours d’une corrida où alternaient Currito, Frascuelo et Cara Ancha (1848-1925) qui lui céda le toro miureño « Rumbón », combattu en quinto lugar.
Pendant quelques temps, il apparut dans les cuadrillas de Frascuelo et Ángel Pastor (1850-1900), puis rejoignit celle de Luis Mazzantini (1856-1926) avec lequel il resta jusqu’en 1890, époque à laquelle il coïncida avec « Badila ».
En 1891, il entra dans celle de « Lagartijo ». (1841-1900).
Agujetas resta actif pendant trente-cinq ans, devenant ainsi le picador à la plus longue carrière de l’histoire jusqu’à ses adieux à Barcelone le 21 juillet 1912. Il combattit cependant en la Plaza de Tetuán de las Victorias (Madrid) le 15 août 1915 dans une corrida à laquelle participa également son fils.
Après sa retraite et comme le raconte José María de Cossío (1892-1977) : « Agujetas, tras su retirada, pasó un gran número de penalidades lo que, sumado a la muerte de su hijo a edad temprana, vino a aumentar su desvalimiento.»
Il s’installa à Ceuta et revint finalement à Madrid, ville où il mourut dans les premiers mois de 1937 à l’âge de 81 ans.
José Bayard Cortès «Badila»
José María de Cossío et l’auteur anonyme d’un texte biographique publié dans la revue El Ruedo indiquent que José Bayard Cortès naquit à Tortosa même si Luis Nieto affirme qu’il est venu au monde à Tolosa en 1858.
Il était le fils d’un père français et d’une mère espagnole.
Enfant, il apprit le métier de tapissier mais s’intéressa rapidement à la tauromachie en écoutant les conversations de son père et du picador Francisco Calderón (frère du grand Manuel Calderón Díaz (1840 – 1891) qui deviendra un peu plus tard son mentor et protecteur.
Calderón le plaça comme serviteur de «Frascuelo», lequel, voyant l’aficion du jeune homme, le mit sous la tutelle du matador de toros Gonzalo Mora (1827-1870). Il commença à s’entraîner démontrant une capacité naturelle à manier les chevaux – que Calderón perfectionna avec ses enseignements et ses conseils – et se distinguant par sa bravoure et sa silhouette élégante.
Il reçut le surnom de “brazo de hierro” avec lequel il commença à se faire connaître dans les arènes, mais un jour alors que la cuadrilla de Gonzalo Mora était rassemblée et qu’elle vit que son picador marchait la tête baissée et silencieux, elle lui dit – que « estaba tan callado que parecía que se había tragado el rabo de la badila » (la badila est une pelle à feu) ; depuis ses compañeros l’appelèrent « Badila », apodo avec lequel il est entré dans les annales de la tauromachie.
Il se présenta avec succès à Madrid le 5 novembre 1876, lors d’une corrida à laquelle participaient Felipe García (1839-1893) et Ángel Pastor et dans laquelle « Badila » faisait office de réserve.
A partir de la saison suivante, il toréa beaucoup à Madrid, sans cesser de servir Frascuelo, pour lequel il actua même comme valet d’épée. « Ejerciendo esta función subalterna, el 15 de abril de 1877 le hizo un quite al diestro granadino, apartándole del peligro » nota Cossêo qui nota également : “Esta acción la agradeció Frascuelo tanto, que redimió a Badila el servicio militar ».
En 1878, il commença à se produire dans la cuadrilla de Frascuelo et le 1er juin 1879 prit l’alternative de picador de toros à Madrid, alternant avec Calderón. En 1881, il rejoignit la cuadrilla d’Ángel Pastor avec son alter ego « Agujetas ».
Les années suivantes, il toréa avec Luis Mazzantini (1856-1926), Frascuelo (en 1890, il piqua les six taureaux que ce matador combattait lors de sa corrida d’adieu et en banderilla quelques-uns à cheval), El Gallo (1847-1897), Fabrilo (1866-1897), Minuto (1870-1930) puis, entre autres, Algabeño, Reverte (1870-1903) et Antonio Montes (1876-1907).
Il piqua son dernier toro le 24 septembre 1905 à Madrid.
« Fue un polifacético en sus actitudes taurinas y en otras, como actor y cantor de operetas, convirtiéndose en un gran aficionado y entendido de dicho género musica ». Il s’intéressa également à l’amélioration de la tenue des picadores « mejoró la «mona», diseñó una calzona holgada, con ojales, sin atar, para que se pudiera rasgar y no ser arrastrado el picador en las cogidas; y utilizó unas chaquetillas cada vez más lujosas, con terciopelos ornadas con hilos de seda, menos pesadas y más flexibles, devolviendo al picador la elegancia de trajes de épocas pasadas ».
Il fut aussi le vice-président de la première Association des picadores.
Le matin du 28 février 1906, il fut retrouvé mort à son domicile madrilène des suites d’une commotion cérébrale.
Sources : Toroyarte/ Pedro Casado Martin /12 Novembre 2022.
Datos
« Le picador a pour arme une lance ferrée d’une pointe d’un ou deux pouces de longueur ; ce fer ne peut pas blesser le taureau dangereusement, mais suffit pour l’irriter et le contenir. Un pouce de peau adapté à la main du picador empêche la lance de glisser ; la selle est très-haute par devant et par derrière, et ressemble aux harnais bardés d’acier où s’enchâssaient, pour les tournois, les chevaliers du moyen âge ; les étriers sont en bois et forment sabots, comme les étriers turcs ; un long éperon de fer, aigu comme un poignard, arme le talon du cavalier ; pour diriger les chevaux, souvent à moitié morts, un éperon ordinaire ne suffirait pas. »
Théophile Gautier.
(Voyage en Espagne, 1859)
Patrice Quiot