Parution du N°1457 : Quand tout s’éteint…
Sur le papier, le plan était parfait. Le train à grande vitesse qui nous amenait de Saragosse à Séville faisait escale à Puertollano. L’occasion de voir Léa Vicens, Marco Pérez et Olga Casado le 27 avril (voir dernier numéro). Le lendemain, il suffisait de reprendre le même train à Puertollano pour arriver en début d’après-midi à Séville et y voir le «mano a mano» entre Marco et Zulueta. Mais vers 12h30, le train s’arrêta quinze minutes avant d’atteindre Cordoue, entre deux tunnels, en pleine campagne. D’un côté une colline, de l’autre un ravin. Au bout de quelques minutes, le personnel de Renfe vint nous informer qu’il y avait eu une coupure brutale sur tout le réseau ferroviaire. En fait, il s’agissait d’une gigantesque coupure d’électricité affectant toute l’Espagne, une partie du Portugal et une petite partie du sud de la France. Elle devait durer jusqu’au lendemain.
Peu à peu les langues se délièrent et les voyageurs confinés sympathisèrent. Dans la voiture «silence», je me rendis compte que beaucoup d’aficionados allaient comme moi à Séville : le novillero Villita, le président des abonnés de Valencia Agustín Colomar Soler, le «gallego» Javier fils d’un novillero des années cinquante, le tolédan José Luis Redondo ami des Lorenzo, une fan de Morante, un partisan de Zulueta, et on tua le temps en enchaînant les tertulias. Comme tous les réseaux étaient tombés, il n’y avait plus aucune connexion avec l’extérieur. Ni aucune information. Nous avions alors une seule certitude : la novillada de Séville, sans électricité dans la ville, ne pouvait être qu’annulée. Maigre consolation. Quelle ne fut pas notre surprise d’apprendre, le lendemain matin, qu’elle avait bien eu lieu alors que les autorités du pays décrétaient une vigilance de niveau 3 et conseillaient à tous les habitants de ne pas sortir de chez eux…
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