« Tête de taureau », sculpture réalisée à partir de l’union d’un guidon et d’une selle de vélo, a été exécutée par Pablo Picasso au printemps 1942 dans son atelier de la rue des Grands-Augustins.
 
L’œil peut rapidement identifier le mufle et les cornes qui justifient le titre.
 
C’est en revenant des funérailles de son ami sculpteur, Julio González, que Picasso aurait trouvé les deux objets abandonnés dans une décharge. C’est ce même Julio González qui avait appris à Picasso la technique de la soudure expérimentée dès la fin des années 1920, par exemple dans les projets de sculpture en fil de fer.
 
Il s’agit de l’une des plus importantes œuvres sculpturales de l’artiste. Le génie de cette sculpture consiste à joindre deux objets sans qu’aucun d’eux ne perde pas sa forme originale, produisant ainsi un troisième objet très éloigné de sa fonction première.
 
Un exercice d’incertitude dans la représentation qui a permis à l’artiste de prendre position contre l’imposition de la peinture comme simple imitation de la réalité.
 
Tête de taureau peut être lue comme un assemblage artistique à la simplicité déroutante et au caractère éphémère puisque leur dissociation fait réapparaître guidon et selle.
 
C’est dans cet état qu’elle fut retrouvée après la mort de Picasso. La sculpture avait été fondue pour donner naissance à deux versions en bronze. Sans elles, il aurait été impossible de reconstituer l’assemblage original.
 
À l’écrivain Michel Leiris, qui le félicitait du coup de génie de cet assemblage placé en hauteur dans son atelier, Picasso répondit : « Cela ne suffit pas. On devrait pouvoir prendre un morceau de bois comme si c’était déjà un oiseau. »
 
Pour Picasso c’était bien le geste artistique sous-jacent à l’œuvre qui comptait : la réalité existe en fonction de la manière dont on la regarde et dont on la pense.
 
Grâce à cet assemblage d’objets issus de l’industrie, Picasso témoigne aussi de l’importance du jeu, voire de l’humour dans sa démarche.
 
« Ce n’est pas mal hein ? Ça me plaît. Voilà ce qu’il faudrait : je jetterais le taureau par la fenêtre. Les gosses qui jouent en bas le ramasseraient. Un gosse n’aurait pas de selle, pas de guidon. Il compléterait son vélo. Quand je descendrais, le taureau serait redevenu un vélo. »
 
(Citation de Picasso in « André Malraux, La Tête d’obsidienne », Paris, Gallimard, 1974.)
 
L’œuvre originale, avec les objets en cuir et en métal assemblés, se trouve au Musée national Picasso de Paris. Deux copies en bronze ont été réalisées et l’une d’entre elles appartient à la « Fondation Almine et Bernard Ruiz-Picasso pour l’art. »
 
Sources Musée Picasso/ Fiche_oeuvre_Tete_de_taureau_web.
 
Datos 
 
Pablo Ruiz Picasso, né le 25 octobre 1881 à Málaga (Andalousie, Espagne) et mort le 8 avril 1973 à Mougins (Alpes-Maritimes, France ), est un peintre, dessinateur, sculpteur et graveur espagnol ayant passé l’essentiel de sa vie en France.
 
Artiste utilisant tous les supports pour son travail, il est considéré comme l’un des fondateurs du cubisme avec Georges Braque et un compagnon d’art du surréalisme.
 
ll est l’un des plus importants artistes du XXe siècle, tant par ses apports techniques et formels que par ses prises de positions politiques. Il a produit près de 50 000 œuvres dont 1 885 tableaux, 1 228 sculptures, 2 880 céramiques, 7 089 dessins, 342 tapisseries, 150 carnets de croquis et 30 000 estampes (gravures, lithographies, etc.). Parmi ses œuvres les plus célèbres figurent le proto-cubiste Les Demoiselles d’Avignon (1907) et Guernica (1937), une représentation dramatique du bombardement de Guernica du 26 avril 1937 pendant la guerre civile espagnole.
 
Cote 
 
Le prix d’un tableau signé Picasso s’évalue entre 700 000 et 80 millions d’euros, en soulignant un record de vente à plus de 142 millions d’euros atteint par Les femmes d’Alger. Les tableaux les plus cotés sont ceux réalisés à partir de sa période post-cubiste (après 1918). Notons tout de même le tableau Fillette à la corbeille fleurie, réalisé pendant sa période rose, en 1905, qui a dépassé les 85 millions d’euros.
 
Les dessins de Pablo Picasso s’estiment entre 250 et 7 millions d’euros. Il faut distinguer les petits dessins dédicacés réalisés spontanément, dont les prix débutent à 250 euros Ses dessins au crayon et à l’encre s’évaluent entre 4 000 et 280 000 euros, tandis que ses pastels, gouaches ou aquarelles se négocient entre 20 000 et 9 millions d’euros.
 
Les céramiques de Picasso provenant de l’atelier Madoura s’évaluent entre 1 000 et 20 000 euros pour les pièces éditées et jusqu’à plus de 500 000 euros pour les pièces uniques ou les très petites séries. Picasso a réalisé plus de 3 600 pièces de céramique à Vallauris, 633 modèles ont été édités entre 25 et 500 exemplaires.
 
Le prix d’une gravure ou d’une lithographie de Picasso s’échelonne de 150 euros à plus de 3 millions d’euros.
 
Une sculpture signée Pablo Picasso se vend entre 800 et 10 millions d’euros. Les sculptures en bronze s’acquièrent entre 800 et 7 millions d’euros tandis que les sculptures en tôle pliée se négocient entre 4 000 et 10 millions d’euros. Soulignons un prix de vente record réalisé par la sculpture cubiste représentant le visage de Fernande datant de 1909 qui a dépassé les 40 millions d’euros…
 
 
Patrice Quiot