Cartel d’auteurs pour carteles de luxe à… « Las Cinco menos cinco » par Daniel J. Valade…                                                                                                                      

                                                                                                                    

Géniale idée que de faire lire et voir la corrida par trois passionnés inspirés. Un photographe : Blaise Volckaert ; un hyper spécialiste du monde de la corrida : Christophe Chay ; un journaliste et écrivain au style enrichi de tant de références littéraires et fils des Lumières : Jacques Durand. Trilogie de talents. Triangle équilatéral de compétences. L’ensemble publié et maquetté par une maison d’édition novatrice : Passiflore. Courez chez les libraires. Pour vous. Pour vos amis. C’est Noël !     

 

L’ouvrage est d’une réalisation remarquable. Format (presque) carré : 24 x 22 cm. On approche de la quadrature du cercle taurin ! Couverture forte. Papier de qualité. Typographie chic. Rendu des photos, toutes en noir/blanc d’une grande force. Bel(le) ouvrage, à tous les sens du mot.

 

Excellente idée que ce partage égalitaire autant que trinitaire des interventions des auteurs : deux pages consacrées à chaque torero. Page de droite : le texte, riche de références de C. Chay qui sait tout sur tout et tous.

 

Dates, lieux, élevages combattus, moments forts de la lidia, anecdotes éclairant la personnalité et le style des maestros. C’est aussi encyclopédique que d’agréable lecture. C. Chay est l’indispensable référence de l’univers de la corrida. Pour le passé, le présent et… l’avenir. A gauche : photo dans ce contraste fondamental du noir et du blanc, du ying et du yang, du pile ou face de l’acte taurin à l’incertitude omniprésente. Mort et (sur)vie. Blaise V. en rend la beauté géométrique, la profondeur (sur)humaine. Jacques Durand, la plume trempée dans le subtil, nous offre sa sagacité et ce regard à la fois distancié mais si fraternel qui est son art d’écrire. Ah ! Que n’eût-il dit sur le Pedro Romero des origines, Costillares ou tous ceux du XVIIIième siècle !

 

Les 64 références vont, dans l’ordre d’apparition en el ruedo, de José Tomás à Lalo de María. Il faut aller aux textes. Quant aux photos… Rafaelillo saluant le prêtre agenouillé dans la chapelle, qui ne le quittera pas de sa pensée. La tresse-coleta del Pana. La profonde sérénité de Manzanares. Padilla en pirate, vêtu d’un tee shirt « Manolete ». Rafi ou Patrick Varin coiffant leur montera avec ces gestes qui, au-delà de leur couvre-chef, leur permettent de se concentrer. L’alguazil Marc Marion, surpris assis et méditant sur les trophées à venir ou les moments complexes où son intervention sera attendue. Le Cid… campeador. Les lignes chez I. Fonseca. Mona Lisa ironiquement augmentée d’une montera ornant un burladero en présence de Manzanares. Padilla brandissant son fameux pavillon de frère de la côte. Morante, sous une montera très frisée et prisée, façon XVIIIième, avec la jugulaire règlementaire ; le regard en coin. Rafi, en majesté, mains aux hanches « sûr de lui et dominateur ». Marco Pérez en orant. 1/1000 de seconde de vérité d’Emilio de Justo. Superbe haute signée Talavante. A. Roca Rey faisant corps avec le toro, de dos, et pas un millimètre d’interstice. Superbe photo, quasiment anatomique de la musculature fascinante du toro de Ponce.  Détachement très philosophique de Lalo de María que le Montesquieu des « Lettres persanes » ou l’auteur des « Liaisons dangereuses » auraient pu (d)écrire. Et, pour couronner l’ensemble, le carnet de notes de C. Chay, mémoire essentielle si fondamental (le) pour lui et pour nous.

 

Subtilité, aussi, des photos de couverture : ce jeune torero, cinq minutes avant le paseo, archétype des espoirs que l’aficion et lui entretiennent, yeux clos, mains jointes, dans la solitude de quelle(s) pensée(s) ? Et, en clôture, brindis parfait de Juli, à Nîmes, pour tous les lecteurs de cet ouvrage.

 

Magnifique album aux textes raffinés, aux photos parfaites, aux données sans faille. Il éclairera la saison où les seules corridas sont données dans le Nouveau Monde. Nous bénéficions des compétences artistiques des trois Mages de l’Ancien, qui est la matrice de l’avenir des talents, pour magnifier une Culture et un Art…

D.J.V

https://www.editions-passiflore.com/tauromachie/170-las-cinco-menos-cinco-9782379461255.html