A propos de Morante…
Je ne suis ni moraliste de la corrida, ni Morantiste, surtout dans ses périodes correspondant à la phase dépressive de sa sévère bipolarité avérée.
Il est très malade, ayant subi dernièrement une bonne douzaine de séances d’électrochocs, tellement il est dépressif.
Il s’est pourtant livré hier, oubliant son corps pour l’offrir à la parade de l’afición autant qu’aux cornes de son adversaire devenu partenaire de triomphe
Dieu sait si je l’ai combattu, de tous côtés, uniquement dans le registre toromachique, mais force est de reconnaitre qu’hier il a été la Figura des Figourasses.
On peut ne pas l’accepter, mais ne pas le reconnaitre serait nier une simple évidence. Il nous restera du temps pour lui combattre ses moments négatifs, mais gardons en mémoire ceux, inouïs voire himalayesques, qu’il nous a laissés hier, en plus avec un quatrième exemplaire de Garcigrande – dépourvu de qualités -, auquel il a quand même coupé deux oreilles madrilènes. Nous savons bien tous que cette distinction n’est jamais délivrée par gentillesse, ni par tradition, ni par protection ; mais de ma vie d’aficionado, jamais je n’ai vu une arène aussi blanche de mouchoirs pour demander le second pavillon affiché immédiatement au palco. Là aussi, le nier serait mentir. On peut ne pas aimer l’homme, ses états d’âme et ce qu’il représente dans le mundillo, mais nier le torero serait une monstruosité que je laisse à ceux qui sont encore plus de mauvaise foi que je ne peux l’être dans mes pires moments.
Heureusement, l’émotion saine dépasse souvent la critique brute.
Laissons-la nous y emporter viscéralement pour ces rares moments historiques.
Olé Maestro…
Denis Guermonprez