Monsieur Samuel…
Je l’avais rencontré par hasard à l’occasion d’une lointaine Féria de Nîmes. Il était une heure du matin et Pépère cherchait son hôtel ; brave comme je suis, je l’y avais accompagné et, autour d’un verre, on avait parlé…
Samuel Flores Romano, 80 ans, héritier de la huitième génération d’une famille de la Mancha, second propriétaire foncier d’Espagne est à la tête de 23.000 hectares, ce qui le positionne un peu devant la duchesse d’Albe qui détenait 20.000 hectares distribués entre Cordoue où elle possédait 17 propriétés, Séville, Cadix, l’Estrémadure et Salamanque mais loin derrière Juan Abelló et sa femme, l’aristocrate Ana Gamazo, à la tête de 40.000 hectares répartis en cinq propriétés à Tolède, quatre à Ciudad Real et une, la plus importante «Dehesa del Lobillo», à Jaén.
Les propriétés de Pépère, elles, se distribuent entre la Castille-La Mancha et l’Andalousie ; on dit que les bêtes de M. Samuel pourraient aller d’Albacete à Séville sans sortir de ses terres.
Plus de cinq cents bornes. C’est comme d’aller de Bezouce à Issoudun !!!
Près d’Albacete, à Povedilla, Pépère possède «El Palomar», la finca plus renommée, le fleuron du groupe avec 3.000 hectares ; à côté, à Alcaraz, M. Samuel a encore 5.000 hectares, juste comme ça, manière…
L’entreprise, dont Isabel la fille de M. Samuel, est vice-présidente, a son siège calle Lagasca à Madrid d’où on exploite «El Palomar» comme espace cynégétique de luxe. « Un paradis pour le chasseur » me précisa Monsieur Samuel en mettant quatre glaçons dans son gin-tonic. « On peut y voir jusqu’à mille perdrix dans une journée de chasse » me confia cet homme affable en rajoutant un autre glaçon à son drink.
Mille perdrix… Ça fait deux mille pattes et un montón de plumes !
L’autre grand centre d’opérations de M. Samuel se situe dans la Sierra Morena, vers Jaén, où se trouvent ses propriétés «Los Alarcones», «La Sardina» et «Agrupación San Agustin». La première se trouve à Andújar ; sur plus de 10.000 hectares y broutent les toros de M. Samuel et de sa cousine Manuela Augustina López Flores, membre influents de l’Opus Dei et qui préside « Agropecuaria Andaluza S.A» consacrée “à la culture de céréales et d’autres cultures” dixit Pépère. Je suis certain que, parmi les «autres cultures», la cousine de Pépère elle a dû mettre des kiwis…
Samuel possède en outre les propriétés «Crespillo», «Peña Parda» et «Robledillo» dont les bénéfices financent les fonds caritatifs de la Guardia Civil. M. Samuel apparaît aussi comme fondé de pouvoir de «Lanuza Beach, S.A», avec siège à Madrid, consacrée à la réalisation «d’œuvres singulières d’ingénierie» et de «Caflysa de Inversiones de Ingeniería, S.L», maison mère à Albacete spécialisée «dans la construction de ponts au Sahara espagnol » se permit de me préciser Pépère.
Enfin, à Cuenca, Monsieur Samuel siège comme conseiller de «Corporación Industrial Financiera de la Caja de Castilla-La Mancha» qui fut un temps sous la présidence de l’ex député socialiste Juan Pedro Hernández Moltó, longtemps en prison pour fraude fiscale.
En outre, M. Samuel est le beau-père d’Adolfo Suárez Illana, fils ainé du premier président de la démocratie espagnole de 1976 à 1981.
Voilà Monsieur Samuel.
Inutile de vous dire qu’il ne vote pas communiste, qu’il ne s’occupe jamais de déboucher le siphon de l’évier ou d’aller faire les courses au «Aldi» de l’avenue Bir-Hakeim et qu’il n’est pas vraiment concerné par l’allongement de l’âge de la retraite.
Par contre, si vous rencontrez Pépère au «Latino» ou au «4», je peux vous garantir qu’il aura les moyens de vous offrir une boisson alcoolisée ou une infusion bouillante en évoquant «Garcito», nº 16, lidié par Paquirri à l’occasion de la corrida de la Beneficencia de Madrid en 1980, ou «Loquito», n° 86, lidié par Iván García et élu toro le plus brave de la Feria de San Isidro de 1987.
Profitez de l’occasion et surtout n’hésitez pas, même si, tout bien pesé et outre le fait qu’il ne morde pas et qu’il soit très sympathique M. Samuel, je préfère boire un Ricard avec le «Rubio» et mon frère, une Suze avec Paul ou un verre de rosé avec Arlette.
Datos
Samuel Flores.
L’élevage a été fondé en 1796 par Gil Flores, dont Samuel Flores Romano est le septième descendant.
En 1926, le fer fut cédé à la mère de Samuel Flores, Manuela Augustina López Flores décédée en 2010.
Au troupeau composé essentiellement de race Jijona fut ajouté du bétail Veragua et Santa Coloma puis d’origine Parladé avec l’achat d’une partie de la ganadería Gamero Civico.
Divisa: Azul, encarnada y oro.
Señal : Zarcillo.
Antiguedad : 22 de abril de 1928.
Fincas : «El Palomar», Povedilla (Albacete) y “Los Alarcones” Andújar (Jaen).
Propietario : Agropecuaria de Sierra Morena, S.A.
Mayoral : Carmelo Clemente Núñez.
Temporada 2024 : Lidia toros en Huesca la tarde del 11 de agosto. Lidia toros en Albacete la tarde del 8 de septiembre.
Patrice Quiot