Confiteor…

 

 « Je confesse.

 

Que j’ai péché.

 

En pensée, en parole,

 

Par action et par omission».

 

 

 

Oui, je confesse :

 

 

 

Avoir mal pensé.

 

En jalousant les jambes de Michel Jazy.

 

L’écriture de Chateaubriand.

 

Et les harangues comme les oukases de Simon.

 

 

 

Avoir mal pensé.

 

En donnant plus d’affection aux arènes de Nîmes qu’à beaucoup d’autres.

 

A Paco du Sud qu’à Juan du Nord.

 

Et en n’en donnant aucune à certains les tenant pour des que no valen nada.

 

 

 

Avoir mal pensé.

 

En m’estimant sachant.

 

Infaillible.

 

Et en considérant les avis autres comme ineptes.

 

 

 

Oui, je confesse :

 

 

 

Avoir mal parlé.

 

En comparant Juan du Nord à Paco du Sud.

 

En lançant des anathèmes à l’un.

 

Et en donnant ma bénédiction à l’autre.

 

 

 

Avoir mal parlé.

 

En énonçant trop haut

 

En disant trop fort.

 

Et en tirant des conclusions définitives.

 

 

 

Avoir mal parlé.

 

En faisant le faux vertueux pour défendre une morale taurine de quincaille.

 

Faite de souvenirs galvaudés.

 

Et de sentiments de pacotille.

 

 

 

Oui, je confesse :

 

 

 

Avoir mal agi.

 

En ne me satisfaisant pas de ma seule opinion.

 

En ayant besoin de la conforter à l’aune des autres.

 

Et en faisant quelquefois miennes des analyses qui ne m’appartenaient pas.

 

 

 

Avoir mal agi.

 

En évitant des aficionados que je considérais comme des benêts.

 

En me délectant de pralines pendant qu’un gamin se jouait la vie.

 

Et en faisant roussir les poils des bras de Pierre-Albert Blain.

 

 

 

Avoir mal agi.

 

En arrivant aux arènes la tête lourde de ripailles et les quittant quelquefois avant la fin.

 

En envoyant la fumée de ma cigarette dans le nez du couple qui tapait des mains pendant le paseo.

 

Et en couvant des yeux le décolleté de ma voisine de tendido.

 

 

 

Oui, je confesse :

 

 

 

Avoir omis en mal.

 

En ne m’opposant pas beaucoup aux avis contraires.

 

En ne contestant pas suffisamment le catégorisme.

 

Et en cautionnant trop de méchancetés.

 

 

 

Avoir omis en mal.

 

En taisant que j’avais confondu race et impétuosité.

 

Noblesse et sosería.

 

Et en dissimulant que j’en avais honte.

 

 

 

Avoir omis en mal.

 

En m’abstenant de faire par défaut de courage.

 

En masquant mes incertitudes par manque de franchise.

 

Et en gardant pour moi que je préférais le toreo de Patrick à celui de Christian.

 

 

 

Oui, je confesse que j’ai péché.

 

En pensée, en parole, par action et par omission.

 

Et me frappe la poitrine en ajoutant :

 

Oui, j’ai vraiment péché”.

 

 

 

Même si.

 

Et peut-être à juste titre.

 

Comme écrivait Oscar Wilde.

 

«Le péché est le seul élément de couleur qui subsiste dans la vie moderne».

 

Datos

 

Le Confiteor est une prière catholique commune aux rites latins médiévaux et modernes, commençant par : « Je confesse » (en latin : Confiteor). Par cette formule, le fidèle se reconnaît pécheur.

 

Texte français du rite romain depuis 2021 :

 

« Je confesse à Dieu tout-puissant, je reconnais devant vous, frères et sœurs, que j’ai péché en pensée, en parole, par action et par omission. Oui, j’ai vraiment péché. C’est pourquoi je supplie la bienheureuse Vierge Marie, les anges et tous les saints, et vous aussi, frères et sœurs, de prier pour moi le Seigneur notre Dieu. »

 

La prière se déroule en deux temps :

 

Aveu de l’état de pécheur et demande d’intercession,

 

Demande de pardon, par laquelle celui ou celle qui préside la célébration demande la miséricorde de Dieu, le pardon des péchés et la vie éternelle.

 

 

Patrice Quiot