Beau temps, léger vent, deux tiers d’arène environ, six toros de la ganadería Yonnet, les 1, 2, 4 et 6 d’Hubert, les 3 et 5 de Françoise. Un lot d’excellente présentation, globalement décevant au cheval et inégal à la muleta. Le dernier, « Ultimo » – qui portait bien son nom ! – a été crédité de la vuelta posthume.
A l’issue du paseo, Hubert Yonnet a été honoré en piste, recevant une émouvante ovation bien méritée…
Au préalable, François Gilles s’était avancé en piste pour prononcer en termes choisis une allocution sur la valeur et la défense de nos traditions, le tout se terminant par la Coupo Santo… Un peu plus tard, une poignée de brise-burnes qui s’étaient immiscés sur les gradins se sont fait évacuer illico par les forces de l’ordre.
Paulita (silence et deux oreilles) a entamé les débats avec « Cupidon », une estampe applaudie à sa sortie pour ses hechuras, qui prit deux piques sans classe, le salpicado accusant une certaine faiblesse et une tendance à la distraction. Paulita tira quelques derechazos à l’arrachée, son adversaire ne s’employant guère. Echec aux aciers. Avec le quatrième, « Hermès », de meilleur son, Paulita brilla au capote sur un enchainement de réception véroniques/chicuelinas/demie, et après un tercio de piques inconsistant qui confirma le manque de forces de son opposant, il brinda à l’auditoire une faena comprenant quelques séquences suaves et ajustées ponctuées d’un espadazo.
Agustín de Espartinas (saluts et silence) tomba d’abord sur un adversaire qui prit deux piques sans histoire, sinon que le piquero perdit son palo sur le second assaut. Brindée à l’assistance, l’Andalou débuta avec une certaine allure en se fendant et poursuivit par derechazos harmonieux, son trasteo étant toutefois altéré par la charge noble, mais manquant d’allant de « Tempéras ». Estocodón qui selon moi, en relevant la sauce, aurait peut-être mérité mieux qu’un simple salut. Le cinquième ne justifia pas l’adage. Bien pris sur un premier assaut, mais ne se livrant pas, avant une seconde rencontre homéopathique, le ton était donné. Agustín se fit désarmer dès l’entame et la suite, assez brève, tourna vite au drame de la mésentente…
Camille Juan (saluts aux deux) afficha sa détermination sur la réception de son premier, « Spartacus », et en l’occurrence, c’est plutôt lui qui tint le rôle du gladiateur ! Auparavant, nouvelle évacuation manu militari de quelques braillards… Après deux piques sans grand éclat, le bicho s’avérant juste de forces, Camille brinda au public un trasteo marqué par sa volonté, arrachant quelques muletazos valeureux, sans toutefois pouvoir cuajer une faena totalement aboutie. Demie. Le dernier, un imposant castaño, sortit avec du jus et alla briser quelques planches avant de s’arranquer au cheval par trois fois pour prendre des doses bien cuidées. Ovation au piquero en musique puis brindis à l’assemblée d’une faena qui vit Camille afficher ganas et aguante face à un adversaire violent qui gardait la tête haute pour arracher à l’énergie quelques séquences au tracé méritoire, la conclusion en plusieurs rations de ferraille limitant l’impact de son labeur.
Vuelta al ruedo de « Ultimo »…
Le prix au meilleur matador a été attribué à Paulita.
Celui au meilleur piquero est allé à Gabin Rehabi.
Concernant l’atmosphère générale de cette première journée de corrida, se reporter à ma chronique du jour « Haute Tension »…