Les trois premières lettres du Who’s who del miedo… (2)
C
Caramelo. De l’élevage de Manuel Suárez Jiménez, il a connu un sort extraordinaire. Il fut présenté une première fois à Madrid le jour de l’Ascension de 1848 où il affronta, selon les usages de cette époque romantique, un lion enfermé dans une cage dont il se débarrassa sans aucune peine, puis un tigre qui connut le même sort. Exalté par ces victoires félines, on dut le rentrer, non sans mal, dans les corrales à grand renfort de capotazos. On le revit trois semaines plus tard sur ce même sable où après avoir pris douze piques et tué trois chevaux, le public madrilène demanda et obtint sa grâce. L’histoire conte qu’il refit sa réapparition le 11 novembre de cette même année en plaza de Salamanca, une guirlande de fleurs autour du cou et grâce à son comportement exemplaire obtint un nouvel indulto. En piste, une troisième fois l’année suivante, Caramelo fut finalement occis par le matador Ángel López «Regatero» (17/11/1826-28/03/1898) dans le ruedo bilbaino.
Castellano, colorado, de 575 kg, lidiié le 13 juillet 1995 à Pampelune, qui lors de l’encierro tua le corredor américain Matthew Peter Tassio.
Cervato. De la ganadería de Manuel Bañuelos y Salcedo. Ce retinto oscuro d’origine Jijón s’échappa le 18 avril 1858 de l’encierro qui devait le conduire à la plaza de toros de la Puerta de Alcalá de Madrid. Apeuré, il descendit la rue de Alcalá, jusqu’au Paseo del Prado, entra dans le quartier du Barquillo et parvint à la rue de la Libertad. Dans son escapade, il tua un étudiant vétérinaire, une mule, et blessa trois personnes dont « Tío Luis », le mayoral des arènes. Après cette aventure, on put enfin enchiquear le cornu qui sera couru le lendemain où il prit vingt et une piques. Il fut tué d’un pinchazo et d’une estocade entière après une faena de neuf naturelles et d’un pecho par le torero sévillan Antonio Sánchez “El Tato” qui alternait ce jour-là avec son beau-frère Curro Cúchares.
Chocero. Castaño encendido, ojo de perdiz, meleno, astillado du pitón droit et appartenant à la ganadería de Miura, après avoir donné un puntazo à un mozo de caballo, transperça mortellement le 23 mai 1875 le cou du banderillero Mariano Canet Lozano « Llusío » (né le 1/09/1843) dans la plaza de toros de la carretera de Aragón de Madrid.
Cocinero. Berendo de Gamero Cívico où de Benjumea couru en sixième position le 22 avril 1917 ouvrit pratiquement en deux l’infortuné torero de Saragosse Florentino González Ballesteros (né le 11/01/1893) qui décédera deux jours plus tard. Le coup de corne lui fut assené au même endroit que celui infligé par un bicho de Urcola, dans la poitrine, l’année précédente, lors de son alternative reçue des mains du maestro Joselito.
Comisario ou Molinero (les sources divergent). Ce toro navarrais, colorado, de la ganadería de Ripamilan, lidié à Barcelone le 14 avril 1895 a une histoire insolite. Il échut au matador de taureau landais Pierre Cazenabe « Félix Robert »(1862/1916) qui, mis à part son origine, a marqué les esprits car il a été le seul torero de l’histoire à porter des moustaches. Son toro sauta dans les gradins où il sema la confusion sans blesser personne. Le maestro Vicente Ferrer présent dans les tendidos tenta de l’immobiliser en le prenant par les cornes, tandis que le second matador de turno Antonio Fuentes le bloquait en lui tirant la queue. Le bicho maîtrisé, un garde civil l’abattit, mais du même coup blessa mortellement un employé des arènes.
Coriano. Un toro de Bornos lidié le 23 juin 1771 au Puerto de Santa María en cinquième position et qui incombait au torero José Cándido Expósito (né le 30/11/1734). Ce toro qui portait le même nom qu’un picador de José Cándido accrocha le matador à la sortie d’un quite et le prit ensuite par une corne et par l’autre. José Cándido Expósito décéda le lendemain. Coriano passa dans l’histoire pour avoir été le nom du premier toro qui blessa mortellement un professionnel du toreo.
Corucho, de la ganadería de Pablo Romero, lidié le 30 avril 1899 à Valencia, blessa Francisco Aparici “Fabrilo” (né le 17/11/1868), blessure dont il mourut quelques jours après.
Cubatisto, toro negro zaíno de la ganadería d’Atanasio Fernández, lidié le 1er mai 1992 par José Mari Manzanares à la Maestranza de Sevilla. A l’occasion d’une paire de banderilles, il prit Manolo Montoliú (né le 2/01/1954) au thorax. Le banderillero mourut à l’infirmerie de la plaza.
Cucharero. Certainement un des plus imposant cornu que l’on n’ait jamais couru dans les ruedos. Ce toro de don Anastasio Martín a été lidié dans les arènes de Málaga le 3 juin 1877. Son mufle arrivait sans lever la tête au-dessus de la barrière. Les picadors du matador Rafael Molina “Lagartijo” furent malmenés, un se fit casser la clavicule gauche, le second projeter la tête la première dans le callejón, les banderilleros n’eurent pas plus de succès et ne réussirent qu’à poser deux demi paires de harpons. Quant à Lagartijo, il fut incapable de donner une seule passe correcte et tua finalement au bout d’une demi-heure ce terrifiant monstre cornu. A la demande du matador, la tête, fut prélevée ; elle pesait près de 110 kg et naturalisée, elle vint orner sa demeure cordouane. Le torero, de retour de juerga au petit matin, défoulait parfois sa fureur alcoolique sur ce désormais inoffensif trophée.
Cuchareto, de la ganadería de Hoyo de la Gitana, accrocha mortellement le 11 août 1974 à la Monumental de Barcelone le torero José Falcón (né le 30/08/1942). Très marqués par cette tragédie, les éleveurs, les enfants de Don Alipio Pérez-Tabernero changeront le nom de l’élevage en Pilar Poblacíón del Castillo, appellation maintenue durant vingt-cinq ans.
Sources : Cercle taurin biterrois et autres…
Ça suffit, non… ?
La suite… ? On verra.
Mais, en tout cas, pas demain !!!
Patrice Quiot
(NDLR : Victor a triomphé à Soustons. Compte rendu demain…)