En forme de seul contre six… (2)

 

Mon troisième.

S’appelait «Culturoso».

Il avait.

Tout.

 

La race de Voltaire.

La noblesse de Racine.

Le piquant d’Artaud.

La profondeur de Yourcenar.

 

Splendide d’exigence.

«Culturoso» s’arranquait.

A la recherche du temps perdu de Marcel au visage blanc.

Immense de générosité, il m’enivrait comme les «Alcools» de Guillaume, el de la corna’ en el frente.

 

Venant en pleins et en déliés.

En strophes et paragraphes.

Il m’enchantait tout en m’effrayant.

Ma pelea avec lui fut un lucero de ma vie.

 

On me refusa l’indulto.

Du vitam aeternam que pour lui je demandai.

Et «Culturoso» mourut.

Dans une poussière d’in octavo.

 

«Juerga».s’appelait mon quatrième.

Entrepelado de tontería, mesclado de Groucho Marx.

Con un cuajo d’Ernest pour ce qui touchait à la gamelle et à la bibine.

Et una entrega de Frankie Sinatra pour ce qui touchait au pétun ou aux gonzesses.

 

Il allait et venait a su aire.

Du «Napoléon» au «Taxi Bar», du «Serranito» à la «Cafetería Donald».

De «La Burgalesa» à «Dorin».

De la vie à la vie.

 

Quelquefois résolu, souvent inconstant.

Il procédait par spontanéité, sans logique aucune.

Et excellait dans l’improvisation.

Sans tenir compte des conséquences.

 

Tardo dans le capote de la normalité.

Se cobró vida quand je lui présentai la muleta de l’impromptu ou de l’extravagance.

Qu’il prenait goulûment avec plaisir.

Et sans vice aucun.

 

J’adorai.«Juerga».

Son corte était le mien.

Il mourut.

En riant.

 

A suivre…

Patrice Quiot