Pour son alternative, sortie a hombros par la Porte des Consuls d’Aarón Palacio…

 

Beau temps, arènes quasiment pleines. Six toros de Jandilla plus un sobrero sorti en deuxième position après que le titulaire ait été mis hors combat suite à un claquage à sa patte avant gauche. Un lot bien présenté dont plusieurs exemplaires ont mérité la mention, la palme allant au cuarto, Truchero, qui a été crédité de la vuelta posthume.

 

Aarón Palacio : oreille et deux oreilles.

Andrés Roca Rey : saluts aux deux.

Pablo Aguado : deux oreilles et saluts.

 

Cette corrida a incontestablement réservé pas mal de séquences de bonne note de la part des trois diestros et… de plusieurs bons toros de Borja Domecq. Commençons par l’alternative d’Aarón Palacio qui est venu justifier dans l’amphithéâtre romain les belles dispositions que l’on avait pu vérifier lorsqu’il n’était encore que novillero. Le protégé d’El Tato a rendu une copie comprenant plusieurs séquences méritoires face à « Vicioso », à commencer par deux largas suivies d’un bon capoteo pour accueillir le toro de la cérémonie. Une bien belle manière d’afficher ses ganas confirmées plus tard face à un toro noble, mais limité toutefois en forces. De la belle ouvrage en somme, primée après conclusion par entière au second envoi d’une première oreille dans sa nouvelle catégorie.

Deux heures plus tard, il alla s’agenouiller face au toril pour une réception a portagayola suivie d’une grande série de véroniques qui déclencha la musique. Faena de grand mérite à base de courage et d’entrega qui a transmis à l’auditoire, au point de se féliciter de le voir recueillir deux nouveaux trophées après néanmoins une estocade tombée. Mais incontestablement, l’Aragonais avait su séduire les aficionados qui lui ont réservé une belle ovation au moment de quitter l’arène par la Porte des Consuls.

 

Son parrain Andrés Roca Rey n’a pas emprunté le même chemin pour prendre congé, et pourtant, il avait peut-être exécuté ce jour une de ses plus grandes faenas en ce lieu. Auparavant, il avait eu l’infortune de voir son premier client se blesser en piste, comme mentionné plus haut. Sortit à sa place un remiendo du même fer qui provoqua un batacazo avant de continuer à exprimer sa dangerosité. Il en aurait fallu davantage pour décourager le Péruvien qui n’hésita pas à se lancer dans la bataille au cours d’une faena appréciée des étagères, hélas dévaluée par deux pinchazos avant entière. Mais c’est plus tard avec le cuarto que Roca allait nous gratifier d’une faena de grande musique avec plusieurs passages remarquables qui laissaient augurer d’un final apothéosique, d’autant plus qu’en amont, le public avait vibré sur une séquence de grande intensité lors d’un tercio de piques comme on n’en voit rarement.

En effet, sur le premier assaut, le cheval, pris en biais, se fit entrainer par le Jandilla sur une cinquantaine de mètres jusqu’au toril où faute d’avoir pu canaliser sa puissance et sa vitesse, son cavalier se trouva propulsé dans le callejón à grand fracas ! Un moment de grande émotion rarement vu… Après avoir brindé à son valet d’épée et comme évoqué plus haut, la faena comprit d’excellents moments et l’émotion était telle qu’on pouvait imaginer un excellent résultat pour Andrés, ainsi que pour le toro, une pétition d’indulto descendant même des gradins. Mais finalement le Péruvien monta l’épée… pour ensuite un authentique désastre avec le verdugo, voyant toutes ses chances de récompense fondre comme neige au soleil. Le tout se résumé à une vuelta pour Truchero, mais on aurait évidemment préféré un autre épilogue favorable aussi à Roca Rey. Pour une autre belle histoire, mais on sait combien le toreo peut nous réserver de belles surprises… comme aussi, hélas, de grandes déceptions !

Pablo Aguado était venu presque au pied levé remplacer Manzanares, le triomphateur de la dernière feria de Pentecôte et il nous gratifia de quelques passages bien dans le corte de l’école sévillane. Dès les premiers capotazos, on sentit bien son désir de justifier son emploi ici, et cette impression se confirma par la suite tout au long d’une faena administrée à un toro noble avec les arguments que son style enjolive. Bref, des échanges suaves, lents et profonds, qui ont enchanté les gradins, le Sévillan promenant deux oreilles lors d’une vuelta chaleureusement fêtée. A ce moment-là, on imaginait que Pablo saurait aller briguer par la suite, face au quinto, au moins une autre oreille qui lui ouvrirait la Porte des Consuls, mais comme la tauromachie n’est pas une science exacte, il ne put obtenir de récompense au terme d’une faena brindée à son ex-apoderado Luisito, son opposant donnant trop peu d’importance à ce qu’il faisait. Saluts après demi-épée…  

 

En matinée, novillada relevée par la belle performance de Victor qui lui aussi est reparti par la Porte des Consuls…

Beau temps, un quart d’arène environ. Six novillos des frères Gallon bien présentés, donnant un jeu varié, assez souvent justes de forces. Le cinquième se brisa son piton gauche contre un burladero et a été remplacé par un sobrero de la même ganadería.

 Javier Zulueta : saluts et silence.

Martín Morilla : silence aux deux.

Victor : oreille puis deux oreilles.

Félicitations à Victor Clauzel pour cette nouvelle sortie a hombros, avec le bémol des estocades, mais n’oublions pas que la novillada est encore une phase de l’apprentissage. Ce matin, le Saintois a une nouvelle fois étalé pas mal de gestes de classe à base notamment de toreo vertical et bien léché…

J’avoue que les deux novilleros venus d’outre-Pyrénées m’ont déçu. Certes, on pressent qu’ils ont eux aussi des arguments, mais globalement, ils n’ont été que trop rarement à la hauteur de leur réputation et l’enjeu…