Statue…
« Don Tancredo se yergue en el centro, relámpago de yeso… »
(Octavio Paz)
Tancredo López Martín naît à Valence en 1862 dans le quartier du Grao ; après avoir travaillé comme cordonnier et maçon, il tente sans succès l’aventure taurine, sous l’apodo de «Salerín».
En 1898 à Cuba, il voit un Mexicain, José María Vázquez «El Orizabeño» exécuter une suerte dont dit-on il mourut «practicándola en México».
La chose lui donne une idée ; partant de la constatation «que los morlacos que no han sido toreados, no llegaban nunca a arremeter contra los objetos inmóviles», Tancredo imagine les attendre à la sortie du toril, vêtu de blanc, le visage complètement poudré de blanc, juché sur un piédestal, simulant ainsi une statue.
Et l’idée marche.
La légende de Don Tancredo nait le mercredi 27 septembre 1899 dans les arènes de Valence lorsqu’il réalise pour la première fois «la estatua» devant un toro de Flores ; le toro atteignit le piédestal, le renifla et se dirigea vers l’autre côté du ruedo..
Tancredo fait un tabac.
Se présentant comme «El Rey del Valor, sugestionador de toros», il se produit en 1900 dans les arènes françaises et espagnoles dont Madrid le 30 décembre dans la plaza de toros de la calle Alcalá avec «Espantavivos», un toro de Trespalacios «que después se lidió para demostrar que era bravo ».
Il devient un héros populaire et des coplas le célèbrent :
« Don Tancredo, Don Tancredo
que en su vida tuvo miedo.
Don Tancredo es un barbián
Hay que ver a Don Tancredo
subido en su pedestal. ».
«L’hypnotiseur de toros» se joue la vie pour 500ptas même si «el 1 de enero de 1901 un toro de Miura se lo lleva por delante dándole una cornada » et si, le 23 juin 1901, à Madrid, un astado d’Anastasio Martín est à deux doigts de le tuer.
« Sufrió otros varios percances y el ministro La Cierva en 1908 llegó a prohibir su actuación. »
Beaucoup essayent de l’imiter ; entre autres, son épouse, María Alcaraz, «Doña Tancreda» qui se retire après la terrible cornada qu’elle subit en la plaza de Tetuán de las Victorias.
Et d’autres comme : «El Cojo Bonifa» , Manuel Álvarez «El Arrongatito» , «El Fideísta»…..
Des femmes aussi : Olga Miñón ou la française Mercedes Barta.
Don Tancredo meurt dans la misère le 3 octobre 1924 à l’hôpital provincial de Valence ; à cette occasion un humoriste dit de lui : « Era el primer albañil que había ganado dinero estando parado ».
La figure de Don Tancredo a inspiré des peintres comme Pablo Picasso dans sa « Tauromaquia » de 1957, des romanciers comme Pío Baroja dans son roman «La Busca», des acteurs comme Fernando Fernán Gómez qui l’a représenté dans le film « El inquilino » et le poète Luis López Anglada lui a dédié une “letrilla desangelada” :
« Fantasmón de cal y arena…
Blanco sin pena ni gloria
que no dejó más memoria
de sí que una estatua al miedo
Don Tancredo”.
« Si le 20ème siècle a commencé pour les Français avec la tour Eiffel, pour les Espagnols ce fut avec Don Tancrède » écrivit José Bergamín.
Datos
La suerte del pedestal ; ejecución :
Don Tancredo esperaba al toro a la salida de chiqueros, subido sobre un pedestal situado en mitad del coso taurino. El mérito consistía en quedarse quieto, ya que el saber de la tauromaquia afirmaba que al quedarse inmóvil, el toro creía que la figura blanca era de mármol y no la embestía, convencido de su dureza…
Patrice Quiot