Jusqu’à quand.
 
Pourrai-je encore le matin.
 
Partir sur les routes ?
 
 
 
Avec sur la banquette avant.
 
Mon sac de voyage.
 
Comme unique et fidèle compagnon
 
 
 
Jusqu’à quand.
 
Pourrai-je encore ainsi.
 
Partir à l’aventure ?
 
 
 
En oubliant les itinéraires.
 
Normés du GPS.
 
Pour leur préférer les chemins de l’inconnu.
 
 
 
Jusqu’à quand.
 
Pourrai-je encore ainsi.
 
Aimer ce plaisir de liberté ?
 
 
 
Blaise Cendrars, Henry de Monfreid.
 
Jack London, Herman Melville.
 
Daniel Defoe ou Joseph Conrad.
 
 
 
Jusqu’à quand.
 
Pourrai-je encore ainsi aller à la rencontre.
 
De champs de maïs, de chevreuils et de pins ?
 
 
 
Maisons basses blanches et rouges.
 
Des palombes dans le ciel.
 
Et des ventas aux nappes à carreaux.
 
 
 
Dému, Bascous, Bourouillan.
 
Le Houga, Cazères sur l’Adour, Bas-Mauco.
 
Ou Orthez et le Béarn.
 
 
 
Jusqu’à quand.
 
Pourrai-je encore ainsi.
 
Arriver dans des villes ou villages en fête ?
 
 
 
Avec l’envie d’y retrouver.
 
Des amis à l’accent autre.
 
Et des filles aux yeux clairs.
 
 
 
Jusqu’à quand.
 
Pourrai-je encore ainsi.
 
Partager avec eux sous les tilleuls ou sous les platanes les œufs ventrêche du matin ?
 
 
 
Appuyé sur les comptoirs de bois.
 
D’estanquets de fortune.
 
En fumant des millions de cigarettes.
 
 
 
Et parler avec eux.
 
Des toros noirs, gris ou marron.
 
Qu’on verra mourir en fin d’après-midi.
 
 
 
Jusqu’à quand.
 
Pourrais-je encore ainsi.
 
Aimer les nuits d’étoiles des ciels d’été ?
 
 
 
Aldébaran et Bételgeuse au Nord.
 
Sagittaire et Antarès au Sud.
 
Ou un lucero escondido entre Almonte et Huelva.
 
 
 
Jusqu’à quand.
 
Pourrai-je encore ainsi.
 
Faire confiance à un corps qui m’a jusqu’à ce jour si fidèlement servi ?
 
 
 
Me pardonnant avec humanité.
 
Les cornadas de l’excès.
 
Que je lui ai faites connaître.
 
 
 
Tout ça pour pouvoir seulement parler.
 
Et écrire.
 
Pour raconter…
 
 
Patrice Quiot