Torero de ma jeunesse.
 
Torero de mes vingt ans.
 
 
 
Torero de liberté.
 
Dans l’insouciance de mes cheveux longs.
 
 
 
Torero d’une respiration.
 
A se faire éclater les poumons.
 
 
 
Sous la chemise à carreaux.
 
Ouverte, les pans noués sur le ventre.
 
 
 
Des passes.
 
Rondes.
 
 
 
Longues.
 
Souriantes.
 
 
 
Gourmandes.
 
Comme le riz au lait de notre mère.
 
 
 
Fraîches.
 
Comme une mauresque glaçons à la terrasse de «La Petite Bourse» de Roger Lacroix.
 
 
 
Des passes de tendresse goulue
 
Pour croquer la vie.
 
 
 
Au volant de ma 2CV.
 
En allant à «La Chu».
 
 
 
Un toreo.
 
D’estrambord.
 
 
 
De plaisir.
 
Simple.
 
 
 
Populaire.
 
Généreux.
 
 
 
Celui qu’aimaient.
 
Pauline, Masson et «Bichette».
 
 
 
Un toreo.
 
De sourires.
 
 
 
Un toreo.
 
De liberté.
 
 
 
Celui des escapades coquines.
 
Au Barrio Chino du Barcelone d’André Pieyre de Mandiargues.
 
 
 
Et de clins d’œil.
 
A la vie.
 
 
 
Une muleta.
 
Toujours déjà là.
 
 
 
Et un pico.
 
Qui devenait grandiose.
 
 
 
Un duchón.
 
De juventud.
 
 
 
De chewing-gums «Malabar».
 
De filles en chignon et en jupes plissées.
 
 
 
Un «Niño»
 
Qui m’enchantait.
 
 
 
Dans ses trajes.
 
Aux couleurs vives.
 
 
 
Quand les Gauloises.
 
Valaient 90 centimes.
 
 
 
Le long du Victor.
 
En pattes d’eph.
 
 
 
Il m’accompagnait.
 
Et m’ouvrait les portes.
 
 
 
Des plaisirs simples.
 
Des amphis dès que s’ouvraient les grilles.
 
 
 
Avec la gourde.
 
Aux trois Z en bandoulière.
 
 
 
Avec les Atanasio.
 
Et les Galache.
 
 
 
Un bonheur.
 
D’arène pailletée.
 
 
 
Du sable.
 
De l’Espiguette.
 
 
 
Et des baisers.
 
De plage.
 
 
 
Un bonheur d’éternelle jeunesse.
 
Et de joie de vivre.
 
 
Datos 
 
Pedro Gutiérrez Moya « El Niño de la Capea », né le 17 septembre 1952 à Salamanque.
 
«El Niño de la Capea» doit son apodo au nom de l’école taurine La Capea de Salamanque où il est entré à l’âge de quatorze ans pour apprendre le toreo. Il revêt son premier habit de lumières à Salamanque le 3 mai 1969.
 
Il reste dans l’histoire comme l’un des grands maestros du XXe siècle, accumulant dès ses premières novilladas piquées un nombre important de trophées. Cependant, alors qu’il connaît le meilleur moment de sa carrière, il décide d’arrêter le 12 septembre 1988 au cours de la feria dans sa ville natale.
 
Il fait un retour le 31 mars 1991 à Málaga qui relance sa carrière. Mais il y met de nouveau un point final à Mexico le 5 février 1995
 
Depuis, il se consacre à son élevage de toros de combat.
 
Débuts en public : Salamanque le 3 mai 1969.
 
Débuts en novillada avec picadors : Salamanque le 17 juillet 1970 aux côtés de Paco Núñez et José Ortegón. Novillos de Luis Higinio Severino.
 
Présentation à Madrid : 11 juin 1971 aux côtés d’Ángel Rodríguez et Julio Robles. Novillos de Juan Pedro Domecq.
 
Alternative : Bilbao le 19 juin 1972. Parrain : Paco Camino ; témoin : « Paquirri ». Toros de Lisardo Sánchez.
 
Confirmation d’alternative à Madrid : 21 juin 1973. Parrain :  Palomo Linares ; témoin : « Paquirri ». Toros d’Atanasio Fernández.
 
Premier de l’escalafón en 1973, 1975, 1976, 1978, 1979 et 1981.
 
A ouvert à cinq reprises la grande porte de Madrid en coupant un total de 23 oreilles. 
 
Avec pour point d’orgue, un solo face aux Victorino Martin le 8 juin 1988 pour la corrida de la Presse (3 oreilles).
 
Et à Guijuelo, le dimanche 19 juin 2022, à soixante-dix ans et pour le cinquantenaire de son alternative, il coupa les trois oreilles et la queue de deux de ses toros…
 
Patrice Quiot