Près de ¾ d’entrée. Toros de Zacarías Moreno et Álvaro Núñez (2º).
MIGUEL ÁNGEL PERERA : palmas après avis et silence.
DANIEL LUQUE : deux oreilles et deux oreilles.
TOMÁS RUFO : oreille et deux oreilles.
Iván García y Jesús Arruga ont salué au 2ème ; Sergio Blasco et Fernando Sánchez ont salué au 6ème.
Juan Contreras a été blessé par le cinquième toro au genou gauche après avoir banderillé.
C’est une course qui fera date dans la temporada 2024 par la qualité du toreo proposé par Daniel Luque, l’entrega de Tomás Rufo et la variété du bétail de Zacarías Moreno. Le trapío des deux premiers fut contesté, mais par la suite la présentation ira a más, rendant l’ensemble acceptable pour une arène de première et correctement défendu.
C’est par son comportement que l’ensemble aura brillé : cette diversité aura donné le piquant nécessaire à la réussite de la tarde. Le lot de Perera s’est avéré le plus mauvais, le premier soso, le second (4ème) infumable se défendant sur place. Le premier adversaire de Luque (d’Álvaro Nuñez) se montra d’une grande noblesse sans mièvrerie, avec de la classe dans ses charges répétées, son suivant fut âpre, sur la défensive et ne se livra qu’avec parcimonie. Le troisième de la course, manso sous le cheval, se révéla sous la muleta et procura un combat émouvant, le sixième noble répétait avec classe mais s’est éteint plus vite que l’on aurait souhaité. Il ne faut pas trop en demander quand même !
Bien Perera à son premier avec sa maîtrise habituelle, mais il faut à l’Extremeño des oppositions plus solides pour nous émouvoir. Il tua d’une épée tendida et trasera : il y eut quelques applaudissements côté ombre. Le second qui avait refusé les piques et que les banderilleros ne purent lidier avec efficience ne lui laissa aucune option. Avec sagesse, il n’attendit pas pour prendre l’épée et s’en débarrassa d’un bajonazo de catégorie.
Le premier opposant de Luque avait de beaux quartiers de noblesse et de la transmission. Le torero de Gerena ne laissa pas passer cette crème, à la cape d’abord puis surtout à la muleta. Faena bien menée, très spectaculaire, conduite sans aucune de baisse de ton, sur un bon rythme, par le bas, qui déchaîna à juste titre l’enthousiasme maño. Les séries longues, conduites avec garbo, le corps relâché firent leur effet. Daniel conclut par une entière trasera qui fit tomber le toro sin puntilla. Gros succès. Le cinquième était moins amène et avait fait transpirer la cuadrilla, attrapant au passage son banderillero Juan Contreras. Luque prit les choses en main avec sérénité et après des débuts compliqués il fit taire les quelques impatients puis les velléités musicales intempestives. Il finit par trouver la bonne distance et dans le silence de plomb de la Misercordia, construisit une faena engagée, obligeant l’animal rétif à plonger dans sa muleta devenue sur la fin suave et douce. L’intelligence du toreo se manifesta de manière éclatante lors de ses instants stupéfiants. Il conclut par une entière un poil desprendida, mais coupa deux pavillons sous les clameurs d’un public qui ne revenait pas de cette démonstration de poder. Quel as !
La jeune garde ne pouvait être en reste et Tomás Rufo rivalisa dans un corte, un style, différent de son aîné. Il soumit un premier lui aussi rétif à première vue, sur lequel personne n’aurait parié un kopeck. L’animal manso regardait les planches et sortit seul de la cavalerie sans s’y être employé. C’est au centre que Rufo l’entreprit en vieux briscard et c’est loin du terrain de prédilection de son adversaire qu’il réalisa un ensemble très engagé, sans fioriture, basé sur la verticalité et la sincérité. Une entière et une oreille qui pour certains en valait deux. Le toledano aura sa revanche avec le second qu’il passa avec goût à la cape par delantales avant de commencer sa faena à genoux. Ce prélude de feu mit les tendidos debout ; faena moins complète que la précédente car le toro ira a menos. Il tua d’une entière d’effet immédiat et fut primé d’une double récompense pour l’ensemble de son œuvre.
Hier, sous la coupole de la Misericordia avec Luque et Rufo, le toreo était à son zénith…
Pierre Vidal – Corridasi