Presque à l’heure de la vesprée, l’arène Marcel Dangou remplie de ses trois quarts en vit sortir six.
 
«Prisonero» ; « Mosquero» ;  «Jinastico» ; «Odalisco» ; « Opresoro»  et «Opulento» ils s’appelaient ; ils étaient bien faits et parfaitement présentés. 
 
Un peu faibles et ne pouvant à ce motif s’exprimer au cheval, nobles tous ils furent ; le second et le castaño sorti en quatrième avec la classe en plus.
 
Un régal de délicatesse arlésienne donnée à voir en pays de Tursan.
 
Un lot de catégorie qui enchanta mes papilles et fit honneur aux ganadeross de «Tenque et Capeau à  Mas Thibert.
 
Pour les tuer, un français de Bordeaux vêtu de vert empire, un vénézuélien de San Cristobal en gris perle et un autre français de Tartas lui aussi en vert.
 
Clemente sut parfaitement gérer «Prisonero», le premier à l’alegría contrariée par la faiblesse ; à droite, la muleta de Clément qui domina sans obliger illustra la complexité du paradoxe et sur la main gauche, Dubecq, exprima la vérité de la vertu.
 
L’épée en place fut efficace.
 
La classe du quatrième un peu occultée par son défaut de rythme n’échappa pas à Dubecq qui servit à «Opulento» le castaño, aussi bien à droite qu’à gauche, une faena d’intelligence, de poder et de bon goût de niveau 7 sur l’échelle de Richter torera.
 
Légèrement tombée mais rapide d’effet fut l’épée.
 
Ce 27 juillet à Tyrosse, Clemente alla en torero de délicatesse et de plaisir au goût de homard en salade et son corail, pommes bleues, condiments de salicornes servi chez Coussau à Magescq.
 
«Mosquero», le premier de Colombo, méritait beaucoup mieux que d’être accueilli par un capoteo à genoux aux relents de populisme et de fleurs de lotus fanées ; malgré ce traitement peu adapté à la condition de l’animal et après une pique pas bien dosée et un tercio de banderilles «con la moto», «Mosquero» fut magnifique à la muleta ; venant de loin avec de l’esprit, du tranco et de la grâce, il alla de más a más.
 
Devant ce caviar Beluga à cornes, on eut droit à un service d’ordinaire de cafeteria en un toreo d’insolence de prétention. Quelques naturelles comme quelques grains de sel d’une cuisine de cantine ne me firent pas oublier le reste.
 
L’épée fut longue à faire et trois descabellos nécessaires pour se défaire du caviar.
 
Remake de la chose, outrance du geste et hyperbole du non sens pour un toreo de peu affiché au faible cinquième occis d’un bajonazo.
 
Ce 27 juillet à Tyrosse, ce qui peut être une belle gouaille ne fut pas le propos de Jesás Enrique Colombo.
 
 
«Jinastico», un gentil un peu soso, sorti en trois, comme le sixième faible mais noble et classieux restèrent inédits et le fait de ne plus avoir retrouvé mes annotations sur la prestation de Yon Lamothe n’est peut-être pas tout à fait un hasard.
 
Je crois cependant me souvenir d’un geste déplacé du jeune landais qui jeta l’oreille du sixième.
 
Ce 27 juillet à Tyrosse, Yon Lamothe ne fut pas olympien.
 
Euphémisme s’appelle cette figure de style.
 
Je quittai Tyrosse à l’anochecer.
 
Le soir, dans ma chambre de St Geours sur Maremme et malgré le fait de ne plus avoir de tabac à fumer, j’étais content pour Michel et Jean-Pierre Gallon et lleno de ilusiones sur l’avenir de Clément Dubecq et celui de Léo Pallatier.
 
J’avais passé une excellente journée de toros et m’endormis avec en tête «Le pin des Landes» :
 
« On ne voit en passant par les Landes désertes,
 
Vrai Sahara français, poudré de sable blanc,
 
Surgir de l’herbe sèche et des flaques d’eaux vertes
 
D’autre arbre que le pin avec sa plaie au flanc……
 
… Le poète est ainsi dans les Landes du monde ;
 
Lorsqu’il est sans blessure, il garde son trésor.
 
Il faut qu’il ait au cœur une entaille profonde
 
Pour épancher ses vers, divines larmes d’or ! »
 
Ecrivait Théophile Gautier en 1845.
 
Et le dimanche, il faisait beau.
 
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Datos 
 
27 juillet 2024.
 
Arènes Marcel Dangou de Saint Vincent de Tyrosse, corrida des Fêtes.
 
3/4 d’arènes.
 
Six toros de Gallon frères.
 
Clemente : Silence ; deux oreilles.
 
Jesús Enrique Colombo : Vuelta (avis) ; deux oreilles.
 
Yon Lamothe : Salut (avis) ; oreille (avis).
 
Président: Lilian Verdier.
 
6 piques, cavalerie Heyral.
 
 Patrice Quiot