PATRICE
Magali ne connaissait pas les toros.
Et lui moins encore.
Mais une fois par an.
Le dimanche des Vendanges.
Magali et Marcel.
Allaient aux arènes.
C’était.
Leur Noël.
De fin d’été.
De presque début d’automne.
Avant, ils prenaient l’apéritif.
Elle un verre de sangria.
Et Marcel.
Une bière, quelquefois deux.
Ils déjeunaient.
D’une paella sur la table en tréteaux.
De « L’espagnol » comme ils l’appelaient.
Où ils avaient leurs habitudes.
Magali donnait.
Des grains de riz aux pigeons.
Et Marcel la regardait faire.
Lui caressant le bras.
Ensemble.
Ils regardaient passer les fanfares.
Ils rejoignaient leurs places.
Une heure avant le début.
Et s’émerveillaient.
De tout.
Des couleurs de la foule.
De l’élégance des messieurs et des dames au premier rang des premières.
Des paillettes et des broderies des costumes.
Quand défilait le paseo.
Ils applaudissaient la sortie des toros.
Et les passes des toréadors.
Ensemble, ils criaient olé.
Et tapaient des mains quand jouait la musique.
Marcel lui offrait des pralines.
Et Magali lui disait : « Merci mon chéri ».
Elle fermait les yeux au moment de l’estocade.
En se blottissant contre sa poitrine.
Quand la «mise à mort» comme ils disaient.
Était terminée.
Ils restaient là encore un petit moment.
Profitant de l’instant d’être presque seuls.
Puis ils rentraient à pied.
En se partageant une petite bouteille d’Orangina.
Marcel montrait à Magali l’étoile du Berger.
En faisant attention qu’elle ne se torde pas les pieds sur les cailloux le long des ponts de Talabot.
Quand elle avait un peu froid.
Marcel lui mettait sa veste sur les épaules.
Le lendemain, il poserait la nouvelle tapisserie du salon.
Et Magali ferait la lessive.
Datos
« Un cœur simple » est la première des trois nouvelles de Gustave Flaubert (12/12/1821 -8/05/1880) parues dans le recueil « Trois Contes », publié en 1877.
Patrice Quiot