Comme une fantasmagorie taurino-shakespearienne… (3
Hernia et Elena se désespéraient des conséquences malheureuses de l’onguent administré par Puck et songeaient déjà à faire leur despedida des ruedos de l’amour pour rentrer au couvent des sœurs Clarisses de Regina Coeli à Sanlúcar du Barrameda et vendre des bizcochos esponjosos aux pèlerins.
Quant à Puck, qui n’aimait pas le théâtre et qui à la lecture de Lope de Vega préférait celle de «Mortadel et Filémon» et à Euripide «Hola» ou «Diez Minutos», il ne supportait pas les pitreries de Bottom qui lui rappelaient en beaucoup moins bien celles des «Bomberos Toreros». Aussi, il affubla le comédien raté d’une tête d’âne et le sortilège marcha si bien que ce pobresito de Bottom devint âne, avec le poil, les oreilles et tout le toutim de celui de la crèche.
S’étant confié de la chose à Obero, le roi lui dit « Eso me gusta mucho ; sigue asi » et pour se venger de Titiana contre laquelle il avait une vieille dent, il ordonna à son mozo de profiter du sommeil de la reine idiote pour lui appliquer la potion magique sur les paupières avec pour effet de la rendre amoureuse de la première créature qu’elle verrait à son réveil.
Puck exécuta l’ordre de son maitre et quand Titiana ouvrit les yeux, elle eut en face d’elle ni Apollon, fils de Zeus et de Léto, ni Robert Redford, fils du laitier Charles Robert Redford Sr, ni Manzanares fils éponyme de celui né à Alicante le 14 avril 1953, mais Bottom version bourricot.
Susto grande.
Mais Obero, roi gentil, magnanime et muy buena persona pardonna à l’idiote et arrangea le coup à tout le monde.
Ce qui fit que Bottom redevint Bottom, que Titiana n’eut pas à se faire le burro, que Lisandro devenu accro aux «Who» put épouser Hernia et que Demetrio préféra la grâce d’Elena à la tactique du 4/2/4 à un point tel qu’il convolât avec elle.
Et quand l’aube se leva sur Hyde Park, le bon roi demanda à la troupe de jouer «Pyrame et Thisbé» à la gloire des jeunes novis.
Tandis qu’à Athènes, sur l’Agora, Démosthène «El Tartamudo» racontait la fin du conte merveilleux aux pékins en toge qui l’écoutaient…
Patrice Quiot
