Parution du N°1439 : Un torero surréaliste…

 

Diego Bardón fut le torero excentrique par excellence. Laissons SimonCasas, qui le connut dans un bar de Saint-Germain-des-Prés, le décrire mieux que quiconque : « Diego Bardón était un personnage singulier que j’ai connu dans les années 1960 à Saint-Germain-des-Prés. Avec Fernando Arrabal, ils venaient de créer un département taurin dans le mouvement Protesta, un soubresaut du dadaïsme, et eut son heure de gloire en appliquant cette théorie à la tauromachie. Il toréait avec deux muletas et après l’estocade s’allongeait sur la dépouille du taureau pour se faire traîner avec elle par les mules de l’arrastre. Dans un théâtre parisien, il se fit même réellement blesser par Arrabal qui le frappa d’un coup de corne. Diego Bardón abandonna ses happenings tauromachiques au début de la transition espagnole et se consacra au journalisme. Le monde de la presse le lassa vite, alors il s’investit dans un challenge étrange : participer aux plus prestigieux marathons de la planète en courant en arrière… De New-York à Pékin, Diego courait chaque année, à reculons ! »

 

Bardón était originaire de Fuente el Mestre, d’une famille relativement aisée. Arrabal l’avait déclaré « torero panique » dans sa vision surréaliste du drame de l’arène. Tous deux étaient devenus ces dernières années de fervents « morantistes » et Bardón, il y a encore deux ou trois ferias, allait voir Morante à Séville ou à Madrid. J’avais retrouvé de son côté Arrabal l’an dernier à Paris lors de l’une des représentations de « Mary said what she said ». Sa passion pour Morante, même hors sujet, n’était point éteinte…