Faisons plus ample connaissance avec Clovis Germain, autre jeune aspirant qui fera le paseo à Bellegarde pour le Trophée Castella 2025…
Après Pablo Sánchez, au tour de Clovis de se dévoiler afin que les aficionados le connaissent un peu mieux. Un jeune très talentueux qui a débuté en non piquée à Fourques lors d’un mano a mano avec Victor.
Avec trois oreilles dans son escarcelle, il ne pouvait pas mieux débuter dans sa nouvelle catégorie, ce qui laisse augurer une temporada 2025 prolifique en engagements, avec en début de saison ce challenge de Bellegarde…
« Où habites-tu actuellement ?
Je partage ma vie entre Garons, Mont-de-Marsan et Béziers, en fonction des entraînements avec l’école taurine de Béziers, ou bien avec le maestro Thomas Dufau, ou encore ici à Fourques.
Comment et à partir de quel âge as-tu voulu devenir torero ?
En 2018 j’ai vu une corrida de Victorino à Nîmes qui m’a vraiment marqué. Ce jour-là, on a vu le triomphe, la gloire, la tragédie aussi avec Pepe Moral qui a été héroïque. Quand je suis rentré à la maison, j’ai demandé à mes parents de m’inscrire à l’école taurine. A partir de là, il y a eu une attirance de plus en plus forte vers le taureau.
A l’école de tauromachie de Béziers, qui est ton professeur ?
Le maestro Tomas Cerqueira s’occupe de l’apprentissage technique avec des cours de toreo de salon, puis on se fait des toros entre élèves. Christian Parejo s’entraîne aussi avec nous.
Comment se sont déroulés tes progrès tout au long de la saison 2024 de février à Fourques pour tes débuts en sans picadors ?
Le début de 2024 a été un peu en dent de scie, il y a eu du bon et du moins bon. J’ai essayé toute la saison de corriger mes erreurs, avec plus ou moins de succès. Bien-sûr, en ligne de mire il y avait des débuts en sans picadors, donc l’objectif était d’arriver prêt à Fourques. Il y a eu de bons moments, comme Valencia ou Granada, et des moments plus durs. Mais à la fin, il faut retirer des leçons de ses échecs. Je suis donc arrivé à Fourques avec beaucoup de responsabilité sur les épaules et c’est bien normal.
Maintenant qu’une saison importante s’ouvre à toi, comment juges-tu ton niveau technique et artistique ?
Il y a toujours des choses à améliorer. On s’améliore pendant toute sa vie, et moi qui ne suis qu’au début j’ai encore beaucoup de progrès à faire. Evidemment, je me suis mis devant des bêtes pendant la saison 2024 et c’est là qu’on apprend le plus. Juger de mon niveau, c’est assez difficile et c’est au public de le faire. Je dirais juste que j’ai pris confiance devant les animaux et que je commence à comprendre les difficultés que posent chaque toro.
Que penses-tu devoir améliorer dans ta tauromachie (le cas échéant) ?
Comme je viens de te le dire, on apprend toute sa vie. On s’inspire de ce qui se fait de meilleur, on essaye de le refaire devant une bête. Au capote il faut arriver à parer les toros, à prendre la mesure de leurs charges, à leur imposer mon rythme, et c’est pareil à la muleta. Rechercher aussi la profondeur, la pureté. Tout ça n’est pas facile, il faut tous les jours se remettre en question !
Quelles sont tes suertes préférées (capote-muleta) ?
Mon objectif est d’être à l’aise dans toutes les suertes. Au capote, il y a les classiques mais qui sont fondamentaux, on peut rêver de péguer la véronique parfaite. A la muleta, j’aime toréer de la main gauche, mais il faut savoir marcher sur ses deux jambes. J’écoutais une vidéo du maestro Joselito qui disait que l’important c’était que chaque passe à la muleta sorte du cœur et que ça se ressente au bout des doigts. Il y a aussi les banderilles, je m’entraîne beaucoup au chariot, je crois que c’est important de novillero d’apporter de la fraîcheur et de l’alegría.
Quels sont tes toreros références, actuels et/ou de l’histoire ?
Actuellement, celui qui porte le toreo sur ses épaules, c’est Roca Rey ; il est numéro 1 et ce n’est pas pour rien, il est capable de faire tous les après-midis des efforts surhumains. Donc évidemment, ça fait rêver le débutant que je suis. Le maestro Castella est un autre exemple à suivre, il est arrivé au sommet et continue de se réinventer, de rechercher la perfection. Bien-sûr, il y a beaucoup à prendre chez tous les autres, les plus artistes comme Morante ou Ortega, et même chez les plus lidiadors comme Fernando Robleño. Ensuite, si on parle des toreros qui ont fait l’histoire, il y en a un qui par son parcours me marque particulièrement, c’est Nimeño II. C’est un exemple de volonté, d’entrega, de passion. Je regrette de ne pas l’avoir connu, mais je crois que c’était humainement aussi un exemple à suivre.
Outre la tauromachie, quelles sont tes autres activités quotidiennes ?
En fait, c’est assez lié au toro ; il faut une bonne condition physique pour se mettre devant un animal, donc outre le toreo de salon, je fais beaucoup de sport, de la course à pied, du tennis, du foot… Après, quand je suis dans les Landes, je vais à la chasse aussi, ça permet de s’aérer l’esprit et de penser à autre chose. Mais bien-sûr, on revient vite aux entraînements.
Comment, où et avec qui t’entraines-tu ?
Quand je suis à Nîmes, c’est Chico Leal qui me conseille, c’est avec lui que je m’entraîne, avec tous les matadors et les novilleros qui s’entraînent là aussi. Il y a cette ambiance à Caissargues où tout le monde s’entraîne ensemble, et c’est utile pour apprendre de leur expérience. Ça permet vraiment de partager, ils voient des choses auxquelles je ne fais pas forcément attention. Après, il y a les moments où je suis à Béziers et dont je t’ai parlé. Puis il y a Mont de Marsan où je m’entraîne avec Thomas Dufau et Mathieu Guillon. On se fait des toros et sa vision de banderillero est un plus, surtout quand on s’entraîne aux banderilles.
As-tu un type de toro préféré ? Un encaste ?
Je ne vais pas te dire que j’ai tout vu, je commence à peine, mais bien sûr un toro avec du moteur, de la répétition, de la classe… Et ça on peut le retrouver dans différents encastes. Quand tu regardes toutes les corridas qui sortent, il y a du très bon dans le Domecq, dans le Nuñez, mais le Santa Coloma a des qualités extraordinaires aussi. Il faut de tout, de la diversité.
Comment vois-tu l’avenir de ta carrière ?
Il y a l’objectif final, qui est presque un rêve de gosse, être figura du toreo. Mais avant ça, il y a un long chemin, on est nombreux à vouloir être torero, tous avec nos qualités et nos défauts. Donc tous les jours, il faut travailler, faire la course contre soi-même et au final le seul juge, c’est le toro, il nous remet toujours à notre place. J’ai besoin de me challenger, de me pousser dans mes retranchements, de sortir de ma zone de confort pour progresser. Je me fixe des objectifs qui sont hauts, mais je crois que pour arriver dans ce milieu-là c’est nécessaire.
Tu es jeune, mais penses-tu déjà à débuter en novillada piquée ?
Il faut que je m’en donne les moyens, et c’est pour ça que cette saison est cruciale. Être à la hauteur tous les après-midis, trouver les solutions aux problèmes…
Quels sont tes objectifs pour 2025 ?
Comme je te le dis, des organisateurs me font confiance, m’ouvrent les portes de leurs arènes, il ne faut pas décevoir, ni le public, ni tous ceux qui m’entourent. Pas à pas, arènes après arènes, il faut donner le meilleur de moi-même. Il n’y a pas de petite ou de grande arène pour moi actuellement, il faut être bien chaque après-midi. Donc il faut couper des oreilles lors de toutes mes tardes, ne pas laisser passer un toro.
Que représente pour toi ta présence à Bellegarde le 30 mars prochain pour le Trophée Sébastien Castella ?
Ce sera ma première course de la saison chez moi. C’est un honneur de pouvoir toréer cette course, de tenter de remporter le Trophée du Maestro Castella. Comme c’est un honneur, c’est aussi une grande responsabilité. Encore une fois, je prends chaque étape une par une, et cette course est une étape importante. Là aussi, donner tout ce que j’ai pour pouvoir triompher dans ces arènes… »
On peut aisément supposer que le 30 mars, ses deux compañeros du jour ne franchiront pas les Pyrénées pour jouer le rôle d’aimables figurants ! Mais avec ce qu’il a déjà montré, ne serait-ce qu’à Fourques, on peut raisonnablement penser qu’il sera à la hauteur de l’événement. C’est en tout cas ce qu’on lui souhaite. Suerte, Clovis !