Retour avec Marc Serrano sur la troisième édition du festival solidaire de Méjanes…

 

Le 1er décembre, le matador nîmois, très impliqué dans les différentes initiatives de défense de la tauromachie, a remporté un Brindis d’Or au titre de l’organisation du festival caritatif « Un toro pour un Rêve d’Enfant ». Une distinction récompensant, outre la somme apportée par les bénéfices en faveur d’enfants malades, l’intérêt que porte Marc à la dimension humaine de son statut de torero et au-delà, la tauromachie lorsqu’elle sait se regrouper autour de nobles causes.

 

« Concernant le Festival de Méjanes dont c’était la troisième édition, il convient de souligner que l’on a pu donner plus de 18.000 euros sur l’opération 2024, ce qui représente en trois ans plus de 56.000 euros !

 

Comme je le dis, c’est le festival de tous car si tout le monde ne s’impliquait pas, autant sur les aficionados que chez les professionnels, ce festival ne pourrait pas exister. Je reviens brièvement sur son histoire pour dire qu’à la sortie d’un festival que j’avais toréé à Rodilhan, les responsables de l’association L’antenne de Nîmes de la CLE qui venait en aide aux familles d’enfants atteints de leucémie, m’avaient demandé d’en être le parrain. Le lendemain, je mangeais avec Philippe et Dominique Cuillé dans leur mas du Grand Badon et après avoir évoqué cette action solidaire, le ganadero m’a alors dit que ce serait bien d’organiser un festival. J’ai été un peu surpris par son idée car cela a un coût et il est toujours difficile de se lancer un peu à l’aveuglette. Il m’a alors proposé de me faire cadeau des six toros ! Bien entendu, cela changeait complètement la donne et ça devenait ainsi jouable. Il ne me restait plus qu’à en informer les professionnels afin que tout le monde joue le jeu et se montre solidaire. C’était donc parti pour plusieurs années de festival, avec aussi Vauvert et Samadet…

 

Ensuite, nous avons monté une association nommée « Un Toro pour un Rêve d’Enfant » dont je suis le président et qui est à la base de l’organisation du festival de Méjanes. Grâce aussi à l’aide de la famille Guillot et de Michelle Ricard qui nous ont mis le domaine de Méjanes à notre disposition, nous avons donc pu organiser ce festival. On est satisfait du résultat et aussi par le fait que l’aficion nous accompagne de manière assez positive et en définitive, c’est devenu une date qui a trouvé sa place dans le panorama taurin français.

 

Les deux associations récipiendaires des bénéfices, la CAMSP, service de Pédiatrie de l’Hôpital d’Arles, et le Dispositif Education les Capitelles de Nîmes, nous présentent chaque année leurs projets, leur bilan et les détails de l’utilisation des fonds recueillis pour leurs actions envers les enfants, ce qui est encourageant de par les résultats liés à cette initiative.

 

Il faut dire aussi que certaines associations ont refusé notre proposition d’action, essentiellement par peur de réactions négatives des anti-corridas. Par exemple, durant une dizaine d’années, je me rendais à l’hôpital de Nîmes, à titre personnel, pour distribuer des cadeaux la veille de Noël aux enfants malades, trop affaiblis pour retourner dans leur famille en cette période de fête. Puis l’organigramme a été remanié et la personne arrivée à la tête du service de pédiatrie nous a fait savoir après avoir accepté notre présence lors de sa première année d’exercice, qu’il ne souhait pas que cette opération fasse l’objet de la moindre information à l’extérieur. Il faut dire qu’il avait reçu pas mal de courriers défavorables, les antis exerçant une grosse pression. Donc, malgré l’accord du directeur de l’hôpital, la situation se compliquait, d’autant plus que précédemment, un don avait aussi été refusé. C’est alors que nous avons dû nous retourner vers d’autres associations…

 

Pour revenir au dernier festival, je pense que ça a été la même implication que les années précédentes, à savoir que tout le monde a joué le jeu. On a d’ailleurs vu le résultat, et sans ça, on n’aurait pas pu reverser cette somme, comme évoqué plus haut. Notre parrain Claude Viallat a été présent et a lui aussi joué le jeu, nous permettant de vendre des sérigraphies d’affiches dont le produit de la vente a été ajouté aux bénéfices. J’ajoute que tous les professionnels qui ont foulé le ruedo l’ont fait à titre bénévole, tout comme les éleveurs qui ont contribué à rendre ce festival possible grâce à leur geste généreux. 

Claude Viallat 

Je pourrais ajouter d’autres catégories de personnes, il n’y avait pas d’invitations et tout le monde a donc mis la main à la pâte. Pour résumer, on va dire que tous ont apporté leur pierre à l’édifice…

 

Artistiquement, je suis plutôt content du résultat, on a eu plusieurs toros intéressants et de belle présentation pour cette catégorie de course, ce qui a conforté aussi la progression du niveau des élevages français. Côté toreros, tous ont donné le maximum, donc je pense que dans l’ensemble, le spectacle a été satisfaisant.

 

Cette année, côté éleveurs, ça a été un peu plus difficile que les années précédentes parce qu’il est vrai que la conjoncture a été moins favorable, ce qui a été tant mieux pour eux dans la mesure où ils ont été davantage sollicités pour la vente de leurs produits, mais on a pu tout de même trouver des solutions. Quant aux toreros, on donne la priorité aux français, il y en a qui acceptent et d’autres qui refusent. On ne va pas entrer dans les détails, mais il y en a aussi d’autres qui appellent, la règle étant que dans la mesure du possible, on essaie petit à petit d’inclure toux ceux qui sont demandeurs.

 

A propos du festival de l’année prochaine, effectivement j’y pense déjà, ne serait-ce que pour trouver la date la plus adéquate, en espérant qu’on puisse l’annoncer assez rapidement. Pour le reste, je crois que la formule actuelle se défend, y compris le bolsín matinal qui permet de faire fonctionner quelques jeunes des écoles taurines. A ce sujet, le fait que les gens votent pour désigner le vainqueur appelé à intégrer le festival de la tarde est quelque chose d’important dans le domaine de l’implication.

 

En ce qui concerne la confection du cartel, j’en suis encore très loin, on a le temps mais chaque chose se fera en son temps. Je retiens encore la satisfaction de la dernière édition, avec en outre une météo favorable, quant à la date et le lieu, on devrait partir sur le même concept.

 

Signalons encore que Marc est actuellement président de l’Association des Matadors de Toros Français (AMTF) et qu’il a participé très activement à la défense de la tauromachie lorsqu’elle a été récemment attaquée…

Pour conclure, et sur un plan personnel, outre l’aspect humanitaire de ma trajectoire, je tiens à rappeler que j’ai pris l’alternative à Nîmes il y a vingt-cinq ans avec une corrida de Cuadri, El Zotoluco étant mon parrain et José Luis Moreno mon témoin. Il est évident que j’aimerais fêter ce quart de siècle, qui n’est pas quelque chose d’anodin. En cette période de vœux, il m’est impossible de penser à une autre arène que celle de Nîmes, ce qui serait pour moi le plus beau des cadeaux !!! »

 

Enhorabuena pour l’implication dans le cadre des actions menées, que ce soit, outre le toreo, pour la transmission ou pour la solidarité. Et bien évidemment, suerte pour 2025…