En forme de seul contre six… (3)

 

«Jubilado» sortit en cinquième.

Il se refusait à embestir en robe de chambre, les cornes en charentaises, l’œil éteint de résignation.

Comme il se refusait à fermer la porte de son enclos.

Dès qu’il avait fini de manger a l’anochecer.

 

Il était à contre-style de son patronyme.

Il aimait la vie.

Celle pas enfermée « dans la solitude d’un long hiver » de Blondin.

Et il convenait de le toréer dans son corte.

 

C’est dans cet esprit qu’il prenait la muleta.

Allant et venant avec l’entrain.

Des vagues d’une marée d’équinoxe.

Répétant sa charge avec l’abandon d’une jeune esclave.

 

Ému, je ne pus me résoudre à le tuer.

D’une estocade dans la grandeur de la règle.

Déçu, «Jubilado» mourut.

D’aburrimiento.

 

«Cumpleaños» s’appelait le dernier.

Chocolat et crème au beurre de capa il était.

Et avec des cornes en nougatine.

Con el brillo d’un glaçage en sucre il vint.

 

Il portait sur sa paleta.

Le 76 qui en chiffre d’homme.

Disait.

Mon âge.

 

Dans la cape, il s’essayait à avoir la tessiture d’un aria de Mozart chanté par Callas.

A la pique la bravoure d’une harangue de Robespierre à la Convention.

Aux banderilles la course claire de la comète de Halley.

Et à la muleta celle retenue et grave d’une page de Chateaubriand.

 

Il essayait.

Mais n’y parvenait pas.

La vieillesse.

Lui imposait ses terrains.

 

De la même façon.

Qu’il n’était pas parvenu.

Par défaut d’audace.

A faire de sa vie un roman.

 

Mais en venant por dentro tout près de moi.

Et en me murmurant.

Le guarismo marqué au feu sur son épaule.

Il m’enseignait sans fard le temps qui passe.

 

«Cumpleaños» mourut en me regardant.

Quand commençait à tomber la nuit.

Je lui en sus gré.

Mais je compris le signe…

 

Patrice Quiot