Bientôt…
Bientôt
Hissé.
Par un palan à chaine.
Bientôt.
Pendu.
Par les sabots arrière.
Bientôt.
Dans l’outrance de sa position.
De sujet des tribunaux de l’Inquisition.
Il occupera.
Encore.
Tout l’espace.
Et fera.
D’un lieu d’équarrissage.
Un Golgotha de dévotion.
Bientôt.
Long, mat.
Et fin.
Il sera.
Presque plus grand.
Qu’avant.
Les cornes.
Encore.
Terrifiantes.
Les muscles.
Sourdant.
Sous la peau.
Et le poil.
Aux reflets.
De soie bleue.
Diront
Encore.
Sa destination.
Avec le garrot.
Et l’épaule d’écarlate.
Qui le confirmeront.
Quand seuls les yeux.
Attesteront.
Du contraire.
Corps splendide.
Bientôt.
Objet de dépeçage.
Semblable.
A beaucoup de ceux.
De son ordre.
Il retournera.
Ainsi.
A la destination bouchère.
A laquelle.
Son état d’animal.
L’assigne.
Bientôt.
Autour de lui des hommes en blanc.
S’activeront.
Habiles.
Dans leur office.
Les lames trancheront.
La précision des gestes
Étourdira.
Le terrible de la chose.
Et fera d’une activité marchande.
Un spectacle.
Aux relents d’interdit.
Bientôt.
La chair entaillée rendra acre.
L’air du soir.
Les tabliers.
Et bottes de plastique blanc.
Iront et viendront autour de lui.
L’eau.
Dispersera.
Le sang.
Bientôt.
Le cœur sera de gueules héraldique, les poumons blancs.
Et l’intestin de nacre.
L’enfoui.
Des secrets de sa race.
Sera livré aux regards indiscrets.
Et la pisse fumante.
Ruissellera.
Vers l’égout.
Bientôt.
La beauté.
Deviendra carcasse.
Obscène.
Dans sa nudité.
Dévoilée.
Mais expressive.
Comme un Christ.
Sur la croix.
Et avant que.
Les camions frigorifiques.
L’emportent.
Au-delà.
Des bravos.
De l’admiration.
Et plus encore.
Au-delà.
Des fleurs printanières du campo.
Bientôt.
Il ne restera.
De lui que son hideux écorché…
Patrice Quiot
