« Pan negro de Tempul » disait l’affichette mal scotchée sur la devanture du rade.
 
 
 
Près de San José del Valle, à 67 km à l’est de Jerez, à côté de l’embalse de Guadalcacín.
 
Sur la A 2201, après El Mimbral et avant Algar.
 
A un jet de pipas des Alcornocales.
 
A deux bornes de «Fuente Ymbro» et de «Los Romerales» de Ricardo Gallardo.
 
 
 
Pays rude, stérile, ingrat.
 
Petits ilots de végétation d’oliviers sauvages qui cohabitent avec des bruyères, des palmiers nains, des myrtes.
 
Des  «canutos», ravins étroits et profonds.
 
 Et des pluies ordinaires.
 
 
 
Des oiseaux de proie dans le ciel.
 
Des reptiles cachés.
 
Et des chauves-souris dans les grottes.
 
Un Aragón andalou.
 
 
 
Pain noir.
 
Métaphore de l’endroit.
 
Pain de farine grise, de son et de paille, proche du pain mélangé de serrín.
 
Celui de la guerre civile.
 
 
 
Pain de bagnard qu’on rompt sans grâce avec les doigts.
 
Pain noir au goût de terre.
 
Le pain de Jean Valjean.
 
Celui des Thénardier.
 
 
 
Une croûte dure.
 
Une mie serrée.
 
Pain sans indulgence.
 
Celui de Carabanchel et du sertão brésilien.
 
 
 
Pain noir des gitans maudits.
 
Au torse brun sous la lune
 
Pain à l’envers.
 
Celui des bourreaux du garrote.
 
 
 
Pain noir.
 
Des quinze août passés sentao.
 
Et des carteles aux toros d’épouvante.
 
Celui des fracasos au terno en lambeaux.
 
 
 
Pain noir mâché lentement, béret sur la tête.
 
Sous les branches d’arbres secs.
 
Du haut des tendidos des plazas de mala muerte.
 
Celui des cornadas de la vie.
 
 
 
« Pan negro de Tempul » disait l’affichette mal scotchée sur la devanture du rade.
 
 
 
PAUSE POUR FERIA DES VENDANGES.
 
REPRISE DES LIVRAISONS : MERCREDI 18/09.
 
 
Patrice Quiot