Cheveux mal attachés.
Sur la castañeta élimée de gris.
Front et sourcils à demi enfouis sous la montera de secunda mano.
Au moment où tout va commencer.
Yeux de désarroi.
Exposés aux regards de gamins illettrés.
Joues creuses.
Marquées de l’abstinence de toros.
Nez pincé de dépouille d’illusions.
Narines palpitantes d’alezan famélique.
Oreilles pour entendre.
Le silence de la disgrâce.
Et les éructations des planteurs de fèves.
En bérets de laine et voix éraillées de vin lourd.
Rides de ruine.
D’un exclus d’un monde autre.
Lèvres closes.
De la mise en veille du plaisir depuis ses débuts il y a si longtemps.
Dents de faim.
Celles du Juan Antonio Ruiz d’avant le Manolo González de Séville.
Menton prognathe.
Celui de Juan du manque d’amour.
Visage d’ombre d’un humble novillero sin caballos de vingt-sept ans.
En début de tarde de quinze août dans un pueblo assoté de fête foraine.
Pour l’unique.
Fecha de sa temporada.
Mais aussi et deux erales de desecho après.
Cheveux en broussaille de fête.
Tapotés sur sa nuque par des doigts avides aux ongles sales.
Front brillant.
Sous l’arc au néon de la Puerta Grande en madriers de bois.
Yeux écarquillés.
A l’heure où la lune verte fait de l’ombre à la pêche aux canards en barbe à papa.
Sourcils humides.
Des larmes silencieuses dont une vieille estropiée se gausse en les montrant du doigt.
Joues gonflées de l’orgueil.
Des trophées tranchés par le banderillero en habit de défroque et remis par un alguazil en tee-shirt déchiré.
Nez plein.
D’odeurs de sang, de grésil et de friture.
Oreilles assourdies.
Des applaudissements de mains calleuses et du bruit de fanfare débraillée.
Rides devenues lisses.
Par les clins d’œil des gamines en médailles de pacotille, jupes plissées, I-phones et ongles peints.
Bouche amochée qui malhabilement remercie.
Lèvres recousues d’un mauvais fil pour des baisers au ciel d’été de sa mère.
Dents pour croquer la nouvelle vie qu’il imagine aujourd’hui commencée.
Et menton d’empereur romain pour imposer le silence au Sénat.
De la louange courtisane.
Dans la chambre au miroir écaillé de la pension à l’étage.
Visage de soleil.
De soir de quinze août d’un humble novillero sin caballos.
Après
Sa tarde de gloire en costume déchiré.
A Vara del Rey.
Sur la N.310 entre San Clemente et Sisante.
Patrice Quiot