PAMPLONA
No hay billetes, beau temps. Six Fuente Ymbro bien présentés et armés, discrets au cheval puis donnant un jeu inégal.
Miguel Ángel Perera : saluts et oreille.
Andrés Roca Rey : deux oreilles et oreille.
Tomás Rufo : deux oreilles et silence.
Si vous avez vos boules quiès, vous pourrez entendre la superbe musica callada que nous a offerte Miguel Ángel Perera à son second, le quatrième, un noir qui mit du temps avant de se laisser conduire par la merveilleuse muleta du maestro de Badajoz, 20ans d’alternative et toujours cette ferveur et cette science qui lui fait construire des faenas savantes et templées devant n’importe quel toro et plus c’est compliqué, plus il démontre.
Ce toro, il l’avait brindé au ganadero avec des mots d’une grande amitié et affection. Les dernières séries à gauche sont un exemple de préparation à l’épée. On attend que le réglage de cette tête soit parfait, Entière tendida après un avis. Oreille.
A son premier, on aurait pourtant aimé voir tomber l’oreille. Au capote, il y avait eu 5 chicuelinas bien ajustées conclues par une demie. Début de faena de mort par 5 statuaires et pecho, pieds joints, données avec une calme autorité et templées. Tout se passe bien, mais le toro transmet peu et l’épée est basse et pas entière, et même si le toro tombe, le puntillero le fait relever… Salut au tiers.
Que ceux qui doutent de la supériorité de ROCA REY ou qui font la fine bouche ne lisent pas ce qui va suivre. C’est sans doute qu’ils n’aiment ni l’enthousiasme, ni l’audace, ni la force, ni le courage, ni la sérénité, ni les estocades fulminantes. Parlons d’elles d’abord: à ses deux adversaires et encore plus à son premier, Roca Rey s’est jété entre les cornes, se mouillant les doigts, passant d’extrême justesse au-dessus de la corne droite, matar o morir, illustration parfaite de l’adage. Et il a recommencé à son second.
Et il fallait passer au-dessus de ces poignards dressés jusqu’au ciel. Toro numero 2, le castaño bragado. R R, belle réception au capote et quite de Rufo par delantales rématé par une rebolera. Réplique de Roca Rey par gaoneras sublimement exposées, tout s’emballe. Brindis au public et entame à genoux au centre de la piste, les cornes sont à hauteur des yeux et le toro n’humilie pas. A droite comme à gauche, R R est contraint de toréer à mi-hauteur, les dagues gigantesques passant tout près du visage. A force de puissance dans le poignet, de ceinture, de caractère et de rythme, le toro humilie en fin de faena: intensité, volonté et suprême élégance, enchainements suaves, on attend l’épée, tout vole et bascule, la muleta, l’homme qui passe par miracle au-dessus de la corne droite et le toro qui tombe ; sin puntilla, victoire de la figura maxima del toreo; quoi qu’en disent les tenants du jansénisme taurin, les frigides, les petits bourgeois ombrageux. Deux oreilles.
Roca Rey revient pour le 5ème, un noir lui aussi très bien fait, il le reçoit la main tenant la barrière et gagne doucement le centre. On devine que ce toro là est plus compliqué, les réglages sont plus lents, par deux séries droitières, une de 7 naturelles, à chaque fois de bons pechos de conclusion, puis on recommence avec deux séries droitières pour finir en toréant de très près, quasiment dans les pieds, le réglage est fini. Reste l’épée, un espadazo sin puntilla, comme au premier, matador s’il en est, cette épée à elle seule valait l’oreille.
Tomás Rufo torée très bien, Tomás Rufo ose beaucoup, Tomás Rufo a fait de très belles choses à son premier, mais il passait juste après Roca Rey.
Comme lui, il débuta, fort bien, à genoux, il templa toutes ses actions avec une très convaincante application, son épée fut efficace, sans puntilla, mais un peu de rigueur castillane ou de froideur de Tolède nous ont fait trouver les deux oreilles octroyées excessives.
Au dernier, le plus deslucido du lot, Rufo tenta le tout pour le tout, pour rejoindre le nombre d’oreilles coupées par son concurrent péruvien peut-être?
Tout le début de la faena consista à fixer ce toro gazapon ou collant, ou distrait, selon les moments. In fine, le matador jeta l’épée et livra une longue série de luquesinas, bien réalisées et l’estocade malheureusement fut défectueuse (deux tentatives) et plusieurs descabellos. Silence.
Tout au long de la tarde, les banderilleros se comportèrent dignement et les picadors des uns comme des autres donnèrent chacun et à chaque toro 1 pique et un picotazo.
Si la belle jeunesse du soleil pouvait garder ses t-shirts blancs…
Qu’est devenu l’homme en noir au haut de forme qui récompensait les toreros faisant leur tour de piste d’un foulard rouge de San Fermin ?
Corridasi – Jean François NEVIERE
ENCIERRO
Performance olympique en 2’18 ! Course soutenue avec quelques dégâts corporels pour sept mozos, sans toutefois de blessure par corne. Lencierro le plus rtapide pour le moment… Dans les divers secteurs du parcours, et notamment au fur et à mesure de la progression du trajet, on a pu remarquer chez des mozos avertis, par exemple celui avec un maillot rouge N°23, de remarquables prises de risques tenant parfois du miracle…
(Photo : Mundotoro)