PATRICE
« Il ne faut pas confondre la tauromachie de salon avec la musique de chambre, le latin de cuisine ou quelque autre divertissement casanier. Il n’est pas indispensable, pour se sentir torero, d’avoir face à soi un véritable taureau. Le torero de salon va l’inventer, au sens de « l’invention de la Croix ».
C’est-à-dire qu’il creuse, pour le trouver, tout au fond de lui-même, dans les obscurités où sommeille le mammifère primordial. »
Camilo José Cela – « Toreros de salon » (1963).
Etrange.
Des gestes singuliers.
Répétés à l’envi.
Un autre monde.
Celui de l’exigence.
De la chose faite au mieux du bien.
Cataleptique.
Suspension complète
Du mouvement des muscles.
Pour essayer de trouver.
Le pur qui conviendrait.
A la chose.
Ascétique.
Dans le dépouillement.
D’une arène de monastère.
Pour arriver.
Au simple.
De l’origine.
Circulaire.
Des courbes.
Et peu de droites.
Pour la mise en scène.
Du bouillonnement.
D’un tourment cyclonique.
Inquiétant.
Don total
Du corps.
Pour exprimer.
En de longues secondes.
Un indicible.
Hypnotique.
Des visages.
Aux traits creusés de marbre gris.
Pour des yeux.
Qui suivent éveillés.
Le sommeil d’un ralenti.
Dur.
Des membres tendus.
Du plaisir pris.
A un accouplement.
Au vide.
De l’imaginé.
Souverain.
Le sourire.
Comme récompense.
A la pesanteur des sphères.
Pour la réalisation.
D’un chef-d’œuvre éphémère.
Absolu.
Constriction d’un plaisir égoïste.
Et d’une intériorité presque satanique.
Dans l’attente de l’offrande.
Religieuse et païenne des mêmes.
A l’immensité.
Loin.
Du regard des autres.
Qui scrutent la différence.
Sans le dessein de lui prendre
Ce qui n’appartient.
Qu’à lui.
Secret.
L’impression de déranger.
L’intimité d’un ordre.
Celui exclusif.
De ceux qui ont choisi.
D’être différents
Œcuménique.
De Santiponce à Caissargues.
Une identique volonté.
Pour arriver.
A l’impossible.
Du parfait.
Étrange, cataleptique, ascétique, circulaire y más….
Toreo de salon ça s’appelle.
Datos
Le toreo de salon est l’apprentissage des gestes de la tauromachie en l’absence de toro. Il se pratique soit en chambre, soit à l’extérieur dans une arène vide…
Patrice Quiot