PATRICE
Le visage est dur d’aristocratique élégance…
Le corps fin.
Et l’allure sobre de distinction.
Une retenue dans la mise.
Une aisance dans la manière.
Une classe naturelle.
Un physique d’un Von Karajan espagnol.
D’un Noureev de Castille-et-León.
D’un Louis II de Bourbon-Condé né à Aranda de Duero.
Qui
Sans équivoque.
Huele a toreria.
Il a l’âge.
Auquel sont morts Blaise Pascal, Frédéric Chopin.
Wild Bill Hickok ou Ernesto Guevara.
Et même si, longtemps.
Il est resté.
Sur la tapia de l’oubli.
Depuis
Dix-neuf années.
Il est matador de toros por la gracia de Dios.
Mais cette temporada à Vic, il fut grand.
Au Moun, il fut beau.
Et à Riscle il fut les deux.
Avec le 37, celui de Pagès-Mailhan, à la noblesse de peu de transmission.
Qu’aussi bien au capote, à la manière d’un aurige menant son char, il mena au centre.
Qu’à la muleta, où à droite puis à gauche, comme un mirmillon, il fit ce qui se doit de faire.
En une forme respectueuse et sincère.
Vive de résolution et pleine de sens.
Qui donna à voir une écriture de soldat de l’an II.
Et avec le 20, celui de Cuillé, un beau bison noble et figé.
Qu’il rendit presque vivant.
Par un toreo de justesse calibrée et de dépouillement d’alésage.
En une forme sèche et sauvage de raffinement.
Aux arômes de thym et de serpolet.
Qui donna à voir une écriture de garrigue.
Car, chez lui, le brimborion n’est pas son registre.
Le clinquant pas son corte.
La vétille pas son monde.
Comme un prédicant de la vertu taurine, il ande dans la sobriété.
Celle du simple.
Celle du bel incipit.
Celui de «Longtemps, je me suis couché de bonne heure» de Marcel au visage couleur de craie.
De «Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins» de Nabokov, le russe de St-Petersburg qui se fit américain.
De «Ça a débuté comme ça » du Céline de l’invective.
Et son toreo de racines.
De souches et de ceps de vigne.
Dit le vrai.
Car, aux macarons de chez Ladurée.
Il préfère la ciguë tachetée que but Socrate.
Et à la canneberge de chez Fauchon, les asperges sauvages des gitanos des glorietas.
A Riscle où je le vis pour la première fois.
La rigueur païenne de sa célébration.
M’a touché.
A Vic, il fut grand
Au Moun, il fut beau.
A Riscle il fut les deux et sera à Dax le 16 août pour tuer les Victoriano.
Mais si sans le sud-ouest.
Entre Landes et Gers.
C’est l’été de grâce de Jesús Martinez Barrios.
Je me dis que pour que la justice divine s’exerce.
Il serait bien que cet apôtre allume aussi les cierges du changement.
Dans les cathédrales où officient des prélats moirés.
Datos
Jesús Martínez Barrios “Morenito de Aranda”, né le 10 novembre 1985 à Aranda de Duero.
Debut con Picadores : 02/09/2002 ; Plaza: Medina del Campo; Ganadería: Varela Crujo ; Cartel: Martín Quintana y Joselito Campos ; Resultado artístico: Dos orejas.
Presentación en Las Ventas: 06/06/2004 ; Plaza: Las Ventas, Madrid ; Nombre de res: «Cervato», castaño, nº 36, 446 kg ; Ganadería: El Ventorrillo ; Cartel: Miguel Ángel Perera y Ismael López ; Resultado artístico: Ovación.
Alternativa: 14/05/2005 ; Plaza: Valladolid; Padrino: Salvador Vega ; Testigo: José María Manzanares ; Nombre de res: «Extraviado», negro, nº 109, 510 kg ; Ganadería: José Luis Marca ; Resultado artístico: Dos orejas.
Confirmación en Las Ventas: 04/05/2008 ; Madrid.; Padrino: Salvador Vega ; Testigo: Luis Bolívar ; Nombre de res: «Tenderillo», nº 9, 517 kg ; Ganadería: San Martín ; Resultado artístico: Vuelta.
Confirmación en México: 27/12/2009 ; Padrino: Humberto Flores ; Testigo: El Capea y Guillermo Martínez ; Nombre de res: «Setenta Años», cárdeno oscuro, nº 75, 496 kg ; Ganadería: San Marcos ; Resultado artístico: Aplausos.
Momentos importantes: 02/05/2015 : Puerta Grande de Madrid ; Plaza: Las Ventas, Madrid; Nombre de res: “Frutero” ; Ganadería: Montealto ; Cartel: López Simón y Ángel Teruel ; Resultado artístico: Dos orejas.
Temporada 2022 : 8 corridas.
Temporada 2023 : 13 corridas.
Temporada 2024 (à ce jour) : 9 corridas.
Apoderado : Jean-François Pilès (depuis 2023).
Patrice Quiot