EAUZE
Près d’une demie arène, journée ensoleillée mais fraîche, deux heures trente de spectacle, Six toros de Pagès-Mailhan, très bien présentés, tous une pique prise avec une intéressante bravoure, nobles à la muleta. Le quatrième, le plus lourd, renverse la cavalerie.
Dorian Canton (havane et or) : au premier, une entière, une oreille ; au quatrième, une entière, avis, une oreille, sortie en triomphe.
El Rafi, Rafael Roucoule (gris et or) : au deuxième, un mete y saca, une entière, un descabello, salut ; au cinquième un pinchazo et une entière, silence.
Yon Lamothe (bleu marine et or) : au troisième, un mete y saca, une entière, avis, salut ; au dernier, trois pinchazos et une demie lame, silence.
Président, Pascal Lavigne, assesseurs, Pascal Darquié et Titouan Daudignon.
Le lot de toros de Pagès Mailhan était remarquablement présenté et il est sorti avec beaucoup de noblesse. Ces six toros ont été les acteurs d’une course pleine d’intérêt d’un bout à l’autre. Elle a été parachevée par la sortie en triomphe de Dorian Canton.
Venu en voisin, le Palois avait des envies de triomphe. Il l’affichait dès le paseo avec ce merveilleux sourire, à bouffer tous les toros du monde. Il concrétisa cette volonté dès le premier adversaire devant lequel il s’imposait après une belle série de véroniques. Dès lors, on allait admirer sa main gauche ; quelques pechos spectaculaires et autant d’ayudadas. Dorian avait un adversaire très collaborateur, même s’il ne laissait passer aucune erreur. Il sut mettre toute sa technique au service de sa volonté.
Pour sa seconde sortie, Il reviendra en esquissant deux statuaires, nous fera peur à la seconde et partira pour un début de série à genoux. Devant ce noble de Pagès-Mailhan, on l’appréciera sur les deux mains dans des passes profondes, lentes, avec souvent une muleta très basse. C’était le plaisir de toréer. Il le fit parfois un peu trop durer. Maîtrisant désormais l’épée, il s’offrit une oreille à chaque toro.
Ce bonheur de toréer, on ne l’a pas retrouvé chef Rafi qui n’a jamais su prendre la véritable mesure de ses adversaires. C’est étonnant car ce garçon aime bien faire et on le voit rarement en dessous des toros qu’il affronte. Mais samedi, Rafi n’a pu parvenir à imposer sa domination. Certes, on a pu l’apprécier dans quelques bons moments trop fugitifs, mais surtout il n’a pas su assurer la continuité de ses faenas. Lors de sa première sortie, on retiendra la façon dont il s’est « planté » au centre de la piste, immobile, le corps figé, lançant une série de derechazos et faisant progressivement humilier le toro. C’est dommage qu’il ne se soit pas imposé davantage, mais l’on sait qu’on le retrouvera rapidement.
Yon Lamothe qui a chaque fois brindé au public était en petite forme, hésitant trop souvent à se croiser devant les Pagès-Mailhan. Pourtant, il demeurait près des cornes, sans pour autant trouver le sitio… Une position pour impressionner ou pour démontrer le calme et la précision de sa tauromachie ? On pensait le retrouver avec le dernier toro, mais ce ne fut qu’un feu de paille. L’animal devenant rapidement soso et se figeant sur le sable, il refusait de suivre la muleta. Yon fut contraint d’abréger.
Une corrida qui a maintenu son intérêt jusqu’au dernier moment.
(Corridasi – Jean-Michel Dussol – Photo : Romain Tastet)