Viaje en simili haïkus…

 

Séville.

 

Dans l’arène ocre.

Un cantaor flamenco.

En habit du dimanche.

 

Jerez.

 

Egrener les passes.

En chapelet.

Pour honorer le Prendimiento.

 

Ronda.

 

Une arène au bord du ravin.

Qui a donné naissance.

A la mort du toro.

 

Valencia.

 

La Vierge des Désemparés.

L’œil de Granero.

Et le cœur ouvert de Montoliú.

 

Cordoue.

 

Dans le sable de l’Histoire.

Les tombes de quatre Califes.

Racontent le cirque humain.

 

Grenade.

 

Malgré la Reconquista.

Les corbeilles d’osier des gitans du Sacromonte.

Devant les portes des palais nasrides.

 

Écija.

 

Restituer la nuit.

Le feu de la journée.

En ressuscitant Ostos.

 

Madrid.

 

Sortant par la grande porte.

D’un temple zen.

Quand vient la nuit étoilée.

 

Bilbao.

 

Pluie grise.

Les toros sur ce gris.

Croisent leurs cornes.

 

Dax.

 

A travers les moucharabiehs.

La lune du parc jette.

L’ombre du «Sardinero» de la gloire de Luque.

 

Pamplona.

 

Puisqu’il le faut.

Entraînons-nous à courir.

À l’ombre des fleurs.

 

Saragosse.

 

Matin de brume.

La flèche de la cathédrale.

Et la pointe de ses seins.

 

Nîmes.

 

Sous les voutes de pierre.

Un chant de cigales.

Conte la faena de la chaise.

 

Béjar, Torremocha, Cabeza del Buey y otros pueblos de mala muerte.

 

Qu’il est digne d’admiration.

Celui qui, devant l’éclair.

Ne pense pas.

 

Datos

Le haïku est une forme poétique calligraphiée et très codifiée d’origine japonaise et dont la paternité, dans son esprit actuel, est attribuée au poète Bashō Matsuo (1644-1694) ; il s’agit d’un petit poème, extrêmement bref, visant à dire l’évanescence des choses.

Les haïkus ne sont connus en Occident que depuis le début du XXe siècle. Les écrivains occidentaux ont alors tenté de s’inspirer de cette forme de poésie brève et ont la plupart du temps choisi de la transposer sous la forme d’un tercet de 5, 7 et 5 syllabes bien que des libertés puissent être prises.

Patrice Quiot