Taurotraumatologie : naissance d‘une science…

Dès 1873, la juxtaposition des deux mots est employée. Cette ancêtre de la chirurgie taurine est mise en lumière par Jiménez y Cabanas ; Greus dans « Encyclopedia Internacional de Cirugía », tous deux médecins.

En 1945, le chirurgien chef des arènes de Valencia édite un ouvrage (1) sous le titre éponyme, c’est le premier livre sur le sujet.

 

Après le classique rappel historique sur « la fiesta brava », la clef de voûte des résultats post opératoire tient en un mot PÉNICILLINE. Le Dr Alexander Fleming sera récompensé par le prix Nobel de Médecine qu’il partagera avec Chain et Florey. Lui seul sera statufié sur le parvis de « Las Ventas ». Des millions de vies seront sauvées par cette découverte (2),

 

Belles histoires, drames et anecdotes sidérantes émaillent le texte, voici deux exemples :

 

Un jeune torero dans une modeste arène « brinde » son toro à un personnage important, car en barrera, ce dernier lui envoie un paquet immédiatement glissé sous le gilet (chaleco).

 

Dès la deuxième passe de muleta, une sévère bousculade interrompt le combat.

 

Inanimé, l’homme est amené à l‘infirmerie pour exploration d‘une blessure thoracique, le praticien découvre une masse rougeâtre suintante d’un liquide jaune, immédiatement est posée la possibilité d’une plaie cardio pulmonaire. Le blessé reprend ses esprits et donne le diagnostic : c’est un crabe cuit offert par son mécène !

 

Un torero natif de Málaga, homme vaillant, il est spécialiste des Miura portugais : les Palha, il reçoit un fort coup de corne en posant les banderilles, conscient le chirurgien lui explique la nécessité d’une anesthésie ; le patient refuse toutes les techniques locales, régionales, générales. Il évoque la technique dite « Al cognac ». Après délibération de la faculté, le breuvage est amené et administré au goulot, résultat parfait.

 

Le patient était Matías Lara « Larita », la thérapeutique fut nommée anesthésie au cognac technique Larita.

 

Cet ouvrage fut trouvé à la librairie Rodríguez aux arènes de Madrid ; il fait état au-delà des anecdotes, d’une démarche chère au médecin français Claude Bernard soit « l’expérience est la conséquence vérifiable de l’hypothèse ».   A méditer. 

        

 Jacques Lanfranchi « El Kallista »

 

(1) L’ouvrage fut édité grâce à la fabrique de produits chimiques et pharmaceutiques de Bilbao. De nos jours, ce serait un conflit d’intérêt.

 (2) Les premières études sur la pénicilline furent l’apanage d’un médecin français, Ernest Duchêne, en 1895, incompris par ses pairs à l ‘époque…

 (3) Le premier antibiotique fut découvert en 1928, mais utilisé seulement au début de la  guerre 1939-1945.