Quand Patrice m’a appelé ce lundi matin au saut du lit pour m’apprendre la détestable nouvelle, j’ai cru que je sortais d’un mauvais rêve. Hélas, la réalité venait de me rattraper et il a bien fallu se rendre à l’évidence.

Depuis, tous ses amis sont dévastés, et Dieu sait s’il en avait, le gentil et talentueux Antoine qui nous laisse pour le souvenir une œuvre colorée comme la palette des plus grands peintres d’où ressort le plus souvent un humour bien senti, des passages de grandes portes où le stylo fait place aux oreilles.

Bref, un statut d’intellectuel éclairé au travers d’une littérature reconnaissable à la vision acérée d’un fin observateur qui par son souci du détail reflète nos comportements, nos passions et parfois nos errances. Tout ce qui nous renvoie finalement vers notre attrait pour une culture populaire, diverse, accessible pour tous, et tellement vraie.

Si ce n’est déjà fait, en souvenir d’Antoine, lauréat notamment du Prix Hemingway, n’hésitez pas à vous plonger dans la lecture de quelques monuments qu’il nous a laissés en partage, comme Fous de Ferias, Fous de Fêtes Votives, Juin de Culasse, Produits carnés, Le frère de Perez, Le sapeur Pompée, El Nino, Le chauffe-eau, etc… Et bien sûr, Hercules 1959, qui, ironie du mauvais sort, va être proposé par les Editions Au Diable Vauvert…

Aujourd’hui, à Vauvert, même le Diable le pleure…

Ce soir, je pense très fort à Yannick et Manu, mais aussi à tous ceux qui autour d’eux sont anéantis par la disparition d’un tel « figurón ». QDEP…

am05h

Avec son autorisation, je ne résiste pas à l’envie de reproduire un message d’Yves Charnet, écrivain, poète, professeur, aficionado, grand humaniste et j’en passe, qui sur la toile a évoqué le départ de son ami…

La délicatesse & le talent

Apprendre une aussi triste nouvelle un jour & une heure où nous aurions dû sortir des arènes d’Arles, après la dernière corrida de la première feria, avec cette mélancolie si particulière à la fin des fêtes et à la fuite de tou-t-e-s celles & ceux qui, n’étant pas du coin, laissaient la ville quasi vide après le tumulte anisé des jours & des nuits… le sourire de sa moustache malicieuse, la chaleur amicale de sa voix légèrement enrouée & rieuse… Je me souviens de sa délicatesse pleine de tact, lors des férias 2009 & 2010, où j’apprenais à retrouver en solo mon Augustin de fils, après les déchirures du divorce, quand Antoine Martin nous croisait dans les rues, les bars, les bodegas de Nîmes ou Arles nous qui, en ce temps-là, étions plutôt de la bande à Durand Jacques, le Blondin des toros…

« Il est vraiment gentil, Antoine », disait le petit pianiste aux Get 27 clandestins… « Oui, très gentil »…C’était aussi un écrivain très talentueux… et un compagnon délicieusement espiègle…

Je pense très fort à Marion Mazauric, ce soir… son éditrice & amie… C’est vraiment de la  merde, 2020+1… La mort est mauvais torero… certains soirs de débâcle…

Bien entendu, si señor, je valide…

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